L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
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TABLEAU 5.8: coeFFicients <strong>de</strong> Gini Pour certains Pays et villes<br />
d’aFriQue centrale<br />
Pays Coefficient <strong>de</strong> Gini<br />
Angola 0.586<br />
Tchad 0.397<br />
Bangui 0.420 7<br />
Brazzaville 0.450 9<br />
Kinshasa 0.390 8<br />
Libreville 0.414<br />
Yaoundé 0.410 6<br />
Source: Annuaire statistique <strong>de</strong> l’Afrique - 2009<br />
GRAPHIQUE 5.4: coeFFicients <strong>de</strong> Gini Pour certains Pays et villes<br />
d’aFriQue centrale<br />
Coefficient <strong>de</strong> Gini<br />
0.60<br />
0.55<br />
0.50<br />
0.45<br />
0.40<br />
0.35<br />
0.30<br />
Angola<br />
Yaoundé<br />
Tchad<br />
Source: Annuaire statistique <strong>de</strong> l’Afrique - 2009<br />
Bangui<br />
Kinshasa Brazzaville<br />
Libreville<br />
non essentielles et jugées superflues telles que les vêtements, les<br />
chaussures et les accessoires <strong>de</strong> maison, ce qui a inci<strong>de</strong>mment<br />
provoqué <strong>de</strong>s baisses <strong>de</strong> prix spectaculaires dans plusieurs <strong>de</strong>s villes<br />
d’Afrique centrale. A Kinshasa, par exemple, le budget moyen <strong>de</strong>s<br />
dépenses alimentaires représentait, en 2008 12 , 74% <strong>de</strong> l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s dépenses domestiques, alors que le ratio <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières était<br />
<strong>de</strong> 70% en 2002 13 . La baisse parallèle <strong>de</strong> la consommation d’articles<br />
non essentiels a eu <strong>de</strong>s répercussions négatives sur les recettes <strong>de</strong>s<br />
producteurs et <strong>de</strong>s ven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> ces biens <strong>de</strong> consommation. Il y<br />
a, cependant, <strong>de</strong> quoi distinguer plus nettement les inégalités <strong>de</strong><br />
revenu et <strong>de</strong> consommation que les aspects <strong>de</strong> l’économie en milieu<br />
urbain . Les données ont montré que les tensions politiques et<br />
les troubles sociaux sont monnaie courante dans les villes où les<br />
inégalités <strong>de</strong> revenu et <strong>de</strong> consommation sont élevées, comme c’est<br />
le cas à Bangui, Brazzaville, Kinshasa, Luanda et Yaoundé (dont<br />
les coefficients <strong>de</strong> Gini varient entre 0,43 et 0,58). La répartition<br />
très inégale <strong>de</strong>s revenus est clairement l’une <strong>de</strong>s principales causes<br />
du sous-développement et <strong>de</strong>s conflits en Afrique centrale.<br />
Avec l’expansion <strong>de</strong>s économies pétrolières, les capitales <strong>de</strong><br />
l’Angola, du Tchad, du Congo, <strong>de</strong> la Guinée Equatoriale et du<br />
Gabon ont connu l’augmentation du nombre <strong>de</strong>s travailleurs<br />
bien rémunérés et hautement qualifiés. Mais la richesse pétrolière<br />
tend à alimenter l’inflation <strong>de</strong>s prix, tandis que la répartition<br />
inégale <strong>de</strong>s richesses renforce les inégalités existantes en matière<br />
<strong>de</strong> consommation et <strong>de</strong> revenu et creuse l’écart qui prévaut dans<br />
la satisfaction <strong>de</strong>s besoins fondamentaux. Les experts en sciences<br />
sociales qui étudient les effets <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong> revenu ont<br />
montré que les inégalités en matière <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s richesses ne<br />
sont pas seulement préjudiciables au développement, mais que les<br />
inégalités <strong>de</strong> revenu très gran<strong>de</strong>s en milieu urbain compromettent<br />
sérieusement la stabilité et la cohésion sociales.<br />
Stratégies <strong>de</strong> Survie <strong>de</strong>s Habitants <strong>de</strong> Taudis<br />
Malgré les progrès économiques réalisés dans <strong>de</strong> nombreux pays<br />
d’Afrique centrale, la corruption endémique, le pillage <strong>de</strong>s fonds<br />
publics et le manque d’éthique et <strong>de</strong> morale professionnelle entravent<br />
la distribution du revenu et le partage <strong>de</strong>s richesses nationales. Cette<br />
situation a créé le chaos dans les marchés urbains du travail, en<br />
particulier entre 1980 et 2000, et les populations urbaines démunies<br />
sont souvent soumises à <strong>de</strong> multiples privations 14 . Des réductions<br />
drastiques <strong>de</strong>s salaires réels <strong>de</strong>s citadins, d’importantes disparités<br />
<strong>de</strong> revenus entre ces <strong>de</strong>rniers et <strong>de</strong>s niveaux élevés <strong>de</strong> chômage et<br />
la pauvreté ambiante qui en résulte ont forcé tous les habitants <strong>de</strong><br />
taudis <strong>de</strong> la sous-région à compléter leurs revenus, en recourant à <strong>de</strong>s<br />
combinaisons d’activités appropriées et / ou inappropriées 15 .<br />
Pour joindre les <strong>de</strong>ux bouts, <strong>de</strong> nombreux fonctionnaires à faible<br />
salaire ou privés <strong>de</strong> salaires <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> la sous-région (dont beaucoup<br />
sont <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong>s bidonvilles) n’ont d’autre option, que <strong>de</strong><br />
combiner leur travail officiel avec <strong>de</strong>s activités informelles. Dans<br />
bien <strong>de</strong>s villes d’Afrique centrale, les crises économiques et politiques<br />
ont conduit à la baisse, à l’absence et parfois au détournement <strong>de</strong>s<br />
services municipaux par <strong>de</strong>s fonctionnaires privés <strong>de</strong> leurs salaires<br />
ou par <strong>de</strong>s chefs traditionnels. A Kinshasa, les citadins sont, à<br />
l’heure actuelle, en train <strong>de</strong> réinventer l’ordre public, en mettant<br />
en place <strong>de</strong> nouvelles formes d’organisation sociale, dont la finalité<br />
est <strong>de</strong> compenser les défaillances écrasantes <strong>de</strong> l’État-nation 16 . Les<br />
fonctionnaires <strong>de</strong> Kinshasa restent souvent <strong>de</strong>s mois entiers sans<br />
percevoir leurs salaires et ont, par nécessité, ouvert <strong>de</strong>s bureaux<br />
parallèles par le canal <strong>de</strong>squels ils tirent leur revenus en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s<br />
structures officielles. De fausses quittances (faux reçus), l’utilisation<br />
frauduleuse <strong>de</strong> la papeterie officielle et <strong>de</strong> fausses signatures leur<br />
permettent <strong>de</strong> compléter leurs salaires, au lieu <strong>de</strong> reverser les recettes<br />
perçues dans le trésor public 17 . Cette situation a fini par dégénéré<br />
en cercle vicieux <strong>de</strong> la ‘privatisation’ <strong>de</strong>s recettes municipales, <strong>de</strong><br />
la dépossession <strong>de</strong>s municipalités <strong>de</strong>s revenus bien nécessaires.<br />
Pour assurer leur survie dans une ville chère, où l’argent est roi et pour<br />
soulager leur état <strong>de</strong> pauvreté souvent aggravée, les fonctionnaires<br />
ren<strong>de</strong>nt impossible la fourniture d’un service public sans l’obtention,<br />
<strong>de</strong> la part du bénéficiaire, <strong>de</strong>s frais supplémentaires <strong>de</strong> ‘facilitation’<br />
<strong>de</strong> la procédure. Après <strong>de</strong>s mois <strong>de</strong> privation <strong>de</strong> salaire, les<br />
fonctionnaires exigent <strong>de</strong>s honoraires du public ou <strong>de</strong>s entreprises<br />
qui ont besoin <strong>de</strong> leurs services. Dans presque tous les bureaux<br />
<strong>de</strong> l’administration publique, les fonctionnaires peuvent délivrer<br />
soit <strong>de</strong>s reçus officiels en bonne et due forme, soit <strong>de</strong>s semblants<br />
<strong>de</strong> quittances privées presqu’i<strong>de</strong>ntiques avec la particularité que les<br />
montants facturés pour les prestations <strong>de</strong> service se retrouvent soit<br />
dans coffres publics, soit dans les poches privées, selon le type <strong>de</strong> reçu<br />
délivré par l’agent <strong>de</strong> l’Etat. L’autre caractéristique commune est le<br />
pillage <strong>de</strong> la papeterie <strong>de</strong> bureau, <strong>de</strong>s ordinateurs, du mobilier, <strong>de</strong>s<br />
équipements <strong>de</strong> climatisation, <strong>de</strong>s télécopieurs, <strong>de</strong>s photocopieurs,<br />
<strong>de</strong>s véhicules automobiles, etc., par <strong>de</strong>s fonctionnaires à<br />
tous les niveaux après chaque remaniement ministériel.<br />
L’offre d’emplois urbains et les salaires réguliers ont considérablement<br />
baissé en Afrique centrale alors que la population active a connu une<br />
croissance rapi<strong>de</strong>. Face à cette situation, les habitants <strong>de</strong>s bidonvilles<br />
ont développé leurs propres initiatives locales <strong>de</strong> survie par la création<br />
d’emplois non salariés dans le secteur informel. L’expérience montre<br />
que, dans toutes les villes d’Afrique centrale, l’économie informelle<br />
ne cesse <strong>de</strong> croître, au fur et à mesure (ou en raison) <strong>de</strong> la stagnation<br />
du secteur formel.<br />
L’éTAT <strong>de</strong>s <strong>VILLes</strong> d’AFrIQUe ceNTrALe<br />
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