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Rapport mondial sur la violence et la santé

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CHAPITRE 9. RECOMMANDATIONS SUR LES MESURES À PRENDRE . 271Se concentrer <strong>sur</strong> les groupesles plus vulnérablesA l’instar de bien des problèmes de santé, <strong>la</strong><strong>violence</strong> n’est pas neutre. Elle existe certes danstoutes les c<strong>la</strong>sses sociales, mais <strong>la</strong> recherche donn<strong>et</strong>oujours à penser que les personnes de statut socioéconomiqueinférieur y sont plus exposées. Le plussouvent, ce sont les facteurs liés à<strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é, plusque <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é elle-même, qui accroissent le risquede <strong>violence</strong>. Le chapitre 2, par exemple, analyse lesrôles des logements insalubres, du manque d’instruction,du chômage <strong>et</strong> d’autres situations liées à<strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é dans lesquelles se trouvent les jeunesviolents, <strong>et</strong> se demande en quoi ces facteursexposent davantage les jeunes au risque de se<strong>la</strong>isser influencer par des pairs délinquants <strong>et</strong> departiciper à des activités criminelles. Le rythmeauquel les gens se r<strong>et</strong>rouvent dans <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é, c’està-direperdent des ressources dont ils disposaientauparavant, <strong>et</strong> <strong>la</strong> façon dont ils vivent c<strong>et</strong>te pauvr<strong>et</strong>é,autrement dit, leurs privations re<strong>la</strong>tives dans uncadre particulier plutôt que leur niveau de pauvr<strong>et</strong>éabsolu, sont également importants.Le chapitre 6 (<strong>violence</strong> sexuelle) montre comment<strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é exacerbe <strong>la</strong> vulnérabilité des femmes <strong>et</strong>des filles. En accomplissant des tâches quotidiennes,comme de travailler dans les champs, d’aller chercherde l’eau seules ou de rentrer à pied à <strong>la</strong> maison dutravail tard le soir, les femmes <strong>et</strong> les filles pauvres desrégions rurales ou défavorisées <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>n économiquerisquent souvent d’être violées. La pauvr<strong>et</strong>é lesexpose à une exploitation sexuelle dans des situationsaussi diverses que <strong>la</strong> recherche d’un emploi, lecommerce ou l’éducation. Elle constitue aussi un desprincipaux facteurs qui poussent des femmes à seprostituer <strong>et</strong> contraignent des familles à vendre leursenfants à des gens qui se livrent à <strong>la</strong> traite d’êtreshumains à des fins sexuelles. Le chapitre 8 (<strong>violence</strong>collective), qui va plus loin dans l’analyse, souligneque <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> l’inégalité sont deux des moteursdes conflits violents <strong>et</strong> que <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é risque des’accentuer quand les conflits durent, ce qui préparele terrain pour d’autres formes de <strong>violence</strong>.Il n’est pas nouveau que l’on néglige les pauvres.En eff<strong>et</strong>, dans <strong>la</strong> plupart des sociétés, les pluspauvres sont généralement ceux qui sont les moinsservis par les divers services de protection <strong>et</strong> desoins de l’Etat. Cependant, le fait que <strong>la</strong> <strong>violence</strong> soitliée à<strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é est sans doute une raison de pluspour <strong>la</strong>quelle les décideurs <strong>et</strong> les pouvoirs publicsont négligé, dans <strong>la</strong> lutte contre <strong>la</strong> <strong>violence</strong>, lesapproches axées <strong>sur</strong> <strong>la</strong> santé publique, car ellessignifieraient qu’une plus grande partie des services<strong>et</strong> des ressources doivent aller aux familles <strong>et</strong> auxcommunautés, au lieu d’être consacrésà<strong>la</strong> police <strong>et</strong>aux prisons. Il faut remédier à c<strong>et</strong>te négligence, sil’on veut prévenir <strong>la</strong> <strong>violence</strong>.Combattre <strong>la</strong> passivitéLa passivité encourage grandement <strong>la</strong> <strong>violence</strong> <strong>et</strong>empêche tout autant de prendre des me<strong>sur</strong>es à sonencontre. Ce<strong>la</strong> vaut tout particulièrement pourl’attitude qui consiste à considérer que <strong>la</strong> <strong>violence</strong> –tout comme le problème connexe de l’inégalité dessexes – a toujours existé dans <strong>la</strong> société humaine <strong>et</strong>qu’il en sera donc toujours ainsi. Souvent, c<strong>et</strong>tepassivité est considérablement renforcée par unintérêt personnel. L’acceptation sociale, parexemple, du droit que les hommes auraient de« corriger » leur épouse est de toute évidence plus àl’avantage des hommes que des femmes. Le trafic destupéfiants doit son essor à son illégalité, qui faitaussi qu’il est acceptable pour les narcotrafiquantsde régler leurs différends ou d’agrandir leur part demarché par <strong>la</strong> <strong>violence</strong>.Dans <strong>la</strong> description qu’ils donnent de quelquesunsdes éléments qui créent une culture de <strong>la</strong><strong>violence</strong>, plusieurs chapitres du présent rapportinsistent <strong>sur</strong> le fait que, souvent, les lois <strong>et</strong> lesmentalités favorisent une telle culture. Il se peut queles deux jouent dans des facteurs tels que <strong>la</strong>glorification de <strong>la</strong> <strong>violence</strong> dans les médias, <strong>et</strong> <strong>la</strong>tolérance des agressions ou de <strong>la</strong> <strong>violence</strong> sexuellesperpétrées par des partenaires intimes, des châtimentscorporels sévères infligés aux enfants par lesparents à <strong>la</strong> maison, des brimades subies à l’école <strong>et</strong>dans les cours de récréation, du recours déme<strong>sur</strong>é à<strong>la</strong> force par <strong>la</strong> police, <strong>et</strong> de l’exposition prolongéed’enfants <strong>et</strong> d’adolescents à des conflits armés. Ilsera difficile de faire vraiment reculer <strong>la</strong> <strong>violence</strong>interpersonnelle <strong>et</strong> collective si l’on reste un tantsoit peu passif vis-à-vis de ces questions.

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