L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
La tenure coutumière<br />
La tenure coutumière reste, <strong>de</strong> loin, la plus répandue dans les villes<br />
d’Afrique centrale et <strong>de</strong> l’Ouest. Au sens strict du terme, la propriété<br />
foncière coutumière désigne la possession collective <strong>de</strong> droits d’utilisation<br />
et d’attribution <strong>de</strong> terrains agricoles ou <strong>de</strong> pâture par un<br />
groupe qui a en partage la même i<strong>de</strong>ntité culturelle. La<br />
commercialisation <strong>de</strong>s canaux coutumiers <strong>de</strong> fourniture <strong>de</strong> terrains<br />
a modifié les relations au sein <strong>de</strong>s systèmes coutumiers, et on ne<br />
trouve plus la forme originelle <strong>de</strong> la tenure coutumière dans les zones<br />
urbaines ou semi-urbaines, ni même dans bon nombre <strong>de</strong> zones rurales.<br />
C’est pourquoi il vaudrait mieux parler <strong>de</strong> tenure et <strong>de</strong> marchés<br />
fonciers “néo-coutumiers” (Durand-Lasserve & Mattingly, 2005).<br />
La tenure coutumière régit une large gamme <strong>de</strong> situations, parmi<br />
lesquelles c’est avant tout le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> reconnaissance par les pouvoirs<br />
publics qui fait la différence puisqu’il déci<strong>de</strong> tant <strong>de</strong> la sécurité que<br />
<strong>de</strong> la possibilité d’être intégré dans le marché foncier officiel. Les<br />
droits fonciers coutumiers ont beau être reconnus par les pouvoirs<br />
publics la plupart du temps (que ce soit <strong>de</strong> par la législation et/ou<br />
ENCAdRé 3.3: la tenure coutuMiere au GHana<br />
s<br />
Canton <strong>de</strong> Cape Coast, au Ghana. ©trevor Kittelty/shutterstock<br />
Au Ghana, les droits fonciers coutumiers sont<br />
reconnus et protégés par la constitution <strong>de</strong> 1992.<br />
Les propriétaires indigènes exercent tous les droits<br />
attachés à la propriété: propriété, gestion, vente,<br />
recevoir paiement, déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s usufruitiers, les<br />
conditions générales <strong>de</strong> l’octroi <strong>de</strong> ces droits,<br />
fixation du prix, etc. En dépit <strong>de</strong> tous ces droits<br />
formels, pourtant, la propriété foncière coutumière<br />
est souvent considérée comme informelle en raison<br />
<strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> la transition sur le marché. Au Ghana,<br />
c’est 90-95 pour cent <strong>de</strong>s terrains péri-urbains qui<br />
sont détenus et gérés par la coutume. Les régimes<br />
juridiques et coutumiers fonctionnent en parallèle,<br />
ce qui veut dire qu’il n’est pas toujours facile <strong>de</strong><br />
déterminer qui est habilité à aliéner une parcelle <strong>de</strong><br />
terrain (Augustinus, 2002).<br />
la constitution), cette reconnaissance est habituellement limitée à<br />
certains types <strong>de</strong> sols ou <strong>de</strong> zones. Tel est le cas, par exemple, du<br />
Ghana (voir Encadré 3.3), notamment dans la région <strong>de</strong> Kumasi,<br />
ou en Guinée à Conakry 3 , et plus récemment, moyennant certaines<br />
restrictions, au Burkina Faso, au Mali et au Niger, où <strong>de</strong>puis 2000/02<br />
le droit reconnaît la propriété foncière collective coutumière. Cela<br />
n’empêche pas que les droits <strong>de</strong> propriété peuvent être annulés si<br />
les détenteurs <strong>de</strong> droits coutumiers ne se conforment pas à leur<br />
obligation <strong>de</strong> mettre le terrain en valeur dans un délai bien défini.<br />
Dans certains pays d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest, où la reconnaissance<br />
<strong>de</strong>s systèmes coutumiers est limitée aux zones rurales, les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gestion coutumière sont souvent tolérés dans les zones suburbaines.<br />
Cela signifie que les instances coutumières peuvent opérer en zone<br />
urbaine, mais à leur propre risque, vu les pouvoirs discrétionnaires<br />
<strong>de</strong> l’Etat sur le foncier. Dans les anciennes colonies françaises, cette<br />
situation est clairement liée au concept <strong>de</strong> propriété (a) tel qu’il est<br />
défini par le co<strong>de</strong> civil, et (b) comme faisant partie d’un modèle<br />
politique centralisé hérité <strong>de</strong> la France qui se caractérise par le mo-<br />
dans tout le pays, 80 pour cent <strong>de</strong>s terres<br />
sont détenues et gérées sous et par le régime<br />
coutumier. Le sol<strong>de</strong> est propriété <strong>de</strong> l’Etat sous<br />
divers régimes juridiques avec diverses pratiques,<br />
qui vont <strong>de</strong> la propriété pleine et entière à la<br />
gestion par l’Etat <strong>de</strong> terrains dépendant du régime<br />
<strong>de</strong> la coutume.<br />
L’éTAT <strong>de</strong>s <strong>VILLes</strong> d’AFrIQUe <strong>de</strong> L’OUesT<br />
107