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Rapport mondial sur la violence et la santé

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CHAPITRE 7. LA VIOLENCE DIRIGÉE CONTRE SOI-MÊME . 205ContexteEn l’an 2000, quelque 815 000 personnes se sontsuicidées dans le monde. Ce<strong>la</strong> représente un taux demortalité <strong>mondial</strong> annuel d’environ 14,5 pour100 000 habitants – ou un décès toutes les40 secondes environ. Le suicide est <strong>la</strong> treizièmecause de décès dans le monde (voir annexestatistique). Dans le groupe des 15 à 44 ans, lesbles<strong>sur</strong>es auto-infligées sont <strong>la</strong> quatrième cause dedécès <strong>et</strong> <strong>la</strong> sixième cause de mauvaise santé <strong>et</strong>d’invalidité (1).Les décès imputables à des suicides ne sontqu’une partie d’un très grave problème. En plus despersonnes qui meurent, beaucoup de gens <strong>sur</strong>viventà des tentatives de suicide <strong>et</strong> à des bles<strong>sur</strong>esauto-infligées souvent assez graves pour que dessoins médicaux soient nécessaires (2). En outre,chaque personne qui se tue <strong>la</strong>isse beaucoup d’autrespersonnes derrière elle – famille <strong>et</strong> amis – dont <strong>la</strong>vie est profondément affectée <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n émotionnel,social <strong>et</strong> économique. Le coûtéconomique dessuicides <strong>et</strong> des bles<strong>sur</strong>es auto-infligées est estimé àplusieurs milliards de dol<strong>la</strong>rs américains par an (3).Définition du suicideLes comportements suicidaires vont de <strong>la</strong> simplepensée de m<strong>et</strong>tre fin à ses jours à <strong>la</strong> préparation d’unp<strong>la</strong>n pour se suicider <strong>et</strong> à l’obtention des moyensnécessaires pour le m<strong>et</strong>tre à exécution, à <strong>la</strong> tentativede suicide elle-même, pour finir par le passage àl’acte (« suicide abouti »).Le terme « suicide » lui-même évoque uneréférence directe à <strong>la</strong> <strong>violence</strong> <strong>et</strong> à l’agressivité.Apparemment, sir Thomas Browne a été le premierà parler de « suicide » dans son Religio medici(1642). Médecin <strong>et</strong> philosophe, il a créé le mot àpartir du <strong>la</strong>tin sui (de soi) <strong>et</strong> caedere (tuer). Lenouveau terme reflétait <strong>la</strong> volonté d’établir unedistinction entre le fait de se tuer <strong>et</strong> de tuerquelqu’un d’autre (4).L’Encyclopedia Britannica, que cite Shneidman,donne c<strong>et</strong>te définition du suicide dans son éditionde 1973 : « Action par <strong>la</strong>quelle l’être humain sedonne lui-même <strong>la</strong> mort » (5). Dans toute définitiondu suicide, l’intention de mourir est certainementun élément clé. Cependant, il est souvent trèsdifficile de reconstruire les pensées des gens qui sesuicident, à moins qu’ils ne parlent c<strong>la</strong>irement deleurs intentions avant leur mort ou qu’ils <strong>la</strong>issentune l<strong>et</strong>tre explicite. Tous ceux qui <strong>sur</strong>vivent à unacte suicidaire n’ont pas envie de vivre, pas plus qu<strong>et</strong>outes les morts par suicide ne sont intentionnelles.Il est donc ma<strong>la</strong>isé d’établir une corré<strong>la</strong>tion entrel’intention <strong>et</strong> le résultat. Dans beaucoup de systèmesjuridiques, le décès est certifié résulter d’un suicidesi les circonstances sont compatibles avec un tel acte<strong>et</strong> si le meurtre, <strong>la</strong> mort accidentelle <strong>et</strong> les causesnaturelles peuvent tous être écartés.On est loin de s’entendre <strong>sur</strong> ce qui constitue <strong>la</strong>terminologie <strong>la</strong> plus appropriée pour décrire uncomportement suicidaire. Dernièrement, l’expressionreposant <strong>sur</strong> l’issue, « comportement suicidairefatal », a été proposée pour qualifier les actessuicidaires entraînant <strong>la</strong> mort, tout comme« comportement suicidaire non fatal » l’a été pourles actes suicidaires n’entraînant pas <strong>la</strong> mort (6). Onparle souvent, pour ces derniers, de « tentatives desuicide » (expression courante aux Etats-Unis), de« parasuicide » <strong>et</strong> d’« acte autodestructeur délibéré» (terminologie courante en Europe).L’expression « idéation suicidaire », qui estsouvent employée dans les documents techniques,renvoie à l’idée de m<strong>et</strong>tre fin à ses jours, qui est plusou moins intense <strong>et</strong> é<strong>la</strong>borée. Elle renvoie égalementà un sentiment de <strong>la</strong>ssitude de vivre, à <strong>la</strong> convictionque <strong>la</strong> vie ne vaut pas d’être vécue <strong>et</strong> à un désir de nepas se réveiller du sommeil (7, 8). Bien que cesdifférents sentiments – ou idéations – correspondentà différents degrés de gravité, il n’existe pasnécessairement de continuum entre eux. En outre,l’intention de mourir n’est pas un critère obligatoiredu comportement suicidaire non fatal.L’automuti<strong>la</strong>tion est une autre forme courante de<strong>violence</strong> dirigée contre soi. Il s’agit de <strong>la</strong> destructionou de l’altération directe <strong>et</strong> délibérée de parties ducorps sans intention suicidaire consciente. Favazza(9) propose trois grandes catégories :. Automuti<strong>la</strong>tion majeure – y compris <strong>la</strong> cécitéauto-infligée <strong>et</strong> l’amputation des doigts, desmains, des bras, des membres, des pieds oudes organes génitaux.

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