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Rapport mondial sur la violence et la santé

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104 . RAPPORT MONDIAL SUR LA VIOLENCE ET LA SANTÉcontexte d’une re<strong>la</strong>tion suivie violente (22–25).Ce<strong>la</strong> contraste fortement avec <strong>la</strong> situation deshommes victimes de meurtre. Aux Etats-Unis, parexemple, seuls 4 % des hommes assassinés entre1976 <strong>et</strong> 1996 ont été tués par leur épouse, exépouseou p<strong>et</strong>ite amie (26). En Australie, entre1989 <strong>et</strong> 1996, le chiffre était de 8,6 % (27).Dans différents pays, des facteurs culturels <strong>et</strong> <strong>la</strong>disponibilité d’armes définissent les profils desmeurtres commis par des partenaires intimes. AuxEtats-Unis, plus de femmes sont tuées par balle quepar tous les autres types d’armes combinés(28). EnInde, les armes à feu sont rares, mais il est courantque des femmes soient battues à mort ou tuées parle feu. Souvent, <strong>la</strong> femme est arroséedekérosène <strong>et</strong>sa mort est présentée comme un « accident decuisine ». Les responsables de <strong>la</strong> santé publiqueindiens soupçonnent que bon nombre de meurtresde femmes se cachent dans les statistiques officiellesde « brûlures accidentelles ». Une étude réalisée aumilieu des années 1980 conclut que, parmi lesfemmes âgées de 15 à 44 ans de <strong>la</strong> métropole deBombay <strong>et</strong> d’autres zones urbaines de l’Etat duMaharashtra, un décès <strong>sur</strong> cinq est c<strong>la</strong>ssé sous« brûlures accidentelles » (29).Conceptions traditionnelles del’honneur masculinDans bien des endroits, l’idée que l’on se fait del’honneur masculin <strong>et</strong> de <strong>la</strong> chast<strong>et</strong>é féminine m<strong>et</strong> <strong>la</strong>vie des femmes en danger (voir également lechapitre 6). Par exemple, dans certaines régions de<strong>la</strong> Méditerranée orientale, l’honneur de l’hommeest souvent lié à <strong>la</strong> « pur<strong>et</strong>é » sexuelle des femmesde sa famille telle qu’elle est perçue. Si une femmeest « souillée » sexuellement, que ce soit en étantviolée ou en ayant volontairement des re<strong>la</strong>tionssexuelles en dehors du mariage, on considèrequ’elle salit l’honneur de <strong>la</strong> famille. Or, danscertaines sociétés, <strong>la</strong> seule façon de <strong>la</strong>ver l’honneurfamilial, c’est de tuer <strong>la</strong> « coupable », qu’il s’agissed’une femme ou d’une jeune fille. Une étude desdécès de femmes imputables à des meurtres dans <strong>la</strong>ville d’Alexandrie, en Egypte, conclut que 47 % desfemmes sont tuées par un parent après avoir étévictimes de viol (30).La dynamique de <strong>la</strong> <strong>violence</strong> exercéepar le partenaireIl ressort de <strong>la</strong> recherche effectuée dernièrementdans des pays industrialisés que les formes de<strong>violence</strong> exercée par le partenaire ne sont pas lesmêmes pour tous les couples qu’opposent desconflits violents. Il semble y avoir au moins deuxschémas (31, 32):. Une forme de <strong>violence</strong> croissante <strong>et</strong> gravecaractérisée par de multiples formes de <strong>violence</strong>,d’actes visant à terroriser <strong>et</strong> de menaces,<strong>et</strong> par un comportement de plus en pluspossessif <strong>et</strong> autoritaire de <strong>la</strong> part de l’agresseur.. Une forme plus modérée de <strong>violence</strong> re<strong>la</strong>tionnelle,où l’exaspération <strong>et</strong> <strong>la</strong> colère continuesdégénèrent parfois en agression physique.D’après les chercheurs, les enquêtes communautairesconviennent mieux pour détecter <strong>la</strong> deuxièmeforme plus modérée de <strong>violence</strong>, aussi appelée« <strong>violence</strong> conjugale courante », que <strong>la</strong> premièreforme, que l’on qualifie de <strong>violence</strong> grave. Ce<strong>la</strong>explique sans doute pourquoi les enquêtes communautaires<strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>violence</strong> effectuées dans les paysindustrialisés trouvent souvent des preuves substantiellesd’agressions physiques commises par desfemmes, quand bien même l’immense majorité desvictimes portées à l’attention des fournisseurs deservices (dans les refuges, par exemple), de <strong>la</strong> policeou des tribunaux sont des femmes. Bien que desdonnées provenant de pays industrialisés prouventque des femmes participent à <strong>la</strong> <strong>violence</strong> conjugalecourante, il n’y a guère d’indication qu’ellessoum<strong>et</strong>tent les hommes au même type de <strong>violence</strong>croissante <strong>et</strong> grave que l’on voit souvent dans leséchantillons cliniques de femmes battues (32, 33).De même, <strong>la</strong> recherche donne à penser que lesconséquences de <strong>la</strong> <strong>violence</strong> exercée par lepartenaire diffèrent entre hommes <strong>et</strong> femmes, toutcomme les raisons de c<strong>et</strong>te <strong>violence</strong>. Il ressortd’études réalisées au Canada <strong>et</strong> aux Etats-Unis queles femmes risquent bien plus que les hommesd’être blessées pendant les agressions commises pardes partenaires intimes <strong>et</strong> qu’elles sont victimes deformes de <strong>violence</strong> plus graves (5, 34–36). AuCanada, les femmes victimes de <strong>la</strong> <strong>violence</strong> d’unpartenaire risquent trois fois plus d’être blessées,

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