20.07.2015 Views

Rapport mondial sur la violence et la santé

Rapport mondial sur la violence et la santé

Rapport mondial sur la violence et la santé

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CHAPITRE 7. LA VIOLENCE DIRIGÉE CONTRE SOI-MÊME . 217qui ont des liens sociaux solides avec autrui (95–98). Aprèsledécès d’un être cher, par exemple, unepersonne peut tenter de se suicider si son procheentourage ne <strong>la</strong> soutient pas assez pendant son deuil.Dans une étude comparative du comportementsocial de groupes de personnes qui avaient attenté àleurs jours, de personnes dont le suicide avait abouti<strong>et</strong> de personnes mourant de causes naturelles, Maris(99) conclut que celles qui ont mis fin à leurs joursavaient moins participé à l’organisation sociale,n’avaient souvent pas d’amis <strong>et</strong> s’étaient r<strong>et</strong>iréesprogressivement de re<strong>la</strong>tions interpersonnelles jusqu’àun état de total isolement social. Les étudesd’autopsie psychologique montrent que le r<strong>et</strong>raitsocial précède souvent l’acte suicidaire (99). C’estaussi ce qui ressort d’une étude de Negron <strong>et</strong> al.(100), concluant que les personnes qui font un<strong>et</strong>entative de suicide risquent plus de s’isoler pendant<strong>la</strong> phase suicidaire aiguë que celles qui ont uneidéation suicidaire. Wenz (101) cite l’anomie – lesentiment d’aliénation par rapport à <strong>la</strong> société causépar l’absence perçue de cadre de soutien social –comme facteur du comportement suicidaire chez lesveuves, parallèlement à l’isolement social attendu <strong>et</strong>réel. L’isolement social est souvent cité commefacteur contributif en ce qui concerne l’idéationsuicidaire chez les personnes âgées (102, 103). Uneétude des tentatives de suicide chez les jeunes demoins de 16 ans qui avaient été orientés vers unhôpital général conclut que les problèmes sousjacentsles plus fréquents dans ce type de comportementsont les rapports difficiles avec les parents, lesproblèmes avec les amis <strong>et</strong> l’isolement social (104).Facteurs sociaux <strong>et</strong> environnementauxLa recherche a permis de cerner plusieurs facteursenvironnementaux <strong>et</strong> sociaux importants liés aucomportement suicidaire. Il s’agit d’éléments aussidivers que l’existence d’un moyen de se suicider, lelieu de résidence de <strong>la</strong> personne, le fait qu’ell<strong>et</strong>ravaille ou pas, sa situation économique, son statutd’immigré <strong>et</strong> sa religion.Méthode choisieLa méthode choisie pour attenter à ses joursdéterminera, entre autres, si le comportementsuicidaire est fatal ou pas. Aux Etats-Unis, desarmes à feu sont utilisées dans les deux tiers dessuicides environ (105). Dans d’autres régions dumonde, <strong>la</strong> pendaison est plus commune, suivie parl’utilisation d’une arme à feu, le saut d’une hauteur<strong>et</strong> <strong>la</strong> noyade. En Chine, l’intoxication aux pesticidesest <strong>la</strong> méthode <strong>la</strong> plus courante (106, 107).Au cours des deux dernières décennies, danscertains pays, comme l’Australie, on note une n<strong>et</strong>teaugmentation du nombre des suicides par pendaison,<strong>sur</strong>tout chez les jeunes, qui s’accompagned’une baisse correspondante dans l’utilisationd’armes à feu (108). En général, les personnesâgées choisissent des méthodes qui demandentmoins de force physique, comme se noyer ousauter d’une hauteur, ce que l’on remarqueparticulièrement dans <strong>la</strong> RAS de Hong Kong, enChine, <strong>et</strong> à Singapour (18). Presque partout, lesfemmes ont tendance à adopter des méthodes « plusdouces » – par exemple, une consommationexcessive de médicaments –, tant dans les tentativesde suicide fatales que non fatales (35). L’autoimmo<strong>la</strong>tionpratiquée en Inde constitue uneexception notable.D’autres facteurs que l’âge <strong>et</strong> le sexe peuventinfluer <strong>sur</strong> le choix de <strong>la</strong> méthode de suicide. AuJapon, par exemple, on continue de voir des casd’auto-éviscération traditionnelle à l’aide d’unsabre (aussi connue sous le nom de hara-kiri). I<strong>la</strong>rrive aussi que l’on s’inspire d’une méthode desuicide, <strong>sur</strong>tout chez les jeunes fascinés par le décèsd’une célébrité (109–111). La détermination d’unepersonne à s’ôter <strong>la</strong> vie est habituellement enrapport avec <strong>la</strong> méthode choisie. Ainsi, des personnesâgées expriment généralement plus dedétermination que d’autres à mourir <strong>et</strong> ellesutilisent des méthodes plus violentes – comme dese tuer par balle, en sautant d’une hauteur ou en sependant – avec lesquelles il y a moins de chancesqu’on les sauve (112).Différences entre les zones urbaines <strong>et</strong> ruralesLes disparités sont souvent grandes entre les taux desuicides dans les zones urbaines <strong>et</strong> des zones rurales.En 1997, aux Etats-Unis, par exemple, le district deManhattan, à New York, a enregistré 1 372 suicides,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!