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L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat

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au foncier peut se faire <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s trois façons suivantes : (a) le<br />

“droit d’occupation”, qui donne accès à <strong>de</strong>s baux <strong>de</strong> court ou <strong>de</strong> long<br />

terme ; (b) les terrains non-distribués, abandonnés ou non attribués,<br />

révoqués ou mis en vente par <strong>de</strong>s fonctionnaires <strong>de</strong>s services fonciers;<br />

ou (c) en vertu d’un plan d’utilisation <strong>de</strong>s sols dûment approuvé.<br />

La distribution se fait sur la base dans l’ordre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s, la<br />

procédure souffre <strong>de</strong>s lenteurs <strong>de</strong> la bureaucratie et <strong>de</strong> la corruption.<br />

Par conséquent, dans la pratique, le marché foncier officiel ne<br />

satisfait que moins <strong>de</strong> 10 pour cent <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en ville, et ce sont<br />

les canaux non-officiels, qui s’appuient souvent sur <strong>de</strong>s procédures<br />

semi-légales ou <strong>de</strong> reconnaissance sociale, qui ont les faveurs <strong>de</strong> la<br />

plupart <strong>de</strong>s citadins.<br />

En Afrique <strong>de</strong> l’Est, les marchés fonciers urbains officiels<br />

comportement aussi <strong>de</strong>s aspects législatifs ou règlementaires à travers<br />

les règles d’urbanisme et d’enregistrement <strong>de</strong>s titres. Tel est le cas au<br />

Kenya, où le gouvernement publie les appels d’offres dans le Journal<br />

officiel. Les conditions qui s’attachent aux baux (avec <strong>de</strong>s primes<br />

et loyers calculés d’après les coûts pour les pouvoirs publics, plutôt<br />

que la valeur <strong>de</strong> marché) sont tellement favorables que ces occasions<br />

d’acquérir <strong>de</strong>s terrains à bas prix suscitent une concurrence intense<br />

et <strong>de</strong>s comportements peu licites, y compris <strong>de</strong>s accaparements<br />

massifs <strong>de</strong> terres, ce qui permet à un petit nombre d’opérateurs bien<br />

introduits d’accumuler les terrains cédés par l’Etat, excluant par là<br />

la majorité pauvre <strong>de</strong>s citadins. Une fois obtenu le titre <strong>de</strong> bail, le<br />

terrain est souvent revendu au prix du marché, ce qui permet <strong>de</strong><br />

dégager d’énormes bénéfices. La spéculation et toutes sortes <strong>de</strong><br />

scandales dans la distribution <strong>de</strong> terrains d’Etat sont <strong>de</strong>venues la<br />

norme. Par conséquent, il n’existe aujourd’hui quasiment plus <strong>de</strong><br />

terrains appartenant à l’Etat dans les villes du Kenya, où le marché<br />

officiel se trouve donc désormais presque entièrement entre les<br />

mains d’opérateurs privés qui n’en donnent l’accès qu’aux riches<br />

exclusivement. Les terrains privés représentent 18 pour cent <strong>de</strong><br />

la totalité <strong>de</strong>s surfaces. Les terrains en fiducie (détenus par les<br />

collectivités locales rurales pour le compte <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nts locaux pour<br />

l’exercice <strong>de</strong> leurs droits coutumiers) représentent 69 pour cent. Les<br />

terres <strong>de</strong> l’Etat ne représentent que les 13 pour cent restants et sous<br />

diverses formes (réserves à l’usage d’organismes publics, et les forêts,<br />

parcs nationaux, réserves zoologiques, pièces d’eau, terrains riches en<br />

minerais, et tout terrain à l’égard duquel aucun droit <strong>de</strong> propriété<br />

individuel ou collectif ne peut être établi par aucun processus<br />

juridique). Le foncier urbain ne représente que 0.7 pour cent <strong>de</strong> la<br />

superficie totale au Kenya et l’essentiel fait l’objet <strong>de</strong> titres en bonne<br />

et due forme, à l’exception <strong>de</strong> quelques poches isolées <strong>de</strong> terrains<br />

d’Etat non encore distribués.<br />

En Ouganda, le marché foncier n’en est qu’à ses débuts. Les<br />

fonctions <strong>de</strong> géomètre-expert et d’administration foncière n’étant<br />

pas encore bien établies, l’absence <strong>de</strong> données foncières fiables rend<br />

les transactions difficiles et risquées. L’Ouganda se caractérisait<br />

auparavant par <strong>de</strong>ux marchés bien distincts: (a) un marché officiel<br />

pur les transactions enregistrées en bonne et due forme, avec contrats<br />

<strong>de</strong> vente conformes au droit, enregistrés et signés ; et (b) un marché<br />

informel <strong>de</strong> droits d’utilisation <strong>de</strong>s biens-fonds qui n’étaient pas<br />

passés par l’enregistrement. La constitution <strong>de</strong> 1995 a aboli un<br />

précé<strong>de</strong>nt décret <strong>de</strong> réforme foncière qui avait converti tous les<br />

biens-fonds en baux à 99 ans. La nouvelle constitution a restauré les<br />

systèmes <strong>de</strong> tenure d’avant l’indépendance et reconnaît désormais :<br />

(a) la propriété pleine et entière; (b) les baux à long terme; (c) la<br />

tenure coutumière; et (d) le mailo (sous-location <strong>de</strong> terrains détenus<br />

en propriété pleine et entière).<br />

Les Marchés Fonciers Informels<br />

Les marchés fonciers informels d’Afrique <strong>de</strong> l’Est comportent<br />

aussi une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> pratiques qui procurent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés<br />

variables <strong>de</strong> sécurité en matière <strong>de</strong> tenure. Le plus informel <strong>de</strong> tous<br />

est probablement celui que l’on trouve en Somalie. Après plus d’une<br />

dizaine d’années sans véritable gouvernement central et l’érosion <strong>de</strong>s<br />

systèmes juridiques qui en est résulté, le foncier et l’immobilier sont<br />

<strong>de</strong>venus <strong>de</strong> sérieux sujets <strong>de</strong> préoccupation. Occupations illégales<br />

et accaparement se sont généralisés, suscitant continuellement <strong>de</strong><br />

nouveaux et violents conflits. Le système juridique formel n’est<br />

guère respecté puisqu’il s’avère soit inefficace soit coupé <strong>de</strong>s réalités.<br />

Comme les valeurs foncières urbaines continuent <strong>de</strong> monter, la<br />

spéculation est <strong>de</strong>venue un moyen très répandu <strong>de</strong> faire fortune.<br />

Tous les terrains non-occupés et d’une certaine valeur autour <strong>de</strong>s<br />

villes somaliennes ont été accaparés, y compris par les personnes<br />

déplacées qui ont envahi bien <strong>de</strong>s zones péri-urbaines.<br />

Confrontées à un problème <strong>de</strong> gestion foncière <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur,<br />

plusieurs municipalités somaliennes ont décidé <strong>de</strong> régulariser<br />

les occupations illégales. L’occupant-aménageur <strong>de</strong> biens-fonds<br />

accaparés ou envahis qui désire acquérir un titre <strong>de</strong> propriété a le<br />

choix entre <strong>de</strong>ux possibilités: (a) porter l’affaire <strong>de</strong>vant les tribunaux<br />

islamiques en <strong>de</strong>mandant une ordonnance confirmant son droit <strong>de</strong><br />

propriété; ou (b) régulariser directement avec l’autorité municipale<br />

le droit dont il se prévaut. S’il va <strong>de</strong>vant le tribunal, il lui faut quatre<br />

témoins qui peuvent attester, la main sur le Coran, que le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur<br />

occupe bien le terrain. Lorsque la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est faite à l’autorité<br />

municipale, le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur doit préciser l’emplacement <strong>de</strong> la parcelle,<br />

les dimensions ainsi que la durée <strong>de</strong> l’occupation, et s’acquitter <strong>de</strong>s<br />

arriérés d’impôt. Toutefois, bien <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs sont incapables <strong>de</strong><br />

payer les impôts, auquel le cas le bien revient à la municipalité qui<br />

peut alors expulser les occupants.<br />

On trouve un autre type d’intervention publique dans les marchés<br />

fonciers informels à Bujumbura, dans les quartiers populaires. Ceuxci<br />

ont largement échappé à la réglementation. L’autorité publique<br />

burundaise intervient par le biais <strong>de</strong> la délivrance <strong>de</strong> titres ou<br />

certificats provisoires obligatoires, qui donnent le droit d’occuper<br />

une parcelle <strong>de</strong> terrain dans l’une <strong>de</strong> ces zones, ce qui s’accompagne<br />

d’un certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong> la tenure. Ces titres ou certificats<br />

permettent aux autorités tout à la fois <strong>de</strong> réglementer ces transactions<br />

et d’en tirer <strong>de</strong>s revenus sous la forme <strong>de</strong> droits ou re<strong>de</strong>vances.<br />

Au Rwanda voisin, les marchés officiels du foncier et du logement<br />

urbains sont défaillants sous divers rapports, comme ils le sont aussi<br />

ailleurs en Afrique <strong>de</strong> l’Est. En 2002/03, par exemple, le marché<br />

officiel <strong>de</strong> Kigali ne traitait que 10 pour cent <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

Outre <strong>de</strong>s procédures bureaucratiques peu efficaces, les facteurs<br />

qui continuent à rejeter la majorité <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> Kigali dans<br />

l’illégalité ne sont autre que <strong>de</strong>s valeurs et <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> transfert<br />

élevés ainsi <strong>de</strong>s normes peu réalistes (au vu du revenu moyen urbain).<br />

Des baux en bonne et due forme avaient été accordés sous le régime<br />

“permis d’occuper,” mais la propriété restait à l’Etat qui était en droit<br />

<strong>de</strong> se réapproprier tout terrain urbain ou suburbain qui n’avait pas<br />

été aménagé aux normes dans un délai <strong>de</strong> cinq ans. La loi organique<br />

foncière <strong>de</strong> 2005 a reconnu la propriété foncière privée et a ouvert<br />

la voie à la privatisation du marché foncier. Toutefois, les politiques<br />

foncières et <strong>de</strong> l’habitat à Kigali contraignent toujours la gran<strong>de</strong><br />

majorité (90 pour cent) <strong>de</strong>s citadins à recourir au marché informel<br />

et à l’illégalité. Les nouveaux cadres officiels d’administration<br />

foncière sont en concurrence directe avec les systèmes informels<br />

qui gouvernent désormais 98 pour cent <strong>de</strong> l’économie foncière<br />

L’éTAT <strong>de</strong>s <strong>VILLes</strong> d’AFrIQUe <strong>de</strong> L’esT<br />

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