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Rapport mondial sur la violence et la santé

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CHAPITRE 4. LA VIOLENCE EXERCÉE PAR DES PARTENAIRES INTIMES . 111d’autres facteurs qui accompagnent <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é,comme le <strong>sur</strong>peuplement ou le désespoir. Chezcertains hommes, vivre dans <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é éveilleprobablement le stress, l’exaspération <strong>et</strong> un sentimentde médiocrité, car ils ont l’impression de nepas être à <strong>la</strong> hauteur du rôle de pourvoyeur que leurimpose <strong>la</strong> culture. Il se peut aussi que <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>ésoit le point de départ de désaccords conjugaux ouqu’elle fasse que les femmes ont plus de mal à sortirde re<strong>la</strong>tions violentes ou par ailleurs insatisfaisantes.Quels que soient les mécanismes précis, il estprobable que <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é serve de « marqueur »dans diverses situations sociales qui, conjuguées,accroissent le risque auquel les femmes sontconfrontées (55).La réaction de <strong>la</strong> communauté à <strong>la</strong> <strong>violence</strong> contreles partenaires influe sans doute <strong>sur</strong> les niveauxgénéraux de <strong>violence</strong> dans celle-ci. Dans une étudecomparative de 16 sociétés présentant des taux faiblesou élevés de <strong>violence</strong> contre les partenaires, Counts,Brown & Campbell concluent que les sociétés quiaffichent les plus faibles taux de <strong>violence</strong> contre lespartenaires sont celles où des sanctions communautairess’appliquent contre ce type de <strong>violence</strong> <strong>et</strong> où lesfemmes maltraitées peuvent se réfugier dans descentres spécialisés oubénéficient du soutien de leurfamille (73). Les sanctions, ou les interdits, communautairesprennent <strong>la</strong> forme de sanctions judiciairesformelles ou de pressions morales qui incitent lesvoisins à intervenir lorsqu’une femme est battue. Cecadre de « sanctions <strong>et</strong> refuge » conduit à l’hypothèseque <strong>la</strong> <strong>violence</strong> à l’encontre des partenaires serasupérieure dans les sociétésoù<strong>la</strong> condition féminineest dans une phase transitoire. Lorsque les femmes ontun très faible statut, <strong>la</strong> <strong>violence</strong> n’est pas « nécessaire »pour asseoir l’autorité masculine. En revanche, quandles femmes ont un statut élevé, elles auront probablementassez de pouvoir collectivement pourchanger les rôles assignés traditionnellement àchacun des sexes. Donc, <strong>la</strong> <strong>violence</strong> à l’encontre despartenaires atteint habituellement son paroxysmelorsque les femmes commencent à assumer des rôlesnon traditionnels ou qu’elles entrent dans le mondedu travail.Plusieurs autres facteurs communautaires ont étéavancés comme influant sans doute de façongénérale <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>violence</strong> à l’encontre des partenaires,mais peu d’entre eux ont été éprouvés de manièreempirique. Des données sont recueillies <strong>sur</strong> plusieursfacteurs communautaires dans le cadre d’uneétude continue menée dans huit pays sous l’égide del’Organisation <strong>mondial</strong>e de <strong>la</strong> Santé (Bang<strong>la</strong>desh,Brésil, Japon, Namibie, Pérou, Samoa, Thaï<strong>la</strong>nde <strong>et</strong>République-Unie de Tanzanie), afin d’examinerleur re<strong>la</strong>tion éventuelle avec <strong>la</strong> <strong>violence</strong> à l’encontredes partenaires. Ces facteurs sont les suivants :. Taux d’autres crimes avec <strong>violence</strong>.. Capital social (voir chapitre 2).. Normes sociales re<strong>la</strong>tives au respect de <strong>la</strong> vieprivée familiale.. Normes communautaires re<strong>la</strong>tives à l’autoritémasculine <strong>sur</strong> les femmes.L’étude éc<strong>la</strong>irera <strong>sur</strong> <strong>la</strong> contribution re<strong>la</strong>tive desfacteurs individuels <strong>et</strong> communautaires aux taux de<strong>violence</strong> contre les partenaires.Facteurs sociétaux <strong>et</strong> culturelsLes monographies interculturelles cernent uncertain nombre de facteurs culturels <strong>et</strong> sociétauxqui peuvent alimenter <strong>la</strong> <strong>violence</strong>. Ainsi, ens’appuyant <strong>sur</strong> l’analyse statistique de données<strong>et</strong>hnographiques codées venant de 90 sociétés,Levinson examine les schémas culturels de <strong>la</strong>brutalité conjugale <strong>et</strong>, plus précisément, les facteursqui distinguent constamment les sociétés oùil estcourant de battre sa femme de celles où c<strong>et</strong>tepratique est rare ou inexistante (74). L’analyse deLevinson donne à penser que <strong>la</strong> brutalité conjugalese produit plus souvent dans les sociétés oùleshommes détiennent le pouvoir économique <strong>et</strong>décisionnel dans le ménage, où il est difficile auxfemmes de divorcer, <strong>et</strong> où les adultes recourentcouramment à <strong>la</strong> <strong>violence</strong> pour résoudre leursconflits. L’absence de groupes de travail composésuniquement de femmes est le deuxième prédicteuren importance dans c<strong>et</strong>te étude <strong>sur</strong> <strong>la</strong> fréquence de<strong>la</strong> brutalité conjugale. Levinson avance l’hypothèsesuivante : l’existence de groupes de travail fémininsprotège contre <strong>la</strong> brutalité conjugale parce que cesgroupes confèrent aux femmes une source stable desoutien social ainsi qu’une indépendance économiquepar rapport à leur époux <strong>et</strong> à leur famille.

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