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L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat

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ENCAdRé 6.3: coMMent le MozaMbiQue Peut rePrendre en Main l’urbanisation sPontanee<br />

En 2003, le ministère <strong>de</strong> l’Agriculture du<br />

Mozambique a <strong>de</strong>mandé que soit évaluée<br />

l’efficacité du régime <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong>s terres<br />

rurales dans tout le pays. Le rapport publié en 2006<br />

a mis en relief <strong>de</strong>s injustices notables entre les<br />

diverses pratiques en vigueur. La même année et<br />

avec le soutien d’ONU-HABITAT, le ministère pour<br />

la coordination <strong>de</strong>s affaires environnementales,<br />

qui est responsable <strong>de</strong> la gestion et <strong>de</strong> l’utilisation<br />

<strong>de</strong>s sols et <strong>de</strong> l’aménagement du territoire, a<br />

commandé une étu<strong>de</strong> du même type portant cette<br />

fois sur le marchés fonciers urbains dans les villes<br />

<strong>de</strong> Manica et <strong>de</strong> Nacala. L’objectif était <strong>de</strong> mettre<br />

en lumière les dynamiques à l’œuvre, d’évaluer les<br />

moyens <strong>de</strong> contrer l’injustice sociale, <strong>de</strong> porter un<br />

coup d’arrêt à l’expansion urbaine non durable,<br />

et d’optimiser l’utilisation socio-économique du<br />

foncier urbain. Il s’agissait aussi <strong>de</strong> déceler les<br />

facteurs d’expansion urbaine “durable” à moyen<br />

et long terme, ainsi que les meilleurs moyens <strong>de</strong><br />

rendre la tenure plus sûre et <strong>de</strong> promouvoir <strong>de</strong><br />

nouvelles formules <strong>de</strong> logement pro-pauvres pour<br />

améliorer les conditions <strong>de</strong> vie dans les taudis,<br />

comme prescrit par les Objectifs du Millénaire pour<br />

le développement.<br />

Les recherches conduites à Manica et Nacala<br />

ont mis au jour quatre canaux d’accès au foncier<br />

urbain : les systèmes coutumiers (19 pour cent),<br />

la distribution par les pouvoirs publics (13 pour<br />

cent), la simple occupation <strong>de</strong> bonne foi (six pour<br />

cent) et l’accès indirect (62 pour cent). Si l’accès<br />

indirect domine ainsi c’est que, en droit, on ne peut<br />

vendre aucun terrain au Mozambique. Toutefois, la<br />

loi foncière 14/97 autorise le transfert <strong>de</strong> propriété<br />

<strong>de</strong> bâtiments urbains avec droits d’utilisation du sol<br />

automatiques sur toute la parcelle. C’est donc à<br />

ces quatre canaux qu’il revient d’assurer (quoique<br />

<strong>de</strong> manière inefficace) la distribution foncière<br />

puisque, sauf rare exception, l’accès au foncier<br />

est ouvert à tout un chacun, <strong>de</strong> sorte que les villes<br />

du Mozambique ne portent pas les stigmates <strong>de</strong><br />

la pénurie <strong>de</strong> logements qui caractérise bien <strong>de</strong>s<br />

villes africaines. Tout cela veut dire qu’il n’est pas<br />

souhaitable <strong>de</strong> chercher à intervenir dans ces quatre<br />

mécanismes.<br />

Les recherches ont aussi permis d’établir que 63<br />

pour cent <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> porte sur <strong>de</strong>s terrains<br />

situés dans les zones péri-urbaines, 17 pour cent<br />

dans les zones urbanisées (Zona <strong>de</strong> Cimento –<br />

zone <strong>de</strong> béton) et 20 pour cent dans les ceintures<br />

vertes urbaines. Trois types <strong>de</strong> marché sont en<br />

fonctionnement dans les villes mozambicaines ;<br />

ils ont beau être théoriquement distincts, ils se<br />

retrouvent étroitement imbriqués en pratique:<br />

foncier urbain, logement, et logement locatif.<br />

Les grands types d’intervenants qu’on y trouve à<br />

l’œuvre sont les pouvoirs publics, responsables <strong>de</strong> la<br />

distribution officielle; le secteur privé, qui opère dans<br />

le marché formel; et la société civile, qui opère sur<br />

les marchés informels (lotissement, sous-location<br />

ou occupation simple) sans aucune autorisation<br />

formelle préalable.<br />

Ni les pouvoirs publics ni les marchés formels n’on à<br />

eux seuls les capacités qu’exigerait une distribution<br />

efficace qui puisse satisfaire toute la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

foncier dans les villes, ou pour faciliter l’articulation<br />

<strong>de</strong> cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> avec les zones rurales avoisinantes.<br />

C’est désormais le marché qui progressivement<br />

supplante les pouvoirs publics comme<br />

principal mécanisme d’allocation foncière (notamment<br />

dans les zones péri-urbaines où la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

est la plus forte). du coup, le foncier urbain se retrouve<br />

marchandisé et les valeurs foncières sont en<br />

hausse, au détriment <strong>de</strong> la justice sociale puisque<br />

les citadins pauvres se retrouvent marginalisés.<br />

Au Mozambique, l’expansion urbaine est un<br />

phénomène spontané. Le gouvernement se déclare<br />

incapable <strong>de</strong> la contrôler, tandis que le secteur<br />

privé observe que ce n’est pas son rôle, sauf<br />

lorsque <strong>de</strong>s occasions d’investissement profitable<br />

se présentent. L’investissement est fonction <strong>de</strong>s<br />

initiatives individuelles: les pauvres le font pour<br />

tenter <strong>de</strong> renforcer leur tenure, alors que les riches<br />

ne vont s’engager que lorsque celle-ci est garantie.<br />

Les principales recommandations du second rapport<br />

Source: Negrão, J. Urban Land Markets in Mozambique, Cruzeiro do Sul - Research Institute for Development, Maputo, à paraître. www.iid.org.mz<br />

Sous la pression <strong>de</strong> l’urbanisation rapi<strong>de</strong> en cours, l’expansion<br />

territoriale <strong>de</strong>s villes d’Afrique australe a abouti <strong>de</strong> plus en plus à<br />

la commercialisation <strong>de</strong> l’accès informel au foncier avec paiement<br />

en espèces ou en nature, y compris les ventes <strong>de</strong> biens-fonds saisis.<br />

Par conséquent, les transactions informelles sont désormais souvent<br />

consignées par écrit, ce qui donne au moins l’impression d’une<br />

sécurité <strong>de</strong> fait. Cela a amené certaines autorités publiques dans<br />

la sous-région à changer d’attitu<strong>de</strong>. Ainsi à Maseru, où plus <strong>de</strong> 80<br />

pour cent <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> foncière en ville est satisfaite par le marché<br />

informel, les allocations coutumières sont routinièrement reconnues<br />

par le droit formel. Les biens-fonds acquis <strong>de</strong> manière informelle<br />

peuvent désormais être enregistrés en tant qu’emphytéoses en bonne<br />

sont les suivantes:<br />

1. Les mécanismes actuels <strong>de</strong> distribution du<br />

foncier urbain doivent être conservés, mais<br />

une procédure progressive d’enregistrement<br />

doit être instituée dans les meilleurs délais.<br />

2. Il faut mettre en place <strong>de</strong> nouveaux modèles<br />

<strong>de</strong> gestion et d’administration foncières,<br />

qui facilitent la régularisation <strong>de</strong> toutes les<br />

transactions portant sur <strong>de</strong>s droits informels et<br />

permettent <strong>de</strong> rendre l’utilisation <strong>de</strong>s sols plus<br />

transparente, plus claire et plus durable.<br />

3. Les dispositifs existants <strong>de</strong> prêt au logement<br />

doivent être revus pour inclure les pauvres et<br />

favoriser l’auto-amélioration.<br />

4. Un système participatif <strong>de</strong> planification et <strong>de</strong><br />

gestion <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s sols décentralisé à<br />

l’échelon du quartier garantirait <strong>de</strong>s approches<br />

plus inclusives <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> l’urbanisation<br />

rapi<strong>de</strong>.<br />

5. <strong>de</strong>s zones tampon <strong>de</strong>vraient être mises en<br />

place entre quartiers formels et irréguliers afin<br />

<strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r l’agriculture urbaine tout en<br />

fournissant <strong>de</strong>s services adéquats aux zones<br />

urbaines irrégulières.<br />

Le rapport souligne aussi l’incapacité du<br />

gouvernement et <strong>de</strong>s municipalités à urbaniser<br />

les nouveaux terrains, mettre en place <strong>de</strong><br />

nouvelles infrastructures ou fournir <strong>de</strong>s services<br />

proportionnels à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> accrue. Cette<br />

incapacité favorise l’exclusion <strong>de</strong>s pauvres,<br />

l’expansion urbaine incontrôlée, l’apparition <strong>de</strong><br />

nouveaux taudis plus étendus et une plus gran<strong>de</strong><br />

pauvreté dans les villes, et c’est pourquoi il faut le<br />

surmonter. dans ces conditions, l’étu<strong>de</strong> appelle<br />

à la mise en place <strong>de</strong> nouveaux instruments<br />

qui permettent aux officiels municipaux et aux<br />

autorités locales avoisinantes <strong>de</strong> mieux prévoir<br />

l’expansion <strong>de</strong> leurs territoires respectifs et les<br />

ai<strong>de</strong>nt à mettre en place <strong>de</strong>s mesures préventives<br />

pour inverser les tendances les plus défavorables,<br />

y compris la prolifération <strong>de</strong> la pauvreté urbaine.<br />

et due forme. Toutefois, même lorsqu’elles sont reconnues, les<br />

procédures informelles restent pleines <strong>de</strong> pièges, les droits fonciers<br />

étant souvent mal définis, à moins qu’il y ait <strong>de</strong>s empiètements <strong>de</strong><br />

limites <strong>de</strong> propriétés non résolus, et les contrats ne sont pas toujours<br />

exécutoires en droit formel. En outre, les droits <strong>de</strong> transaction<br />

restent disproportionnellement élevés, ce qui décourage souvent<br />

l’investissement foncier.<br />

A Maputo, les marchés fonciers informels sont dominés par l’achat<br />

<strong>de</strong> terres rurales qui viennent d’être intégrées à la zone urbaine,<br />

le lotissement <strong>de</strong> parcelles urbaines existantes, et l’occupation <strong>de</strong><br />

terrains urbains qui ne se prêtent pas à l’habitat. Sur ces marchés<br />

on échange <strong>de</strong>s terrains non enregistrés, et ils servent avant tout les<br />

L’éTAT <strong>de</strong>s <strong>VILLes</strong> d’AFrIQUe AUsTrALe<br />

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