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L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat

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ENCAdRé 5.4: caMeroun: eXPansion<br />

anarcHiQue d’<strong>Habitat</strong>s sPontanes a la<br />

PeriPHerie <strong>de</strong>s centres urbains<br />

Les terrains urbains sont ceux qui se situent dans les limites <strong>de</strong>s agglomérations<br />

classées “centres urbains,” ce qui pose le problème <strong>de</strong>s limites avec les<br />

zones rurales périphériques et plus particulièrement <strong>de</strong>s zones périurbaines.<br />

Les extensions anarchiques se développent sous la forme d’une occupation<br />

sans droit <strong>de</strong> terrains relevant du domaine national, avec parfois une certaine<br />

formalisation (à défaut <strong>de</strong> légalisation) qui consiste à «vendre» <strong>de</strong>s parcelles<br />

plus ou moins loties par <strong>de</strong> prétendus détenteurs coutumiers. Faute <strong>de</strong> contrôle<br />

et <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> l’information, cette démarche, peut même aboutir à <strong>de</strong>s<br />

cessions <strong>de</strong> parcelles du domaine public ou du domaine privé <strong>de</strong> l’Etat. Cette<br />

véritable anarchie foncière, plus ou moins <strong>de</strong> bonne foi,, a pour effet d’amplifier<br />

<strong>de</strong> manière extraordinaire les problèmes déjà dramatiques <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s<br />

gran<strong>de</strong>s villes, et jusqu’à ce jour, l’administration semble totalement impuissante<br />

en dépit <strong>de</strong>s moyens légaux dont elle dispose.<br />

Source: Rochegu<strong>de</strong> & Plançon, 2010<br />

forces du marché ne peuvent pas fournir <strong>de</strong>s terrains en mesure <strong>de</strong><br />

loger les pauvres. Les habitations informelles sont repoussées vers les<br />

terrains marginaux au sein <strong>de</strong> la ville et dans les zones périurbaines<br />

les plus abordables et les banlieues urbaines. Les résultats politiques,<br />

sociaux et territoriaux <strong>de</strong> ces processus sont tout à fait prévisibles et<br />

presque uniformes dans toute l’Afrique urbaine.<br />

Compte tenu <strong>de</strong>s capacités généralement limitées <strong>de</strong>s institutions<br />

<strong>de</strong>s collectivités locales en matière d’application <strong>de</strong>s procédures<br />

<strong>de</strong> contrôle du développement urbain, c’est aux marchés<br />

fonciers qu’il revient <strong>de</strong> combler le vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> gouvernance, que ce<br />

soit officiellement ou <strong>de</strong> manière informelle, et l‘implantation<br />

<strong>de</strong>s citadins pauvres sur les terrains urbains ‘vacants’ tend à se<br />

généraliser. L’expulsion va repousser les populations installées dans<br />

ces zones vers d’autres espaces vacants. En l’absence <strong>de</strong> terrains<br />

urbains vacants disponibles, les pauvres migrent vers les zones<br />

rurales situées en bordures <strong>de</strong>s agglomérations urbaines où les<br />

terrains sont abordables et où l’expulsion est moins probable,<br />

surtout si ces terrains se trouvent au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s limites municipales.<br />

C’est ainsi que les citadins pauvres se retrouvent <strong>de</strong> plus en<br />

plus concentrés sur <strong>de</strong>s terrains pratiquement non aménagés<br />

(passablement <strong>de</strong>sservis), marginaux et dangereux à l’intérieur<br />

<strong>de</strong>s villes ou à la ceinture périurbaine <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s agglomérations,<br />

qui, encore une fois, les séparent territorialement <strong>de</strong>s<br />

possibilités économiques et les laissent beaucoup plus exposés<br />

aux conditions <strong>de</strong> vie d’un environnement insalubre et aux<br />

spirales d’une pauvreté extrême dont la gravité va s’accélérant.<br />

Même d’une manière plus évi<strong>de</strong>nte que dans les villes <strong>de</strong> l’Afrique<br />

occi<strong>de</strong>ntale, les modèles d’expansion physique <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> l’Afrique<br />

centrale se caractérisent par le manque <strong>de</strong> planification et par<br />

l’étalement urbain non maîtrisé. Ceci est la conséquence d’une<br />

combinaison <strong>de</strong> quatre facteurs: (i) la rapi<strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la population<br />

urbaine, (ii) la contribution <strong>de</strong>s processus coutumiers et informels<br />

d’acquisition <strong>de</strong> terrains dans la fourniture <strong>de</strong>s terrains, (iii) les cadres<br />

juridiques rigi<strong>de</strong>s et inapplicables en matière d’aménagement urbain<br />

(planification urbaine) et d’administration du patrimoine foncier,<br />

et (iv) la généralisation <strong>de</strong> la corruption et <strong>de</strong>s pratiques illicites.<br />

En 2005, la zone urbanisée <strong>de</strong> Kinshasa s’étendait sur plus <strong>de</strong><br />

500 km 2 , correspondant à une expansion <strong>de</strong> 8 km 2 chaque année<br />

et presque exclusivement à force d’une urbanisation illicite,<br />

informelle, et axée sur ‘l’auto-assistance’. Loin d’être ‘anarchique’,<br />

comme on le dit souvent, l’occupation <strong>de</strong>s terrains suit un schéma<br />

orthogonal urbain hérité <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> coloniale. Les parcelles <strong>de</strong><br />

terrain sont relativement vastes, d’une superficie <strong>de</strong> 300 à 500 m 2 ,<br />

tandis que la zone bâtie – où l’on trouve souvent <strong>de</strong>s constructions<br />

d’assez bonne qualité - ne dépasse pas 100 m 2 . Il en résulte une<br />

extension tentaculaire <strong>de</strong> la ville, avec <strong>de</strong> faibles <strong>de</strong>nsités (entre un<br />

et cinq individus par 100 m 2 ) (Flouriot. 2005) 21 En 2005, il était<br />

impossible <strong>de</strong> trouver la moindre parcelle disponible (d’une valeur<br />

<strong>de</strong> 300 à500 dollars américains) dans un rayon <strong>de</strong> 40 à 50 km du<br />

centre <strong>de</strong> Kinshasa. Des lotissements d’une superficie <strong>de</strong> 750m 2 assez<br />

mal <strong>de</strong>sservies situées à 20 km du centre-ville coûteraient jusqu’à<br />

l’heure actuelle autour <strong>de</strong> 1000 Dollars américains. (Flouriot, 2010).<br />

Dans toutes les capitales d’Afrique centrale, les normes strictes <strong>de</strong><br />

construction s’accor<strong>de</strong>nt avec l’insécurité foncière pour alimenter<br />

l’expansion territoriale et la prolifération <strong>de</strong>s bidonvilles. Les<br />

limites administratives ten<strong>de</strong>nt à compliquer l’application <strong>de</strong> la<br />

réglementation <strong>de</strong> la planification urbaine: les systèmes parallèles <strong>de</strong><br />

gestion et d’administration <strong>de</strong>s terrains urbains peuvent fonctionner<br />

et même coexister sans trop <strong>de</strong> heurts, mais seulement lorsque les<br />

territoires sous leur contrôle respectif sont clairement délimités et<br />

séparés. Le problème rencontré durant la pério<strong>de</strong> postcoloniale,<br />

procè<strong>de</strong> cependant du fait que ces marchés fonciers parallèles<br />

concernant les terrains urbains et leurs cadres réglementaires<br />

respectifs sont, <strong>de</strong> plus en plus, à l’origine <strong>de</strong> nombreux conflits<br />

fonciers qui débouchent déjà sur <strong>de</strong>s empiètements réciproques sur<br />

les territoires physiques.<br />

Bopda (2005) a observé à Yaoundé et à Douala une ruée <strong>de</strong>s<br />

«sans abri» (en fait, <strong>de</strong>s ménages sans terrain ni logement) vers les<br />

terrains <strong>de</strong> droit coutumier <strong>de</strong> la lointaine périphérie, les autorités<br />

n’ayant jamais eu <strong>de</strong> politique d’accès au sol ou au logement pour<br />

les ménages à bas revenus. La pression sur les terres est accentuéee<br />

par les promoteurs fonciers privés. Ils ne disposent pas, en effet,<br />

d’assiettes foncières suffisantes pour opérer à gran<strong>de</strong> échelle et sont<br />

donc obligés <strong>de</strong> composer avec les intervenants coutumiers ou néocoutumiers<br />

détenteurs <strong>de</strong> réserves foncières. Par souci d’efficacité,<br />

les promoteurs fonciers informels se tournent généralement vers les<br />

propriétaires coutumiers (quand ils n’en sont pas eux-mêmes) pour<br />

acquérir <strong>de</strong>s parcelles, ce qui a pour effet <strong>de</strong> raréfier encore davantage<br />

l’offre foncière à proximité <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong> contribuer à l’étalement<br />

urbain.<br />

Limites <strong>de</strong> l’administration <strong>de</strong>s Terres<br />

Classiques<br />

Une série d’obstacles nuisent à l’efficacité <strong>de</strong>s marchés officiels <strong>de</strong><br />

terrains et <strong>de</strong> logements urbains en Afrique centrale, au nombre<br />

<strong>de</strong>squels: (a) la lenteur et la lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s procédures d’attribution<br />

<strong>de</strong>s terres, (b) le coût élevé <strong>de</strong>s transactions, (c) la lenteur <strong>de</strong><br />

la régularisation du processus <strong>de</strong> jouissance, (d ) Le caractère<br />

inapproprié <strong>de</strong>s politiques foncières compte tenu <strong>de</strong> la rareté <strong>de</strong>s<br />

ressources financières <strong>de</strong>s citadins pauvres; (e) la fragmentation,<br />

l’obsolescence et l’application irrégulière <strong>de</strong> la législation foncière;<br />

(f) l’inefficacité <strong>de</strong>s institutions et <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> règlement<br />

<strong>de</strong>s différends , et (g) l’échec général <strong>de</strong> l’administration<br />

foncière en matière d’enregistrement <strong>de</strong>s droits fonciers.<br />

La sécurité <strong>de</strong> jouissance foncière est le principal problème <strong>de</strong>s<br />

pauvres citadins <strong>de</strong> la sous-région. Même lorsque la propriété<br />

foncière acquise par le système informel est titrée, le non-respect<br />

<strong>de</strong>s exigences réglementaires municipales, telles que la superficie<br />

minimale <strong>de</strong> la parcelle, les normes <strong>de</strong> l’espace et les critères <strong>de</strong>s<br />

infrastructures, peut rendre illégale toute initiative <strong>de</strong> mise en valeur<br />

L’éTAT <strong>de</strong>s <strong>VILLes</strong> d’AFrIQUe ceNTrALe<br />

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