22.06.2013 Views

L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat

L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat

L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

cHAPITre QUATre<br />

146<br />

du marché foncier urbain tel qu’on le voit fonctionner à Kampala,<br />

où bien <strong>de</strong>s transactions portant sur <strong>de</strong>s terrains titrés n’apparaissent<br />

pas au livre foncier. Tout cela donne à penser qu’avec quelques coups<br />

<strong>de</strong> pouce bien avisés <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s autorités foncières officielles,<br />

le secteur informel pourrait préparer la voie à une sorte d’autorégulation<br />

<strong>de</strong>s marchés fonciers dans les villes d’Ouganda.<br />

Kenya<br />

Etant donné l’absence presque complète <strong>de</strong> terrains vacants<br />

appartenant à l’Etat dans les villes du Kenya, trois sources ont fait<br />

leur apparition: (a) les lotissements <strong>de</strong> terrains tirés; (b) les projets<br />

publics d’aménagement; et (c) les transactions portant sur <strong>de</strong>s<br />

terrains non titrés. En lotissant <strong>de</strong>s terrains titrés, on rend souvent la<br />

propriété informelle, puisque la plupart <strong>de</strong>s lots ainsi créés ne sont<br />

pas tirés. Dans ce système, <strong>de</strong>s terrains péri-urbains sont achetés<br />

par un groupe dont chaque membre se voit remettre une part sous<br />

forme <strong>de</strong> certificat. Le terrain est ensuite découpé et occupé sans<br />

l’approbation obligatoire <strong>de</strong> lotissement qui exigerait <strong>de</strong>s plans<br />

d’agencement en bonne et due forme, <strong>de</strong>s relevés cadastraux et la<br />

fourniture <strong>de</strong> services tout en se conformant aux normes coûteuses<br />

imposées par le conseil municipal <strong>de</strong> l’endroit. La vente <strong>de</strong> certificats<br />

<strong>de</strong> parts non enregistrés se poursuit sans faiblir, et ils ne sont visés<br />

que par les membres désignés par le groupe. C’est ainsi que, tout<br />

comme les occupations illégales (squats, avec leurs lotissements nonautorisés),<br />

la seule raison pour laquelle <strong>de</strong> nombreux établissements<br />

(comme le Zimmerman Estate à Nairobi) ne peuvent pas être titrés<br />

est qu’ils ne remplissent pas les critères exigés pour se voir accor<strong>de</strong>r<br />

le statut d’ “aménagement d’un coût non abordable”. C’est ce qui<br />

fait qu’un terrain pourvu d’un titre en bonne et due forme tombe<br />

dans la catégorie “informelle” en raison <strong>de</strong>s aménagements qui y sont<br />

apportés.<br />

Les transactions portant sur <strong>de</strong>s projets publics d’aménagement<br />

peuvent inclure aussi <strong>de</strong>s projets du type site viabilisé ou locationachat.<br />

Des cessions se font sur le marché en recourant à <strong>de</strong>s<br />

instruments juridiques comme la procuration en bonne et due forme<br />

et peuvent être ou non enregistrées en tant que documents, plutôt<br />

qu’en tant que cessions foncières. Les exemples à Nairobi incluent<br />

le projet <strong>de</strong> site viabilisé à 20 ans <strong>de</strong> la Société nationale <strong>de</strong> l’habitat<br />

(National Housing Corporation) à Nyayo High-rises, ou les nombreux<br />

projets viabilisés qui n’ont pas encore été titrés. Ces lots viabilisés<br />

continuent à changer <strong>de</strong> mains sans être enregistrés.<br />

Les transactions sur les terrains dépourvus <strong>de</strong> titres portent sur <strong>de</strong>s<br />

terrains appartenant aux pouvoirs publics (droits <strong>de</strong> passage, espaces<br />

ouverts, zones <strong>de</strong> circulation, etc.) pour lesquelles les autorités<br />

provinciales ou municipales peuvent délivrer <strong>de</strong>s lettres <strong>de</strong> valeur<br />

quasi-légale autorisant l’occupation “temporaire”. Les bénéficiaires<br />

qui ont construit <strong>de</strong>s structures peuvent les vendre sur le marché<br />

informel, en présence <strong>de</strong>s autorités qui ont délivré les lettres<br />

d’attribution, ou <strong>de</strong> comités <strong>de</strong> village comme par exemple dans le<br />

squat <strong>de</strong> Korogocho à Nairobi.<br />

L’économie Politique du Foncier Urbain<br />

Les liens entre le foncier et le pouvoir politique sont inextricables,<br />

comme l’est celui entre le foncier et la loi néo-libérale du marché.<br />

Les pays d’Afrique <strong>de</strong> l’Est émergent d’un passé récent où la terre<br />

était soit coutumière, soit la propriété d’un gouvernement colonial.<br />

Après l’indépendance, ces <strong>de</strong>ux systèmes ont continué à opérer<br />

côte à côte. Le foncier urbain était en général la propriété <strong>de</strong>s<br />

pouvoirs publics et loué à <strong>de</strong>s utilisateurs individuels pour faciliter<br />

le contrôle <strong>de</strong>s aménagements, l’efficacité <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s sols à<br />

travers l’urbanisme, et la collecte <strong>de</strong> recettes à travers la fiscalité. Les<br />

attributions <strong>de</strong> terrains publics en ville à travers les marchés officiels<br />

sont <strong>de</strong>stinées à constituer <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> revenus importants pour<br />

les collectivités locales. Toutefois, l’évolution n’a pas été celle qui<br />

avait été prévue dans plusieurs <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> la sous-région, et ce pour<br />

plusieurs raisons, dont les suivantes :<br />

• Le manque <strong>de</strong> capacités, parmi les collectivités locales, en matière<br />

d’urbanisme participatif, <strong>de</strong> zonage et <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s lotissements<br />

et aménagements;<br />

• La corruption très répandue parmi les responsables <strong>de</strong> la gestion<br />

du domaine foncier public;<br />

• L’absence d’une information exacte, à jour et suffisante en matière<br />

<strong>de</strong> foncier urbain ;<br />

• L’absence d’une planification qui permette <strong>de</strong> fournir les surfaces<br />

voulues aux endroits voulus et à <strong>de</strong>s prix abordables, cette absence<br />

ayant encouragé les fortes hausses du foncier urbain, la spéculation et<br />

le recours aux “raccourcis” pour se rendre acquéreur <strong>de</strong> terrains; et<br />

• L’absence <strong>de</strong> voies <strong>de</strong> recours viables en droit, dont notamment<br />

la restitution ou l’in<strong>de</strong>mnisation en cas <strong>de</strong> violation du droit en<br />

matière foncière ou économique.<br />

Les élites politiques et économiques bien introduites ont fait main<br />

basse sur le foncier urbain, restreignant ainsi tout accès équitable<br />

pour une large gamme d’utilisations et d’occupations économiques.<br />

La gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s citadins, qui ne sont pas si bien introduits, se<br />

sont retrouvés systématiquement exclus <strong>de</strong> l’accès en bonne et due<br />

forme au foncier urbain par <strong>de</strong>s procédures administratives pesantes,<br />

ce qui ne leur laissait d’autre choix que le marché foncier parallèle,<br />

informel, irrégulier et ses divers <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> sécurité en matière <strong>de</strong><br />

tenure. Les risques (d’expulsion forcée) qui s’attachent <strong>de</strong> ce fait<br />

au foncier ainsi cédé dans <strong>de</strong>s conditions irrégulières découragent<br />

la majorité pauvre <strong>de</strong>s citadins d’investir durablement dans leur<br />

logement, d’où les cabanes <strong>de</strong>s bidonvilles et les taudis.<br />

Les terrains ainsi occupés <strong>de</strong> manière irrégulière échappent à la<br />

fiscalité, d’où une perte <strong>de</strong> recettes pour les municipalités, y compris<br />

les droits <strong>de</strong> cession, les impôts locaux ou l’impôt foncier. Pour ne<br />

rien arranger, le foncier urbain, ressource limitée par définition,<br />

n’est pas toujours utilisé aussi efficacement qu’il le pourrait – loin<br />

s’en faut. Il faut donc trouver le bon système qui soit en mesure <strong>de</strong><br />

fournir les surfaces voulues, au moment voulu et d’une manière qui<br />

soit d’un bon rapport qualité/coût.<br />

Dans quasiment toutes les villes d’Afrique <strong>de</strong> l’Est, on peut<br />

trouver les bonnes solutions qui font d’un meilleur usage du foncier<br />

urbain une source <strong>de</strong> revenus pour la municipalité. Par exemple, à<br />

proximité du centre géographique <strong>de</strong> Nairobi se trouve une vaste gare<br />

<strong>de</strong> triage où stationne une sélection hétéroclite <strong>de</strong> matériel roulant<br />

faisant office en principe <strong>de</strong> musée <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer. A proximité<br />

immédiate du quartier <strong>de</strong>s affaires, cet accroc au cœur <strong>de</strong> la trame<br />

urbaine pourrait bien représenter l’un <strong>de</strong>s pires exemples <strong>de</strong> nonintervention.<br />

Ce terrain on ne peut mieux placé est d’une immense<br />

valeur et un bon réaménagement dégagerait pour la municipalité <strong>de</strong>s<br />

recettes dont elle a grand besoin. Ailleurs en Afrique <strong>de</strong> l’Est, les<br />

autres gran<strong>de</strong>s municipalités feraient bien <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à l’inventaire<br />

critique <strong>de</strong>s terrains urbains sous-utilisés et <strong>de</strong> mettre sur le marché<br />

tout terrain dont l’attribution fonctionnelle passée ne peut ni ne<br />

doit plus se justifier aujourd’hui. Ces fonctions incluent notamment<br />

les enceintes militaires, les étendues riveraines à l’abandon et autres<br />

terrains urbains bien situés et sous-utilisés.<br />

En Tanzanie, les pouvoirs publics ont réformé le recouvrement<br />

<strong>de</strong>s impôts locaux, en supprimant les instruments inefficaces et en<br />

rationalisant les systèmes d’impôts locaux (barèmes et modalités<br />

<strong>de</strong> recouvrement). Les réformes portent aussi sur la compensation,<br />

par le gouvernement central, <strong>de</strong>s manques à gagner fiscaux <strong>de</strong>s<br />

collectivités locales. 13

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!