L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
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cHAPITre QUATre<br />
130<br />
4.2<br />
La Géographie<br />
économique <strong>de</strong>s Villes<br />
L’inégalité Économique<br />
La croissance économique s’est maintenue dans presque tous les<br />
pays d’Afrique <strong>de</strong> l’Est ces <strong>de</strong>rnières années, mais la majorité pauvre<br />
<strong>de</strong>s populations n’a pas bénéficié <strong>de</strong> l’accroissement <strong>de</strong> richesses qui<br />
l’a accompagnée. Les inégalités socio-économiques sont relativement<br />
fortes dans la sous-région, la plupart <strong>de</strong>s pays se situant au-<strong>de</strong>ssus<br />
du coefficient Gini “relativement élevé” <strong>de</strong> 0,45 (calculé à partir du<br />
revenu) qui est celui <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> l’Afrique (sur les coefficients<br />
Gini, voir le Chapitre 1, Section 1.2). A Addis-Abeba, l’inégalité<br />
est “extrêmement forte” (coefficient: 0.61) alors que la moyenne<br />
nationale est “relativement basse” à 0.38. A Bujumbura, l’inégalité<br />
est plus marquée, à 0.47, qu’elle ne l’est dans les zones urbaines<br />
du Burundi dans son ensemble (0.37). Cela montre clairement<br />
que dans les zones urbaines d’Afrique <strong>de</strong> l’Est, <strong>de</strong>s catégories<br />
TABLEAU 4.4: coeFFicients Gini – cinQ villes et Pays<br />
Pays ville année Coefficient Gini Coefficient<br />
[consommation] Gini<br />
[revenu]<br />
Ethiopie 1999/2000 0.28 0.38<br />
Addis Ababa 2003 0.56 0.61<br />
Burundi 2006 0.3<br />
Bujumbura 2006 0.47<br />
Kenya (pays) 0.45 0.57<br />
Kenya (toutes<br />
villes)<br />
0.55<br />
Nairobi 0.59<br />
Rwanda (pays) 2005 0.51<br />
Kigali 2005 0.47<br />
Tanzanie<br />
(continent)<br />
2007 0.35<br />
dar es Salaam 2007 0.34<br />
Ouganda (pays) 0.41<br />
Ouganda (toutes<br />
villes)<br />
0.43<br />
Kampala 2007 0.4<br />
Source: <strong>UN</strong>-HABITAT, State of the World Cities 2010/11.<br />
restreintes et privilégiées bénéficient <strong>de</strong> manière inégale <strong>de</strong> la<br />
croissance économique, avec <strong>de</strong> très fortes disparités <strong>de</strong> revenus et <strong>de</strong><br />
consommation entre riches et pauvres.<br />
D’après les recherches du Programme <strong>de</strong>s Nations Unies pour le<br />
Développement (PNUD), au Kenya les plus fortunés gagnent 56 fois<br />
plus que les pauvres, en moyenne. Les 10 pour cent les plus riches <strong>de</strong><br />
la population détiennent 42 pour cent <strong>de</strong> la richesse du pays, alors<br />
que les 10 pour cent les plus pauvres n’en détiennent qu’un pour<br />
cent 7 . Les tendances suggèrent que le phénomène ne fait qu’empirer<br />
rapi<strong>de</strong>ment. Dans les années 1980 à 1990, le coefficient Gini <strong>de</strong>s<br />
zones urbaines du Kenya a augmenté très sensiblement, passant <strong>de</strong><br />
0,47 à 0,58 8 , soit une accentuation notable <strong>de</strong>s inégalités urbaines.<br />
Dans l’ensemble, l’inégalité <strong>de</strong>s revenus dans les villes du Kenya se<br />
situe à un niveau “très élevé” <strong>de</strong> 0,55, bien qu’il soit légèrement<br />
inférieur au coefficient moyen du pays (0,57), pour culminer à<br />
Nairobi qui, à 0,59, frôle le niveau “extrêmement élevé.” Les citadins<br />
représentent 51,5 pour cent <strong>de</strong> la population pauvre du Kenya où la<br />
pauvreté est donc, dans une large mesure, un phénomène urbain.<br />
Le pays est l’un <strong>de</strong>s ceux où les inégalités sont le plus marquées en<br />
Afrique <strong>de</strong> l’Est, au vu <strong>de</strong>s coefficients Gini urbains et nationaux.<br />
Ainsi les villes <strong>de</strong> Kisii et Migori présentent <strong>de</strong>s coefficients Gini<br />
“très” et “extrêmement élevés” (0,56 et 0,63 respectivement), le<br />
second étant même supérieur à celui <strong>de</strong> Nairobi.<br />
Dire Dawa et Dar es Salaam figurent parmi les villes les<br />
plus “égales”, comparativement parlant, <strong>de</strong> toute l’Afrique subsaharienne,<br />
avec <strong>de</strong>s coefficients Gini (revenus) “relativement<br />
bas” <strong>de</strong> 0,39 et 0,36 respectivement 9 . Dans l’ensemble <strong>de</strong> la<br />
Tanzanie aussi, les inégalités sont relativement faibles (0,35), ce<br />
que le pays doit probablement aux longues années <strong>de</strong> politiques <strong>de</strong><br />
redistribution socialiste (ujamaa) et qui tendrait à prouver qu’une<br />
redistribution prolongée <strong>de</strong>s richesses peut avoir <strong>de</strong>s effets socioéconomiques<br />
notables. En Ouganda entre 2002 et 2006, l’inégalité<br />
“relativement forte” <strong>de</strong>s revenus a quelque peu diminué (<strong>de</strong> 0,43 à<br />
0,41), probablement sous l’effet d’une croissance économique plus<br />
soutenue. Toutefois, et comme déjà suggéré à propos <strong>de</strong> la Tanzanie,<br />
la réduction <strong>de</strong>s inégalités ne résulte pas <strong>de</strong> la seule croissance <strong>de</strong><br />
l’économie. C’est plutôt que <strong>de</strong>s coefficients Gini peu élevés reflètent<br />
toujours directement la (re)distribution <strong>de</strong> la richesse (quelques pays<br />
d’Afrique bénéficiant d’une plus gran<strong>de</strong> égalité mais sur fond <strong>de</strong><br />
pauvreté généralisée). Ce qu’il faut bien comprendre ici, c’est que<br />
d’une manière générale il peut y avoir égalité <strong>de</strong> revenus quel que soit<br />
le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> richesse ou <strong>de</strong> pauvreté.