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Rapport mondial sur la violence et la santé

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CHAPITRE 4. LA VIOLENCE EXERCÉE PAR DES PARTENAIRES INTIMES . 119ENCADRE 4.2La Ruta Crítica :étude des réponses apportéesà <strong>la</strong> <strong>violence</strong>familialeEn 1995, l’Organisation panaméricaine de <strong>la</strong> Santé a <strong>la</strong>ncé une étude communautaire dans dixpays d’Amérique <strong>la</strong>tine, à savoir le Belize, <strong>la</strong> Bolivie, le Costa Rica, l’Equateur, le Salvador, leGuatema<strong>la</strong>, le Honduras, le Nicaragua, le Panama <strong>et</strong> le Pérou. Elle avait pour obj<strong>et</strong> d’enregistrer leprocessus suivi par une femme victime de <strong>violence</strong> familiale qui a décidé de rompre le silence <strong>et</strong> dedemander de l’aide. Le nom espagnol de ce processus était La Ruta Crítica – le chemin critique –,enréférence à <strong>la</strong> série de décisions <strong>et</strong> de me<strong>sur</strong>es successivement prises par <strong>la</strong> femme qui prendconscience de <strong>la</strong> situation violente qu’elle vit <strong>et</strong> aux réactions de ceux <strong>et</strong> celles à qui elle demandede l’aide. Chaque me<strong>sur</strong>e <strong>et</strong> chaque décision prises par <strong>la</strong> femme dans son cheminement a desrépercussions <strong>sur</strong> ce que font les autres, y compris les fournisseurs de services <strong>et</strong> les membres de <strong>la</strong>communauté, <strong>et</strong> ce qu’ils font a une incidence <strong>sur</strong> <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e suivante que prend <strong>la</strong> femme.L’étude s’intéressait donc aux conséquences de <strong>la</strong> décision d’une femme de demander de l’aide,aux sources auxquelles elle s’adressait, à ses motivations, <strong>et</strong> aux attitudes <strong>et</strong> réactions tant desfournisseurs de services institutionnels que des personnes. C<strong>et</strong>te étude qualitative comprenait plusde 500 entrevues approfondies avec des femmes victimes de <strong>violence</strong>, plus d’un millier d’entrevuesavec des fournisseurs de services, <strong>et</strong> une cinquantaine de séances de groupes de discussion.Les femmes victimes de <strong>violence</strong> ont nommé plusieurs facteurs qui peuvent déclencher <strong>la</strong>décision d’agir. Par exemple, si <strong>la</strong> <strong>violence</strong> s’amplifie <strong>et</strong> devient plus fréquente, elles comprennentque l’agresseur ne changera pas. Ce qui est important aussi, c’est qu’elles s’aperçoivent que leur vieou celle de leurs enfants est en danger. Tout comme les facteurs qui incitaient les femmes à agir,ceux qui les empêchaient de demander de l’aide étaient multiples <strong>et</strong> interdépendants.Il ressort de l’étude que les considérations économiques semblent avoir plus de poids que lesconsidérations affectives. Beaucoup de femmes, par exemple, se demandaient si elles seraientcapables de subvenir à leurs propres besoins <strong>et</strong> à ceux de leurs enfants. Les femmes interrogéesexprimaient souvent des sentiments de culpabilité, se faisaient des reproches <strong>et</strong> se trouvaientanormales. Elles par<strong>la</strong>ient aussi de corruption <strong>et</strong> de stéréotypes sexuels dans le système judiciaire<strong>et</strong> dans <strong>la</strong> police. La peur était cependant le principal facteur d’inhibition, car les femmesredoutaient que les conséquences soient pires que de rester dans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion si elles par<strong>la</strong>ient àquelqu’un ou s’en al<strong>la</strong>ient.Il est évident à lire l’étude intitulée Ruta Crítica que de nombreux facteurs, tant internesqu’externes, influent <strong>sur</strong> <strong>la</strong> décision d’une femme maltraitée d’agir pour m<strong>et</strong>tre un terme à <strong>la</strong><strong>violence</strong>. Le processus est souvent long. Il arrive même qu’il prenne des années, <strong>et</strong> <strong>la</strong> femmeessaiera plusieurs fois de demander de l’aide auprès d’un certain nombre de sources. Il est rarequ’un seul événement <strong>la</strong> pousse à agir brusquement. Les faits montrent que, malgré des obstaclesénormes, les femmes maltraitées savent souvent se débrouiller pour chercher de l’aide <strong>et</strong> trouverdes moyens d’atténuer <strong>la</strong> <strong>violence</strong> qui leur est infligée.<strong>la</strong> plupart des femmes maltraitées se sentent« mieux » <strong>et</strong> « en sécurité » après que leur partenairea commencé un traitement (177). Cependant,c<strong>et</strong>te étude conclut également qu’au bout de30 mois, près de <strong>la</strong> moitié des hommes s’étaientde nouveau montrés violents une fois <strong>et</strong> 23 %avaient recouru à <strong>la</strong> <strong>violence</strong> à de multiples reprisesen infligeant de graves bles<strong>sur</strong>es, tandis que 21 %des hommes ne se montraient violents ni physiquementni verbalement. Au total, 60 % des coupless’étaient séparés <strong>et</strong> 24 % n’étaient plus en contact.D’après un examen international effectué dernièrementpar des chercheurs de l’Université deNorth London, en Angl<strong>et</strong>erre (179), les évaluationsdonnent toutes à penser que les programmes d<strong>et</strong>raitement fonctionnent mieux :

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