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Rapport mondial sur la violence et la santé

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CHAPITRE 4. LA VIOLENCE EXERCÉE PAR DES PARTENAIRES INTIMES . 117semble, à voir certaines données, que les unitésspécialisées <strong>et</strong> les réformes globales des services depolice, des services du procureur <strong>et</strong> des tribunauxspécialisés ont permis d’améliorer le sort desfemmes <strong>et</strong> des enfants maltraités. » (150).Des expériences simi<strong>la</strong>ires sont en cours ailleurs,en Inde, par exemple, où les gouvernements desEtats ont institué des cellules d’assistance judiciaire,des tribunaux de <strong>la</strong> famille, des lok ada<strong>la</strong>t (tribunauxpopu<strong>la</strong>ires) <strong>et</strong> des mahil<strong>la</strong> lok ada<strong>la</strong>t (tribunaux desfemmes). On lit dans une évaluation récente que cesorganismes sont avant tout des mécanismes deconciliation qui reposent exclusivement <strong>sur</strong> <strong>la</strong>médiation <strong>et</strong> les conseils afin de favoriser <strong>la</strong>réconciliation des familles. Cependant, certainsestiment que ces institutions sont loin d’êtresatisfaisantes, même en tant que mécanismes deconciliation, <strong>et</strong> que les médiateurs ont tendance àfaire passer le bien-être des femmes après l’intérêtdel’Etat, à savoir que les familles restent unies (155).Lois <strong>et</strong> politiques en matière d’arrestationAprès les services d’aide aux victimes, les me<strong>sur</strong>esvisant à changer les méthodes de police sont <strong>la</strong>forme <strong>la</strong> plus fréquente d’intervention contre <strong>la</strong><strong>violence</strong> familiale. Au début, on m<strong>et</strong>tait l’accent <strong>sur</strong><strong>la</strong> formation de <strong>la</strong> police ; mais, quand on s’estaperçu que ce<strong>la</strong> ne suffisait pas à changer l’attitudedes policiers, on s’est efforcé de faire adopter deslois rendant obligatoire l’arrestation des auteurs de<strong>violence</strong> familiale <strong>et</strong> des politiques obligeant lespoliciers à intervenir davantage.Un proj<strong>et</strong> pilote réalisé en 1984 à Minneapolis,dans le Minnesota, aux Etats-Unis, confirmel’intérêt des arrestations comme moyen de réduire<strong>la</strong> <strong>violence</strong> familiale. En eff<strong>et</strong>, les arrestations ydiminuaient de moitié le risque d’agressionsfutures <strong>sur</strong> six mois, comparé aux stratégiesconsistant à séparer les couples ou à leur conseillerde suivre une thérapie (156). Il a beaucoup étéquestion de ces résultats qui ont entraîné un n<strong>et</strong>changement dans les politiques de <strong>la</strong> police parrapport à <strong>la</strong> <strong>violence</strong> familiale <strong>et</strong> ce, dans l’ensembledes Etats-Unis.Toutefois, des proj<strong>et</strong>s menés dans cinq autresrégions des Etats-Unis afin de reproduire lesrésultats obtenus à Minneapolis n’ont pas permisde confirmé <strong>la</strong> valeur dissuasive des arrestations.Ces nouvelles études concluent qu’en moyenne, lesarrestations ne contribuent pas plus à réduire <strong>la</strong><strong>violence</strong> que d’autres me<strong>sur</strong>es policières telles quedes avertissements ou des citations à comparaître,des conseils aux couples ou <strong>la</strong> séparation de ceux-ci(157, 158). Une analyse détaillée de ces études aégalement abouti à d’autres conclusions intéressantes.Quand l’auteur de <strong>la</strong> <strong>violence</strong> est marié,employé ou les deux, l’arrestation réduit le risqued’agressions multiples, mais dans le cas deschômeurs célibataires, l’arrestation a, en fait,entraîné une augmentation de <strong>la</strong> <strong>violence</strong> danscertaines villes. L’impact de l’arrestation varieégalement d’une communauté à l’autre. L’arrestationa un eff<strong>et</strong> dissuasif <strong>sur</strong> les hommes qui viventdans des communautés oùle taux de chômage estfaible, quel que soit leur propre situation professionnelle.En revanche, les suspects qui viventdans des quartiers où le taux de chômage est élevé semontrent plus violents après avoir été arrêtés ques’ils avaient reçu un simple avertissement (159).Ces conclusions ont amené certains chercheurs às’interroger <strong>sur</strong> <strong>la</strong> sagesse de lois rendant lesarrestations obligatoires dans des zones à forteconcentration de pauvr<strong>et</strong>é (160).Autres sanctionsAu lieu de procéder à des arrestations, certainescommunautés essaient d’autres méthodes pourdécourager le recours à <strong>la</strong> <strong>violence</strong>. Ainsi, ens’appuyant <strong>sur</strong> le droit civil, les tribunaux rendentdes ordonnances interdisant à un homme decontacter sa partenaire ou de <strong>la</strong> maltraiter, luiordonnant de quitter le domicile, de payer unepension alimentaire ou une pension alimentairepour enfants, ou exigeant qu’il suive une thérapieou un traitement de désintoxication.Les chercheurs concluent que, bien que lesvictimes trouvent généralement utiles les ordonnancesde protection, les faits montrent que cellescine suffisent pas toujours à dissuader les auteurs de<strong>violence</strong> (161, 162). Dans une étude réalisée dansles villes de Denver <strong>et</strong> Boulder, au Colorado, auxEtats-Unis, Harrell & Smith (163) concluent que les

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