L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
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cHAPITre cINQ<br />
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et qui échappent à tout contrôle <strong>de</strong>s autorités couvrent <strong>de</strong> vastes<br />
étendues <strong>de</strong> terrains avec <strong>de</strong>s maisons, <strong>de</strong>s routes et <strong>de</strong> semblants<br />
d’infrastructures qui facilitent les inondations, pour la bonne raison<br />
que les sols ne peuvent plus absorber les eaux <strong>de</strong> ruissellement.<br />
Partant du fait que les terrains urbains <strong>de</strong>sservis ne sont pas à la portée<br />
<strong>de</strong> leurs bourses, les citadins pauvres construisent généralement leurs<br />
maisons dans <strong>de</strong>s endroits impropres ou dangereux, tels que près <strong>de</strong>s<br />
cours d’eau, ce qui les rend vulnérables aux inondations. Le manque<br />
<strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> drainage <strong>de</strong>s eaux pluviales et l’entassement <strong>de</strong>s<br />
ordures ménagères presque jamais enlevées qui bloquent les drains<br />
<strong>de</strong> ralentissent le ruissellement <strong>de</strong>s eaux pluviales et provoquent<br />
<strong>de</strong>s inondations. Avec la survenance <strong>de</strong> plus en plus fréquente <strong>de</strong>s<br />
événements météorologiques extrêmes associés au changement<br />
climatique, les citadins pauvres sont <strong>de</strong> plus en plus exposés au risque.<br />
L’une <strong>de</strong>s principales causes sous-jacentes du changement climatique<br />
en Afrique centrale est l’utilisation du bois <strong>de</strong> chauffe et du charbon<br />
<strong>de</strong> bois pour la cuisson, en raison du fait que les <strong>de</strong>ux contribuent<br />
<strong>de</strong> manière significative à la dégradation <strong>de</strong>s sols et à la déforestation<br />
, en plus <strong>de</strong> la pollution <strong>de</strong> l’air intérieur. Les crises économiques à<br />
répétition associées à d’autres facteurs <strong>de</strong> précarité et la détérioration<br />
générale <strong>de</strong>s infrastructures d’électricité urbaines ont contraint <strong>de</strong><br />
nombreux ménages urbains à utiliser le charbon <strong>de</strong> bois ou le bois<br />
<strong>de</strong> chauffe, en plus <strong>de</strong> ceux qui le font déjà, parce qu’ils n’ont pas les<br />
moyens <strong>de</strong> consommer l’énergie électrique. Il en résulte que l’utilisation<br />
intensive du bois <strong>de</strong> chauffe n’est pas seulement une conséquence<br />
<strong>de</strong> la pauvreté, mais qu’elle procè<strong>de</strong> également <strong>de</strong> l’incapacité <strong>de</strong><br />
résoudre le problème <strong>de</strong> la sécurité énergétique en milieu urbain.<br />
Depuis le début <strong>de</strong> l’année 2000, <strong>de</strong> nombreuses municipalités<br />
ont adopté et publié <strong>de</strong>s lois et règlements pour contrer les effets<br />
du changement climatique. A Bangui, Brazzaville, Kinshasa,<br />
Libreville, Luanda et Yaoundé, les documents d’orientation tels<br />
que les Programmes <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’environnement et d’autres<br />
instruments ont énoncé le cadre juridique nécessaire pour lutter<br />
contre le changement climatique. Des améliorations importantes<br />
ont déjà été relevées, notamment grâce à l’implication <strong>de</strong>s entreprises<br />
privées opérant sous le contrôle ou la supervision <strong>de</strong>s organismes<br />
publics et <strong>de</strong>s organisations internationales non gouvernementales.<br />
La plupart <strong>de</strong>s collectivités locales d’Afrique centrale ont élaboré <strong>de</strong>s<br />
politiques d’urgence pour faire face au changement climatique, en<br />
particulier dans les zones urbaines. La raison d’être <strong>de</strong> ces mesures<br />
exceptionnelles, la plupart du temps est d’arrêter la <strong>de</strong>struction<br />
continue <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> sauver les vies et les moyens<br />
<strong>de</strong> subsistance <strong>de</strong>s citadins. De nombreuses autorités locales,<br />
notamment celles <strong>de</strong>s villes situées sur la côte Atlantique, travaillent<br />
actuellement avec les organisations non-gouvernementales et les<br />
communautés locales pour réduire la vulnérabilité aux effets sociaux<br />
et économiques du changement climatique. Cependant, bien que <strong>de</strong><br />
nombreuses municipalités aient déjà mis en place <strong>de</strong>s mécanismes<br />
permettant <strong>de</strong> faire face au changement climatique, la plupart <strong>de</strong><br />
ces dispositifs ne fonctionnent pas <strong>de</strong> manière effective et leur mise<br />
en œuvre est entravée par le manque <strong>de</strong> planification urbaine et <strong>de</strong><br />
ressources financières locales.<br />
Changement Climatique: Qu’en Savons-Nous?<br />
Bien que le changement climatique dans les villes constitue une<br />
importante menace pour les conditions <strong>de</strong> vie, les initiatives <strong>de</strong><br />
réduction <strong>de</strong> la pauvreté et le développement en général, la majorité<br />
<strong>de</strong>s citadins d’Afrique centrale ne maîtrisent pas cette notion ni<br />
ses implications. Elles sont principalement débattues dans les<br />
arènes politiques et scientifiques par les médias et les organisations<br />
gouvernementales. La majorité <strong>de</strong>s citadins ne parlent que leur<br />
dialecte local et la traduction <strong>de</strong>s notions changement climatique n’est<br />
pas toujours clairement gravée dans leur imagination. Les réunions<br />
publiques <strong>de</strong> sensibilisation, comme <strong>de</strong>s assemblées publiques ou<br />
communautaires, pourraient ai<strong>de</strong>r à surmonter ces difficultés <strong>de</strong><br />
partage <strong>de</strong>s connaissances. Alors que <strong>de</strong> nombreux citadins sont<br />
conscients <strong>de</strong> la déforestation autour <strong>de</strong> leurs villes et ont remarqué<br />
<strong>de</strong>s changements dans les conditions météorologiques, peu nombreux<br />
sont ceux qui parviennent à établir la relation <strong>de</strong> cause à effet entre ces<br />
événements et la façon dont le comportement individuel <strong>de</strong> chacun<br />
peut contribuer à atténuer les effets du changement climatique.<br />
A l’heure actuelle, le débat sur le changement climatique se déroule<br />
principalement au sein d’un petit nombre d’intellectuels, <strong>de</strong><br />
politiciens, <strong>de</strong> scientifiques et, dans une moindre mesure, parmi les<br />
gestionnaires <strong>de</strong>s agglomérations urbaines. Au fur et à mesure que les<br />
organisations non-gouvernementales et les médias partagent <strong>de</strong> plus<br />
en plus leurs connaissances, leurs ressources et leurs idées, <strong>de</strong> plus en<br />
plus nombreux sont ceux qui prennent conscience du changement<br />
climatique et <strong>de</strong> ses effets, mais beaucoup reste encore à faire. A<br />
partir du moment où la production agricole <strong>de</strong> la région repose<br />
principalement sur les précipitations, les populations rurales doivent<br />
également être tenues informées si elles veulent contribuer à tout effort<br />
d’adaptation au changement climatique ou d’atténuation <strong>de</strong> ses effets.<br />
Afin <strong>de</strong> combler les lacunes <strong>de</strong>s connaissances locales, les autorités<br />
municipales urbaines et nationales <strong>de</strong>vraient investir dans la<br />
sensibilisation <strong>de</strong>s populations à travers les responsables <strong>de</strong>s médias,<br />
<strong>de</strong>s institutions scientifiques, <strong>de</strong>s établissements scolaires, les<br />
dirigeants religieux et communautaires à tous les niveaux afin <strong>de</strong><br />
faire connaître le problème et faciliter l’élaboration <strong>de</strong>s réponses<br />
appropriées.<br />
Stratégies Urbaines D’adaptation au<br />
Changement Climatique<br />
La sécurité énergétique en milieu urbain est essentielle pour la<br />
croissance économique et la réduction <strong>de</strong> la pauvreté dans la région.<br />
En Afrique, où le bois, le charbon, et d’autres produits <strong>de</strong> la biomasse<br />
constituent près <strong>de</strong> 80 pour cent <strong>de</strong>s besoins domestiques en énergie<br />
primaire, plus <strong>de</strong> 550 millions <strong>de</strong> personnes n’ont pas accès à<br />
l’approvisionnement en énergie mo<strong>de</strong>rne 23 . Mais cela peut changer.<br />
La République Démocratique du Congo possè<strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s plus<br />
gran<strong>de</strong>s centrales hydro-électriques en Afrique dotée d’une capacité<br />
<strong>de</strong> 150.000 MW, soit trois fois la consommation électrique actuelle<br />
<strong>de</strong> l’Afrique. Le barrage d’Inga sur le fleuve Congo, a, à lui seul,<br />
le potentiel <strong>de</strong> générer 40.000 à 45.000 MW, une capacité <strong>de</strong><br />
production en mesure <strong>de</strong> satisfaire les besoins en énergie <strong>de</strong> la sousrégion<br />
<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> l’Afrique australe. Le fleuve Congo qui<br />
mesure plus <strong>de</strong> 4.500 km <strong>de</strong> long, est la <strong>de</strong>uxième cours d’eau du<br />
mon<strong>de</strong>, après l’Amazone pour le débit et comporte d’importantes<br />
chutes d’eau en Afrique, avec la possibilité <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong> l’électricité<br />
propre et renouvelable aux vastes régions <strong>de</strong> l’Afrique, <strong>de</strong> générer,<br />
dans le même processus, <strong>de</strong>s revenus énormes. La République<br />
Démocratique du Congo exporte actuellement <strong>de</strong> l’électricité vers<br />
l’Angola, le Burundi, le Congo, le Rwanda, la Zambie et le Zimbabwe.<br />
Le contraste qui frise le scandale est que 8 pour cent seulement <strong>de</strong><br />
la population <strong>de</strong> la République Démocratique du Congo a accès à<br />
l’électricité en raison d’une maintenance proprement calamiteuse<br />
(dans les rares cas) du réseau. Les recettes générées par l’exportation<br />
<strong>de</strong> l’électricité peuvent être investies dans la fourniture <strong>de</strong> l’énergie<br />
bon marché à l’ensemble <strong>de</strong> la République Démocratique du<br />
Congo, y compris ses villes. Les coûts très compétitifs <strong>de</strong> cette<br />
source d’énergie propre et renouvelable peut donner une formidable