L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
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N’Djamena au Tchad, ainsi que dans <strong>de</strong> nombreuses petites villes<br />
<strong>de</strong> la sous-région, les infrastructures sociales (dans les domaines <strong>de</strong> la<br />
santé et <strong>de</strong> l’éducation) se sont détériorées à <strong>de</strong>s niveaux franchement<br />
inquiétants. Les difficultés économiques qui ont frappé <strong>de</strong> plein fouet<br />
les principaux secteurs <strong>de</strong> l’économie ont se4rvi <strong>de</strong> ballon d’oxygène<br />
à l’économie informelle qui est <strong>de</strong>venue le principal fournisseur <strong>de</strong><br />
petits emplois <strong>de</strong> subsistance dans la plupart <strong>de</strong>s villes, poussant ainsi<br />
<strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> citadins dans <strong>de</strong>s batailles quotidiennes pour la survie.<br />
Le tableau 5.7 indique que d’importantes tranches <strong>de</strong> la population<br />
d’Afrique centrale n’ont pas accès à l’eau potable. A partir<br />
du moment où l’accès aux soins <strong>de</strong> santé se limite principalement<br />
aux classes aisées, il n’est pas surprenant que, dans six <strong>de</strong>s 10 pays<br />
d’Afrique centrale, l’espérance <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> plus d’un tiers <strong>de</strong> la population<br />
ne dépasse pas ans, parallèlement à la réduction <strong>de</strong> la mortalité<br />
infantile qui <strong>de</strong>meure plus lente que prévue. Il est déplorable <strong>de</strong><br />
constater que <strong>de</strong> toutes les régions importantes du mon<strong>de</strong>, l’Afrique<br />
est encore, <strong>de</strong> loin, celle où l’espérance <strong>de</strong> vie est la plus faible et le<br />
taux <strong>de</strong> mortalité infantile le plus élevé. De toute évi<strong>de</strong>nce, les pays<br />
d’Afrique centrale ne se sont pas donné la peine d’investir suffisamment<br />
dans le bien-être <strong>de</strong> leurs citoyens et, comme c’est toujours le<br />
cas, les pauvres sont les plus touchés.<br />
L’urbanisation <strong>de</strong> la pauvreté est un développement dramatique sur<br />
le continent africain, car elle est génératrice <strong>de</strong> contrastes alarmants<br />
entre la richesse <strong>de</strong>s quartiers d’affaires ou <strong>de</strong>s zones rési<strong>de</strong>ntielles<br />
pour les couches sociales à revenus élevé, d’une part, et la masse <strong>de</strong><br />
misérables croupissant dans les dans <strong>de</strong> vastes quartiers informels et<br />
les taudis, <strong>de</strong> l’autre 2 . Ces tendances sont le résultat tout à fait inutile<br />
et inacceptable d’un manque <strong>de</strong> ressources et d’opportunités inégalement<br />
partagées dans un environnement où la corruption et l’accumulation<br />
<strong>de</strong>s richesses sont endémiques. La bourgeoisie politicocommerciale<br />
<strong>de</strong> la région profite <strong>de</strong> son contrôle ou <strong>de</strong> son influence<br />
sur le gouvernement et les sociétés parapubliques pour piller leurs<br />
pays, dilapi<strong>de</strong>r les ressources nationales dans la poursuite flagrante<br />
et sans scrupules <strong>de</strong> l’enrichissement individuel 3 , au détriment <strong>de</strong>s<br />
dépenses dont les pays ont désespérément besoin dans les domaines<br />
<strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong> base et <strong>de</strong>s services sociaux tels que les transports<br />
publics, l’eau potable, l’électricité, l’éducation et la santé.<br />
A Brazzaville, Kinshasa, Libreville, Luanda, Malabo et Yaoundé,<br />
les élites politiques et économiques <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus riches<br />
au détriment d’immenses majorités <strong>de</strong> la population ou <strong>de</strong>s citadins<br />
pauvres. Dans certaines <strong>de</strong> ces villes, 10% <strong>de</strong> la population possè<strong>de</strong><br />
TABLEAU 5.7: indicateurs <strong>de</strong> la Pauvreté HuMaine dans les Pays <strong>de</strong> l’aFriQue centrale (2007)<br />
Pourcentage <strong>de</strong><br />
la populations<br />
sans accès à l’eau<br />
potable (%)<br />
Pourcentage <strong>de</strong><br />
la population dont<br />
l’espérance <strong>de</strong> vie est<br />
inférieure à 40 ans 40 (%)<br />
plus <strong>de</strong> 60% du revenu total, ce qui crée, trop souvent <strong>de</strong>s situations<br />
critiques qui mettent la vie en danger. Au Cameroun, par exemple,<br />
un enfant né dans les 20% <strong>de</strong>s ménages les plus pauvres est <strong>de</strong>ux fois<br />
plus susceptible <strong>de</strong> mourir avant l’âge <strong>de</strong> cinq ans que celui né dans<br />
les 20% <strong>de</strong>s familles les plus riches. Il en est <strong>de</strong> même, en Angola, pays<br />
pourtant riche en pétrole, où en dépit d’une croissance économique<br />
annuelle <strong>de</strong> 16,6% (2006/07), les ménages <strong>de</strong>s bidonvilles représentent<br />
plus <strong>de</strong> 80% <strong>de</strong> la population urbaine. Le cadre <strong>de</strong> vie précaire,<br />
l’assainissement inapproprié et l’approvisionnement en eau en quantités<br />
insuffisantes constituent tous <strong>de</strong>s facteurs d’aggravation <strong>de</strong>s<br />
problèmes <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong>s taudis qui entraînent non seulement<br />
à la multiplication <strong>de</strong>s maladies et <strong>de</strong>s décès, mais également<br />
à la hausse <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> santé, à la baisse <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> scolarisation<br />
et <strong>de</strong> rétention scolaire et à la diminution <strong>de</strong> la productivité.<br />
Le refus <strong>de</strong>s pays d’Afrique centrale <strong>de</strong> lutter contre la pauvreté et<br />
les inégalités en milieu urbain a conduit à l’émergence et à la prolifération<br />
rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bidonvilles dans toutes les villes <strong>de</strong> la sous-région,<br />
privant ainsi d’importants segments <strong>de</strong> la population urbaine<br />
<strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> satisfaire leurs besoins fondamentaux. En plus <strong>de</strong><br />
graves inégalités et <strong>de</strong> l’exclusion socio-économique, les habitants<br />
<strong>de</strong>s quartiers spontanés sont également fréquemment en proie à la<br />
malnutrition. L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la famine généralisée qui prévaut <strong>de</strong><br />
nos jours, est déplorable et totalement inutile, mais bien <strong>de</strong>s familles<br />
pauvres d’Afrique centrale et une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s populations<br />
urbaines <strong>de</strong> la sous-région souffrent <strong>de</strong> malnutrition chronique.<br />
Dans <strong>de</strong> nombreux bidonvilles <strong>de</strong> la sous-région, les femmes jouent<br />
un rôle essentiel dans la survie <strong>de</strong>s ménages, mais les femmes <strong>de</strong>s<br />
bidonvilles assument la charge la plus lour<strong>de</strong> <strong>de</strong>s inégalités et <strong>de</strong> l’exclusion<br />
sociales. Près <strong>de</strong> 95% <strong>de</strong>s femmes résidant dans les bidonvilles<br />
reconnaissent qu’elles ont besoin <strong>de</strong> structures d’encadrement,<br />
y compris <strong>de</strong>s facilités d’accès au crédit à court et à moyen terme,<br />
en vue <strong>de</strong> leur permettre d’améliorer la qualité <strong>de</strong> leur travail et la<br />
gestion <strong>de</strong> leurs ménages. Pour faire face aux crises récurrentes financière<br />
et <strong>de</strong> l’emploi, les habitants <strong>de</strong>s quartiers déshérités se battent<br />
pour la promotion <strong>de</strong> la parité entre les sexes et mènent <strong>de</strong>s actions<br />
affirmatives visant à impliquer davantage les femmes dans la gestion<br />
quotidienne du ménage et dans la prise <strong>de</strong> décision. En conséquence,<br />
les relations entre hommes et femmes au sein <strong>de</strong>s ménages urbains et<br />
<strong>de</strong>s bidonvilles se sont quelque peu améliorées 4 ces <strong>de</strong>rnières années,<br />
mais beaucoup reste encore à faire pour mo<strong>de</strong>rniser les conditions <strong>de</strong><br />
vie <strong>de</strong>s résidantes <strong>de</strong>s quartiers déshérités.<br />
espérance <strong>de</strong> vie<br />
à la naissance<br />
(années)<br />
Pourcentage <strong>de</strong>s<br />
enfants à insuffisance<br />
pondérale