L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
cHAPITre PreMIer<br />
10<br />
d’une manière similaire et les géographies <strong>de</strong> l’accès à l’Internet et<br />
aux ressources éducatives sont en évolution rapi<strong>de</strong> et sont en train<br />
<strong>de</strong> redéfinir nos conceptions traditionnelles <strong>de</strong>s relations entre<br />
le centre et la périphérie. Cette révolution sera encore accentuée<br />
par l’utilisation <strong>de</strong>s téléphones portables et <strong>de</strong>s panneaux solaires<br />
dans le fonctionnement <strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> la<br />
communication et permettra leur utilisation en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s lignes<br />
fixes et <strong>de</strong>s réseaux électriques nationaux.<br />
Dans cette perspective, et avec l’émergence progressive en Afrique<br />
<strong>de</strong> méga régions urbaines et <strong>de</strong> corridors <strong>de</strong> développement urbain<br />
aux contours clairement définis à cheval sur les frontières nationales<br />
et embrassant <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> millions <strong>de</strong> personnes, les politiques<br />
nationales traditionnelles d’aménagement urbain sont <strong>de</strong> plus en plus<br />
incapables <strong>de</strong> maîtriser les réalités réglementaires et politiques <strong>de</strong>s<br />
agglomérations urbaines qui sont complexes et fluctuantes. Au fur<br />
et à mesure que les flux interurbains <strong>de</strong> marchandises, <strong>de</strong> personnes,<br />
<strong>de</strong> communications, <strong>de</strong> fonds et <strong>de</strong> complexes physiques urbains<br />
passeront d’une frontière nationale à une autre, la gouvernance et<br />
les politiques <strong>de</strong>vront suivre si elles veulent avoir une perspective<br />
réaliste d’influencer les résultats. L’adoption <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s<br />
politiques plus souples et plus harmonisées va s’avérer indispensable<br />
tout comme celle <strong>de</strong>s régimes <strong>de</strong> gouvernance transfrontaliers<br />
innovateurs, aux fins d’institutionnalisation <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> cohérence<br />
et <strong>de</strong> mise en place <strong>de</strong>s dispositions effectives permettant d’empêcher<br />
les investisseurs <strong>de</strong> jouer les villes et les pays 3 les uns contre les<br />
autres dans le mieux <strong>de</strong> leurs intérêts. Ce défi est clairement illustré<br />
par rapport aux changements environnementaux et climatiques<br />
mondiaux, où la nécessité d’une coopération internationale<br />
concertée est bien acceptée à l’heure actuelle. Le régime appelé à<br />
succé<strong>de</strong>r au Protocole <strong>de</strong> Kyoto <strong>de</strong>vra ressortir dans les politiques<br />
urbaines d’adaptation et d’atténuation <strong>de</strong>s effets du changement<br />
climatique sur les villes ainsi que dans les politiques et stratégies<br />
urbaines visant à réduire <strong>de</strong> façon significative les effets, en milieu<br />
urbain, <strong>de</strong>s activités anthropiques sur le changement climatique.<br />
La Vulnérabilité <strong>de</strong>s Villes aux Chocs<br />
Systémiques<br />
Par chocs systémiques, il faut entendre <strong>de</strong>s chocs importants<br />
entraînant <strong>de</strong>s conséquences sensibles sur <strong>de</strong>s parties vitales ou sur la<br />
totalité d’un système urbain (national ou international); leurs effets<br />
n’ont pas une résonance purement locale. Pour cette raison, en effet,<br />
les chocs systémiques ont le potentiel <strong>de</strong> menacer la viabilité et la<br />
survie du système dans son ensemble. Bien que <strong>de</strong> tels chocs ne soient<br />
pas <strong>de</strong>s phénomènes nouveaux, le taux et l’ampleur <strong>de</strong>s changements<br />
technologiques et la mondialisation ont considérablement augmenté<br />
leur probabilité, multiplié leurs effets géographiques et amplifié<br />
leurs magnitu<strong>de</strong>s éventuelles. Certains chocs peuvent survenir<br />
soudainement, comme la récession économique mondiale <strong>de</strong> 2008/9,<br />
tandis que d’autres, comme la transformation démographique et le<br />
changement climatique, comportent <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestation plus<br />
longues. Cependant, les effets ci peuvent ne pas présenter moins <strong>de</strong><br />
gravité mais s’avérer beaucoup plus durables.<br />
Les fluctuations <strong>de</strong>s cycles économiques représentent la<br />
première catégorie <strong>de</strong> choc systémique auquel les villes sont<br />
désormais vulnérables. Le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> susceptibilité <strong>de</strong>s villes à cette<br />
catégorie <strong>de</strong> choc systémique est fortement accentué par l’ampleur<br />
<strong>de</strong> la participation à la mondialisation économique et par les<br />
technologies associées <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong>s télécommunications.<br />
La récession mondiale récente a démontré la rapidité et l’étendue<br />
spatiale <strong>de</strong> la vulnérabilité financière systémique qui ne laisse aucun<br />
pays complètement à l’abri. En dépit du fait que les politiques<br />
<strong>de</strong> crédit généralement plus pru<strong>de</strong>ntes et l’utilisation limitée <strong>de</strong>s<br />
instruments <strong>de</strong> mobilisation financière pour le compte <strong>de</strong>s banques<br />
africaines n’aient pas entraîné ces institutions financières dans le<br />
tourbillon qui a provoqué l’effondrement <strong>de</strong> nombreuses banques<br />
<strong>de</strong>s économies avancées, les effets secondaires du ralentissement<br />
<strong>de</strong> l’économie mondiale ont eu <strong>de</strong>s répercussions en Afrique et<br />
ont été ressentis à travers la diminution <strong>de</strong>s activités touristiques,<br />
les inversions du développement humain et <strong>de</strong> la réalisation <strong>de</strong>s<br />
Objectifs du Millénaire en matière <strong>de</strong> Développement, la réduction<br />
<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> base et la baisse <strong>de</strong>s flux financiers <strong>de</strong><br />
l’ai<strong>de</strong> au développement, entre autres.<br />
Depuis l’urbanisation <strong>de</strong> plus en plus croissante <strong>de</strong> la planète, les<br />
effets les plus spectaculaires sur la production et l’emploi - et sur les<br />
recettes fiscales, par conséquent- ont été expérimentés dans les zones<br />
urbaines fournissant <strong>de</strong>s services ou produisant <strong>de</strong>s marchandises<br />
<strong>de</strong>stinés au marché mondial. Les pôles urbains du tourisme tels que<br />
Mombasa et Malindi au Kenya ou à Charm -El-Cheikh en Egypte et<br />
Victoria Falls au Zimbabwe (où la situation s’est encore aggravée en<br />
raison <strong>de</strong>s crises économiques et politiques internes que traverse le<br />
Zimbabwe) ont connu <strong>de</strong>s baisses sensibles d’activités, tout comme<br />
les villes rurales d’Afrique qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong>stinés à<br />
l’exportation. Dans les cas extrêmes, les villes et les localités qui se<br />
sont développé dans un but unique peuvent même être laissées à<br />
l’abandon, à l’instar <strong>de</strong>s centres d’exploitation minière lorsque le<br />
gisement arrive à épuisement. Tel est le cas <strong>de</strong> Jos au Nigeria (pour<br />
l’étain) <strong>de</strong> Kimberley en République Sud-africaine et <strong>de</strong> Lü<strong>de</strong>ritz<br />
en Namibie (<strong>de</strong>ux villes diamantifères) qui constituent <strong>de</strong>s exemples<br />
concrets <strong>de</strong> villes florissantes au début, mais qui par la suite ont<br />
connu un déclin inquiétant à long terme lors <strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong><br />
leur unique source <strong>de</strong> subsistance et <strong>de</strong> leur seule raison d’être.<br />
Les géographies économiques en constante évolution que nous<br />
venons d’évoquer illustrent clairement l’interdépendance <strong>de</strong>s villes<br />
et <strong>de</strong> leurs habitants dans l’économie mondiale. Une telle intégration<br />
peut offrir <strong>de</strong> nouvelles possibilités <strong>de</strong> création <strong>de</strong> richesses et<br />
<strong>de</strong> développement économique au fur et à mesure <strong>de</strong>s changements<br />
<strong>de</strong> situation et <strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong> la compétitivité. Elles peuvent<br />
également créer, simultanément, <strong>de</strong>s difficultés pour rester compétitives<br />
ou rechercher constamment <strong>de</strong> nouvelles opportunités dans la<br />
perspective <strong>de</strong>s changements techniques, économiques ou sociopolitiques<br />
qui peuvent annihiler <strong>de</strong>s avantages spécifiques découlant <strong>de</strong><br />
la concurrence ou <strong>de</strong> l’emplacement. La spécialisation peut rapi<strong>de</strong>ment<br />
<strong>de</strong>venir une source <strong>de</strong> vulnérabilité. En raison <strong>de</strong> la rareté <strong>de</strong>s<br />
ressources financières et <strong>de</strong> l’insuffisance <strong>de</strong>s compétences entrepreneuriales,<br />
les villes africaines, d’une manière générale, se sont avéré<br />
particulièrement apathiques en matière <strong>de</strong> ‘spécialisation flexible’<br />
s’agissant notamment <strong>de</strong> la capacité d’adaptation rapi<strong>de</strong> exigée dans<br />
les industries <strong>de</strong> haute technologie et dans les processus <strong>de</strong> production<br />
où il leur faut rester compétitives au rythme <strong>de</strong>s changements.<br />
Au fur et à mesure qu’augmente le rythme <strong>de</strong>s changements dans<br />
le mon<strong>de</strong> contemporain, il <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus difficile <strong>de</strong> se<br />
maintenir ou d’aller <strong>de</strong> l’avant. Il n’est pas donné à toute ville d’être<br />
Genève, Singapour ou Dubaï. Déjà, les aspirations <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une plaque tournante mondiale sont confrontées à <strong>de</strong>s<br />
défis cruciaux découlant <strong>de</strong> la combinaison <strong>de</strong> la récession mondiale,<br />
<strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte et <strong>de</strong> la concurrence <strong>de</strong>s métropoles<br />
voisines ‘Abu Dhabi (EAU) et Doha (Qatar). Le capitalisme mondial<br />
peut être capricieux et le prix <strong>de</strong> l’échec peut être très élevé, car il<br />
peut entraîner l’exo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s forces vives à travers la fuite <strong>de</strong>s cerveaux,<br />
la diminution <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> revenus et ses effets secondaires à savoir<br />
la croissance <strong>de</strong> la pauvreté urbaine, la marginalisation et les tensions<br />
sociales. Dans <strong>de</strong> telles circonstances, il <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus