L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
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cHAPITre TrOIs<br />
104<br />
FIGURE 3.2: catéGories socio-ProFessionnelles et<br />
FraGMentation <strong>de</strong> l’esPace urbain<br />
Objet <strong>de</strong> la<br />
concurrence:<br />
valeur du<br />
travail<br />
Objet <strong>de</strong> la<br />
concurrence:<br />
capital<br />
Objet <strong>de</strong> la<br />
concurrence:<br />
l’espace<br />
Services et emplois<br />
<strong>de</strong> qualité supérieure<br />
Classe<br />
supérieure<br />
très riche<br />
Zones<br />
rési<strong>de</strong>ntielles<br />
<strong>de</strong> luxe<br />
©Guéye & Thiam, Dakar 2010<br />
Emplois <strong>de</strong> services<br />
non ouvriers<br />
Classe moyenne<br />
Quartiers mixtes<br />
classe moyenne<br />
et autres<br />
Statut<br />
professionnel<br />
Richesse<br />
Statut<br />
rési<strong>de</strong>ntiel<br />
Mustapha (1992) a observé les stratégies <strong>de</strong> subsistance <strong>de</strong>s classes<br />
moyennes et qualifiées au Nigeria, en montrant que <strong>de</strong>s individus<br />
d’origines socio-économiques diverses participent à une multiplicité<br />
d’activités économiques. Cela n’est pas nouveau au Nigeria, mais la<br />
situation économique a amplifié le phénomène. Mustapha distingue<br />
toutefois entre stratégies <strong>de</strong> survie et stratégies <strong>de</strong> subsistance.<br />
©Guèye & Thiam, Dakar 2010<br />
Classe ouvrière<br />
et chômeurs<br />
Pauvres<br />
Bidonvilles<br />
& squats<br />
Pour la majeure partie (non qualifiée) <strong>de</strong>s ouvriers, la participation<br />
simultanée à diverses activités est essentielle à la survie individuelle<br />
comme à celle du ménage, alors que pour les plus qualifiés, c’est un<br />
moyen d’éviter ou <strong>de</strong> surmonter une détérioration <strong>de</strong>s conditions<br />
<strong>de</strong> vie. L’auteur soutient en outre qu’au Nigeria, la classe ouvrière<br />
limite souvent ses activités à <strong>de</strong>s fonctions caractérisées par une forte<br />
intensité <strong>de</strong> main d’œuvre, une faible intensité <strong>de</strong> capital et <strong>de</strong> faibles<br />
ren<strong>de</strong>ments, tandis que les travailleurs qualifiés tablent sur leur<br />
meilleur accès aux ressources financières et politiques pour s’engager<br />
dans <strong>de</strong>s activités plus rémunératrices. De plus, les qualifications<br />
donnent souvent lieu à <strong>de</strong>s meilleures idées <strong>de</strong> produits ou services,<br />
ou <strong>de</strong> meilleures conditions <strong>de</strong> production. Ainsi, <strong>de</strong>s travailleurs<br />
qualifiés peuvent “réemballer” l’enlèvement <strong>de</strong>s déchets sous le nom<br />
d’“assainissement <strong>de</strong> l’environnement” et les travaux <strong>de</strong> couture<br />
comme “modèles à la mo<strong>de</strong>”, en ajustant leurs prix en fonction.<br />
Les activités <strong>de</strong>s ouvriers qualifiés vont <strong>de</strong> la petite fabrication au<br />
maraîchage en passant par toutes sortes <strong>de</strong> petits emplois. Au Nigeria,<br />
les ouvriers commercialisent certains biens ou capacités individuels,<br />
comme la transformation d’une moto en moto-taxi, le maraîchage<br />
pour ceux qui ont un terrain, le petit commerce pour ceux qui n’en<br />
ont pas, et l’abus à la petite semaine <strong>de</strong> leurs fonctions publiques<br />
pour les autres.<br />
a. Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas basée sur une enquête <strong>de</strong> Wenchi & Techiman dans<br />
la région <strong>de</strong> Brong Ahafo (Ghana), <strong>de</strong> 1995 à 1996. Le GLSS a<br />
porté sur 4 565 ménages dans tout le pays, conduit en 1991 et<br />
1992 par le Ghana Statistical Service.<br />
b. Pourcentages basés sur tout l’échantillon.<br />
c. Pourcentages basés sur le nombre d’employés salariés dans<br />
chaque cas.<br />
d. Le GLSS ne précise ni le revenu ni le type d’institution publique.<br />
Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas conduite dans <strong>de</strong>ux villes moyennes du Ghana<br />
et un échantillon national représentatif (voir Table 3.5) montre<br />
que les stratégies <strong>de</strong> subsistance multiple sont <strong>de</strong>venues pratique<br />
courante. D’après l’enquête, 18 à 64 pour cent <strong>de</strong>s employés salariés<br />
dans les villes du Ghana pratiquaient diverses activités économiques.<br />
L’agriculture, le commerce et la production dominaient, dans cet<br />
ordre, les “autres” activités. De plus, les activités multiples voyaient<br />
souvent la participation <strong>de</strong> ménages entiers. Autre résultat : les<br />
occasions qui permettent les stratégies <strong>de</strong> subsistance multiple ne<br />
sont pas également distribuées à travers le pays; les petits centres<br />
urbains dont les économies moins diversifiées procurent davantage<br />
<strong>de</strong> possibilités <strong>de</strong> revenu informel que les grands centres. Enfin, la<br />
participation aux stratégies <strong>de</strong> subsistance multiple est fonction du<br />
genre, du statut marital, <strong>de</strong> la taille du ménage et du lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce.<br />
Les individus mariés et ceux dont la famille est assez nombreuse<br />
sont plus susceptibles <strong>de</strong> participer à <strong>de</strong>s activités multiples et, dans<br />
les plus gran<strong>de</strong>s villes, les femmes en sont plus susceptibles que les<br />
hommes.<br />
Faire Face à L’inégalité et à la Fragmentation<br />
Urbaines<br />
La bonne gouvernance, dans toutes ses dimensions, peut<br />
amplifier dans une mesure non-négligeable les effets <strong>de</strong> la réduction<br />
<strong>de</strong> la pauvreté. Divers types <strong>de</strong> regroupements ou <strong>de</strong> partenariats<br />
apparaissent en réponse au besoin <strong>de</strong> gouvernance participative,<br />
mais le statut du citoyen reste largement solitaire. Non seulement<br />
les institutions officielles ont pour l’essentiel abandonné la majorité<br />
<strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong>s villes, mais les interventions pratiques collectives<br />
qui pourraient prendre leur place pour fournir un certain sentiment<br />
d’appartenance se heurtent à divers obstacles. Du coup, la majorité<br />
<strong>de</strong>s citadins se retrouvent piégés par le cercle vicieux <strong>de</strong> la pauvreté,<br />
qui les laisse exposés aux chocs venus <strong>de</strong> l’extérieur comme les hauts<br />
et les bas <strong>de</strong> la conjoncture économique et les catastrophes liées à<br />
l’environnement.<br />
Dans les villes d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest, comme ailleurs sur le<br />
continent, la fragmentation urbaine reflète l’interdépendance<br />
du revenu et <strong>de</strong> l’accès au foncier et au logement. Les diverses<br />
catégories occupent l’espace en fonction <strong>de</strong> leur revenu, et tout<br />
particulièrement <strong>de</strong> leur situation sur l’échelle <strong>de</strong> la valeur du travail.<br />
La corrélation entre revenu et domicile est d’autant plus étroite qu’il<br />
n’existe pratiquement pas <strong>de</strong> mécanisme <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> l’égalité<br />
ou du mélange social. Pour les pauvres, en particulier, toutes les<br />
interactions sont prisonnières d’un cercle particulièrement vicieux<br />
qui les maintient systématiquement dans <strong>de</strong>s conditions d’emploi et<br />
<strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce souvent déplorables. La précarité <strong>de</strong> leurs conditions <strong>de</strong><br />
vie restreint sévèrement les possibilités qui sont les leurs <strong>de</strong> s’épanouir<br />
dans le travail, un emploi bien payé ou un revenu régulier, qui sont<br />
pourtant <strong>de</strong>s conditions essentielles pour l’accès au foncier urbain et<br />
un logement convenable, comme indiqué dans la section ci-<strong>de</strong>ssous.