L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
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cHAPITre QUATre<br />
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du marché foncier urbain tel qu’on le voit fonctionner à Kampala,<br />
où bien <strong>de</strong>s transactions portant sur <strong>de</strong>s terrains titrés n’apparaissent<br />
pas au livre foncier. Tout cela donne à penser qu’avec quelques coups<br />
<strong>de</strong> pouce bien avisés <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s autorités foncières officielles,<br />
le secteur informel pourrait préparer la voie à une sorte d’autorégulation<br />
<strong>de</strong>s marchés fonciers dans les villes d’Ouganda.<br />
Kenya<br />
Etant donné l’absence presque complète <strong>de</strong> terrains vacants<br />
appartenant à l’Etat dans les villes du Kenya, trois sources ont fait<br />
leur apparition: (a) les lotissements <strong>de</strong> terrains tirés; (b) les projets<br />
publics d’aménagement; et (c) les transactions portant sur <strong>de</strong>s<br />
terrains non titrés. En lotissant <strong>de</strong>s terrains titrés, on rend souvent la<br />
propriété informelle, puisque la plupart <strong>de</strong>s lots ainsi créés ne sont<br />
pas tirés. Dans ce système, <strong>de</strong>s terrains péri-urbains sont achetés<br />
par un groupe dont chaque membre se voit remettre une part sous<br />
forme <strong>de</strong> certificat. Le terrain est ensuite découpé et occupé sans<br />
l’approbation obligatoire <strong>de</strong> lotissement qui exigerait <strong>de</strong>s plans<br />
d’agencement en bonne et due forme, <strong>de</strong>s relevés cadastraux et la<br />
fourniture <strong>de</strong> services tout en se conformant aux normes coûteuses<br />
imposées par le conseil municipal <strong>de</strong> l’endroit. La vente <strong>de</strong> certificats<br />
<strong>de</strong> parts non enregistrés se poursuit sans faiblir, et ils ne sont visés<br />
que par les membres désignés par le groupe. C’est ainsi que, tout<br />
comme les occupations illégales (squats, avec leurs lotissements nonautorisés),<br />
la seule raison pour laquelle <strong>de</strong> nombreux établissements<br />
(comme le Zimmerman Estate à Nairobi) ne peuvent pas être titrés<br />
est qu’ils ne remplissent pas les critères exigés pour se voir accor<strong>de</strong>r<br />
le statut d’ “aménagement d’un coût non abordable”. C’est ce qui<br />
fait qu’un terrain pourvu d’un titre en bonne et due forme tombe<br />
dans la catégorie “informelle” en raison <strong>de</strong>s aménagements qui y sont<br />
apportés.<br />
Les transactions portant sur <strong>de</strong>s projets publics d’aménagement<br />
peuvent inclure aussi <strong>de</strong>s projets du type site viabilisé ou locationachat.<br />
Des cessions se font sur le marché en recourant à <strong>de</strong>s<br />
instruments juridiques comme la procuration en bonne et due forme<br />
et peuvent être ou non enregistrées en tant que documents, plutôt<br />
qu’en tant que cessions foncières. Les exemples à Nairobi incluent<br />
le projet <strong>de</strong> site viabilisé à 20 ans <strong>de</strong> la Société nationale <strong>de</strong> l’habitat<br />
(National Housing Corporation) à Nyayo High-rises, ou les nombreux<br />
projets viabilisés qui n’ont pas encore été titrés. Ces lots viabilisés<br />
continuent à changer <strong>de</strong> mains sans être enregistrés.<br />
Les transactions sur les terrains dépourvus <strong>de</strong> titres portent sur <strong>de</strong>s<br />
terrains appartenant aux pouvoirs publics (droits <strong>de</strong> passage, espaces<br />
ouverts, zones <strong>de</strong> circulation, etc.) pour lesquelles les autorités<br />
provinciales ou municipales peuvent délivrer <strong>de</strong>s lettres <strong>de</strong> valeur<br />
quasi-légale autorisant l’occupation “temporaire”. Les bénéficiaires<br />
qui ont construit <strong>de</strong>s structures peuvent les vendre sur le marché<br />
informel, en présence <strong>de</strong>s autorités qui ont délivré les lettres<br />
d’attribution, ou <strong>de</strong> comités <strong>de</strong> village comme par exemple dans le<br />
squat <strong>de</strong> Korogocho à Nairobi.<br />
L’économie Politique du Foncier Urbain<br />
Les liens entre le foncier et le pouvoir politique sont inextricables,<br />
comme l’est celui entre le foncier et la loi néo-libérale du marché.<br />
Les pays d’Afrique <strong>de</strong> l’Est émergent d’un passé récent où la terre<br />
était soit coutumière, soit la propriété d’un gouvernement colonial.<br />
Après l’indépendance, ces <strong>de</strong>ux systèmes ont continué à opérer<br />
côte à côte. Le foncier urbain était en général la propriété <strong>de</strong>s<br />
pouvoirs publics et loué à <strong>de</strong>s utilisateurs individuels pour faciliter<br />
le contrôle <strong>de</strong>s aménagements, l’efficacité <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s sols à<br />
travers l’urbanisme, et la collecte <strong>de</strong> recettes à travers la fiscalité. Les<br />
attributions <strong>de</strong> terrains publics en ville à travers les marchés officiels<br />
sont <strong>de</strong>stinées à constituer <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> revenus importants pour<br />
les collectivités locales. Toutefois, l’évolution n’a pas été celle qui<br />
avait été prévue dans plusieurs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> la sous-région, et ce pour<br />
plusieurs raisons, dont les suivantes :<br />
• Le manque <strong>de</strong> capacités, parmi les collectivités locales, en matière<br />
d’urbanisme participatif, <strong>de</strong> zonage et <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s lotissements<br />
et aménagements;<br />
• La corruption très répandue parmi les responsables <strong>de</strong> la gestion<br />
du domaine foncier public;<br />
• L’absence d’une information exacte, à jour et suffisante en matière<br />
<strong>de</strong> foncier urbain ;<br />
• L’absence d’une planification qui permette <strong>de</strong> fournir les surfaces<br />
voulues aux endroits voulus et à <strong>de</strong>s prix abordables, cette absence<br />
ayant encouragé les fortes hausses du foncier urbain, la spéculation et<br />
le recours aux “raccourcis” pour se rendre acquéreur <strong>de</strong> terrains; et<br />
• L’absence <strong>de</strong> voies <strong>de</strong> recours viables en droit, dont notamment<br />
la restitution ou l’in<strong>de</strong>mnisation en cas <strong>de</strong> violation du droit en<br />
matière foncière ou économique.<br />
Les élites politiques et économiques bien introduites ont fait main<br />
basse sur le foncier urbain, restreignant ainsi tout accès équitable<br />
pour une large gamme d’utilisations et d’occupations économiques.<br />
La gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s citadins, qui ne sont pas si bien introduits, se<br />
sont retrouvés systématiquement exclus <strong>de</strong> l’accès en bonne et due<br />
forme au foncier urbain par <strong>de</strong>s procédures administratives pesantes,<br />
ce qui ne leur laissait d’autre choix que le marché foncier parallèle,<br />
informel, irrégulier et ses divers <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> sécurité en matière <strong>de</strong><br />
tenure. Les risques (d’expulsion forcée) qui s’attachent <strong>de</strong> ce fait<br />
au foncier ainsi cédé dans <strong>de</strong>s conditions irrégulières découragent<br />
la majorité pauvre <strong>de</strong>s citadins d’investir durablement dans leur<br />
logement, d’où les cabanes <strong>de</strong>s bidonvilles et les taudis.<br />
Les terrains ainsi occupés <strong>de</strong> manière irrégulière échappent à la<br />
fiscalité, d’où une perte <strong>de</strong> recettes pour les municipalités, y compris<br />
les droits <strong>de</strong> cession, les impôts locaux ou l’impôt foncier. Pour ne<br />
rien arranger, le foncier urbain, ressource limitée par définition,<br />
n’est pas toujours utilisé aussi efficacement qu’il le pourrait – loin<br />
s’en faut. Il faut donc trouver le bon système qui soit en mesure <strong>de</strong><br />
fournir les surfaces voulues, au moment voulu et d’une manière qui<br />
soit d’un bon rapport qualité/coût.<br />
Dans quasiment toutes les villes d’Afrique <strong>de</strong> l’Est, on peut<br />
trouver les bonnes solutions qui font d’un meilleur usage du foncier<br />
urbain une source <strong>de</strong> revenus pour la municipalité. Par exemple, à<br />
proximité du centre géographique <strong>de</strong> Nairobi se trouve une vaste gare<br />
<strong>de</strong> triage où stationne une sélection hétéroclite <strong>de</strong> matériel roulant<br />
faisant office en principe <strong>de</strong> musée <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer. A proximité<br />
immédiate du quartier <strong>de</strong>s affaires, cet accroc au cœur <strong>de</strong> la trame<br />
urbaine pourrait bien représenter l’un <strong>de</strong>s pires exemples <strong>de</strong> nonintervention.<br />
Ce terrain on ne peut mieux placé est d’une immense<br />
valeur et un bon réaménagement dégagerait pour la municipalité <strong>de</strong>s<br />
recettes dont elle a grand besoin. Ailleurs en Afrique <strong>de</strong> l’Est, les<br />
autres gran<strong>de</strong>s municipalités feraient bien <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à l’inventaire<br />
critique <strong>de</strong>s terrains urbains sous-utilisés et <strong>de</strong> mettre sur le marché<br />
tout terrain dont l’attribution fonctionnelle passée ne peut ni ne<br />
doit plus se justifier aujourd’hui. Ces fonctions incluent notamment<br />
les enceintes militaires, les étendues riveraines à l’abandon et autres<br />
terrains urbains bien situés et sous-utilisés.<br />
En Tanzanie, les pouvoirs publics ont réformé le recouvrement<br />
<strong>de</strong>s impôts locaux, en supprimant les instruments inefficaces et en<br />
rationalisant les systèmes d’impôts locaux (barèmes et modalités<br />
<strong>de</strong> recouvrement). Les réformes portent aussi sur la compensation,<br />
par le gouvernement central, <strong>de</strong>s manques à gagner fiscaux <strong>de</strong>s<br />
collectivités locales. 13