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Rapport mondial sur la violence et la santé

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178 . RAPPORT MONDIAL SUR LA VIOLENCE ET LA SANTÉà s’attaquer à des enfants plus tard dans <strong>la</strong> vie (134).Ces expériences peuvent déboucher <strong>sur</strong> un schémade comportement où l’homme justifie régulièrementsa <strong>violence</strong>, nie mal agir <strong>et</strong> a des idées fausses<strong>et</strong> malsaines <strong>sur</strong> <strong>la</strong> sexualité.Des liens ont été établis entre le fait de grandirdans un milieu où règne <strong>la</strong> <strong>violence</strong> physique, oùl’on est privé de soutien affectif <strong>et</strong> où l’on se disputedes ressources limitées, d’une part, <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>violence</strong>sexuelle, d’autre part (105, 126, 131, 135). Ainsi,un lien a été établi entre le comportement sexue<strong>la</strong>gressif de jeunes gens <strong>et</strong> le fait d’avoir été témoin de<strong>violence</strong> familiale <strong>et</strong> d’avoir un père distant <strong>sur</strong> lep<strong>la</strong>n affectif <strong>et</strong> indifférent (126, 131). Les hommesqui ont grandi dans une famille aux structures trèspatriarcales risquent plus également de devenirviolents, de comm<strong>et</strong>tre des viols, d’utiliser <strong>la</strong>coercition sexuelle contre des femmes <strong>et</strong> demaltraiter leurs partenaires intimes que des hommesélevés dans des foyers plus égalitaires (105).Honneur familial <strong>et</strong> pur<strong>et</strong>é sexuelleLa réaction de <strong>la</strong> famille à <strong>la</strong> <strong>violence</strong> sexuelle,quand celle-ci en rend les femmes responsables sanspunir les hommes, se concentrant au lieu de ce<strong>la</strong> <strong>sur</strong>le fait de rétablir l’honneur familial « perdu », estun autre facteur re<strong>la</strong>tif aux re<strong>la</strong>tions sociales. C<strong>et</strong>ype de réaction crée un environnement où unhomme peut comm<strong>et</strong>tre un viol en toute impunité.Les familles essaient souvent de protéger leursfemmes contre le viol <strong>et</strong> il arrive aussi qu’ellesfassent prendre des contraceptifs à leurs filles pourempêcher que <strong>sur</strong>viennent des signes visibles, sijamais elles en sont victimes (136), mais il est rareque des pressions sociales s’exercent vraiment pourque l’on contrôle les jeunes gens ou pour lesconvaincre qu’il est mal d’imposer des rapportssexuels par <strong>la</strong> force. En fait, dans certains pays, onsoutient souvent les membres de <strong>la</strong> famille pourqu’ils fassent le nécessaire, y compris en recourantau meurtre, pour <strong>la</strong>ver <strong>la</strong> « honte » associée au violou à d’autres transgressions sexuelles. Lors d’unexamen de tous les crimes d’honneur commis enJordanie en 1995 (137), les chercheurs ontconstaté que, dans plus de 60 % des cas, <strong>la</strong> victimemourait tuée par plusieurs balles, le plus souventtirées par un frère. Lorsque <strong>la</strong> victime était unefemme célibataire enceinte, le meurtrier était soitacquitté soit condamné à une sentence réduite.Même si <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é explique souvent lesmariages d’enfants, des facteurs tels que le maintiende <strong>la</strong> pur<strong>et</strong>é sexuelle d’une jeune fille <strong>et</strong> saprotection contre des re<strong>la</strong>tions sexuelles prémaritales,une infection par le VIH <strong>et</strong> des avancessexuelles importunes sont également des raisonscommunément données par les familles pourjustifier ces unions (100).Facteurs communautairesPauvr<strong>et</strong>éLa pauvr<strong>et</strong>é est liéeà<strong>la</strong> fois à <strong>la</strong> <strong>violence</strong> sexuelle ellemême<strong>et</strong> au risque d’en être victime. Plusieursauteurs affirment que le lien entre <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> <strong>la</strong>perpétration de <strong>la</strong> <strong>violence</strong> sexuelle s’établit par lebiais de formes de crises de l’identité masculine (95,112, 138–140). Par<strong>la</strong>nt de <strong>la</strong> vie dans East Harlem, àNew York, aux Etats-Unis (138), Bourgois expliquecomment les jeunes gens sentent peser <strong>sur</strong> eux desmodèles « positifs » de masculinité <strong>et</strong> de structurefamiliale qui se transm<strong>et</strong>tent de génération engénération, ainsi que des idéaux contemporains enmatière de virilité où <strong>la</strong> consommation matérielleoccupe une grande p<strong>la</strong>ce. Pris au piège dans leursquartiers insalubres, sans guère de possibilitésd’emploi, il est peu probable qu’ils soient à <strong>la</strong>hauteur de ces modèles ou qu’ils répondent auxattentes en matière de « réussite » masculine. Lesidéaux quant à <strong>la</strong> masculinité sont donc redéfinis demanière à m<strong>et</strong>tre l’accent <strong>sur</strong> <strong>la</strong> misogynie, <strong>sur</strong> <strong>la</strong>toxicomanie <strong>et</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> participation à des crimes(138), à quoi s’ajoutent aussi souvent <strong>la</strong> xénophobie<strong>et</strong> le racisme. Les viols collectifs <strong>et</strong> les conquêtessexuelles sont normalisés, les hommes r<strong>et</strong>ournantleur agressivité contre les femmes qu’ils ne peuventplus dominer <strong>sur</strong> un mode patriarcal ou faire vivre<strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n économique.Milieu matériel <strong>et</strong> socialOn a généralement peur d’être violé en dehors dechez soi (141, 142), mais l’immense majorité desactes de <strong>violence</strong> sexuelle se produisent en fait dansle foyer de <strong>la</strong> victime ou de l’agresseur. Cependant,

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