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Rapport mondial sur la violence et la santé

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CHAPITRE 4. LA VIOLENCE EXERCÉE PAR DES PARTENAIRES INTIMES . 115Chicago, dans l’Illinois, aux Etats-Unis, que lesfemmes ayant des antécédents de <strong>violence</strong> familialerisquent plus de se r<strong>et</strong>rouver au chômage parmoment, de changer souvent d’emploi <strong>et</strong> d’avoirplus de problèmes de santé physique <strong>et</strong> mentale quipeuvent influer <strong>sur</strong> leur performance professionnelle.Leur revenu personnel est également inférieur<strong>et</strong> il est beaucoup plus probable qu’ellesbénéficient de l’aide sociale que les femmes qui nefont pas état d’antécédents de <strong>violence</strong> familiale(143). De même, une étude réaliséeàManagua, auNicaragua, conclut que les femmes maltraitéesgagnent 46 % de moins que celles qui déc<strong>la</strong>rent nepas être victimes de <strong>violence</strong> <strong>et</strong> ce, même aprèsavoir vérifié que d’autres facteurs n’influent pas <strong>sur</strong>les gains (139).Incidence <strong>sur</strong> les enfantsLes enfants sont souvent présents pendant lesaltercations conjugales. Dans une étude réalisée enIr<strong>la</strong>nde (62), 64 % des femmes maltraitées déc<strong>la</strong>rentque leurs enfants sont souvent témoins de <strong>la</strong><strong>violence</strong> <strong>et</strong>, dans une autre étude réalisée àMonterrey, au Mexique, 50 % des femmes victimesde <strong>violence</strong> font <strong>la</strong> même déc<strong>la</strong>ration (11).Les enfants témoins de <strong>violence</strong> conjugalerisquent plus de connaître tout un éventail deproblèmes de comportement, y compris l’angoisse,<strong>la</strong> dépression, les mauvais résultats sco<strong>la</strong>ires, <strong>la</strong> faibleestime de soi, <strong>la</strong> désobéissance, les cauchemars <strong>et</strong> lesp<strong>la</strong>intes à propos de <strong>la</strong> santé physique (9, 144–146).De fait, d’après des études nord-américaines, lesenfants témoins de <strong>violence</strong> entre leurs parentsmanifestent souvent les mêmes troubles comportementaux<strong>et</strong> psychologiques que les enfants euxmêmesvictimes de <strong>violence</strong> (145, 147).Des faits récents donnent à penser que <strong>la</strong> <strong>violence</strong>influe également <strong>sur</strong> <strong>la</strong> mortalité infantile de façondirecte ou indirecte (148, 149). A León, auNicaragua, les chercheurs ont conclu, après avoirvérifié s’il existait d’autres facteurs de confusion,que les enfants de femmes victimes de <strong>violence</strong>physique <strong>et</strong> sexuelle infligée par un partenairerisquaient six fois plus que les autres de mouriravant l’âge de 5 ans. La <strong>violence</strong> exercée par lepartenaire explique jusqu’au tiers des décès d’enfantsdans c<strong>et</strong>te région (149). Il ressort d’une autreétude réalisée dans les Etats indiens du Tamil Nadu<strong>et</strong> de l’Uttar Pradesh que les femmes battuesrisquent plus que les autres de perdre un tout jeuneenfant ou d’avoir une interruption de grossesse(avortement, fausse couche ou mortinaissance) <strong>et</strong>ce, même après avoir vérifié s’il existe desprédicteurs établis de <strong>la</strong> mortalité infantile tels quel’âge de <strong>la</strong> femme, son niveau d’instruction <strong>et</strong> lenombre de grossesses précédentes ayant donné lieuà une naissance vivante (148).Que peut-on faire pour prévenir <strong>la</strong><strong>violence</strong> entre partenaires intimes?La majorité des travaux effectués àce jour <strong>sur</strong> <strong>la</strong><strong>violence</strong> à l’encontre des partenaires l’ont été àl’initiative d’organisations féminines, parfois avecdes fonds <strong>et</strong> une aide des pouvoirs publics. Quandces derniers s’investissent, comme en Australie, enAmérique <strong>la</strong>tine, en Amérique du Nord <strong>et</strong> danscertaines régions de l’Europe, c’est généralementparce que <strong>la</strong> société civile réc<strong>la</strong>me des me<strong>sur</strong>esconstructives. En général, <strong>la</strong> première vague deme<strong>sur</strong>es comprenait des éléments de réformejudiciaire <strong>et</strong> de formation de <strong>la</strong> police ainsi que <strong>la</strong>création de services spécialisés pour les victimes.Quantité de pays ont maintenant adopté des lois <strong>sur</strong><strong>la</strong> <strong>violence</strong> familiale, mais beaucoup de responsablesne sont toujours pas au courant des nouvelles lois oune veulent tout simplement pas les appliquer.Souvent, les fonctionnaires, de justice <strong>et</strong> police,par exemple, ont les mêmes préjugés que le reste de<strong>la</strong> société. L’expérience a montré maintes fois quesans efforts constants pour changer <strong>la</strong> culture <strong>et</strong> lespratiques institutionnelles, <strong>la</strong> plupart des réformespolitiques <strong>et</strong> judiciaires n’ont guère d’eff<strong>et</strong>.Malgré plus de 20 ans de militantisme contre <strong>la</strong><strong>violence</strong> à l’égard des femmes, très peu d’interventionsont été rigoureusement évaluées. De fait, ilressort de l’examen récent de programmes visant àprévenir <strong>la</strong> <strong>violence</strong> familiale aux Etats-Uniseffectué par le National Research Council queseules 34 études ont cherché à évaluer lesinterventions re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> <strong>violence</strong> à l’encontredes partenaires. Sur ces 34 études, dix-neufportaient <strong>sur</strong> l’application de <strong>la</strong> loi, ce qui reflète

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