L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
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cHAPITre PreMIer<br />
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domaines, détournent également les fonds et les ressources humaines<br />
limitées <strong>de</strong>s dépenses consacrées au développement à long terme.<br />
Dans une note beaucoup plus positive, la scolarisation primaire<br />
en Afrique sub-saharienne a augmenté <strong>de</strong> 15 pour cent entre 2000<br />
et 2007, en même temps que la combinaison <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong><br />
vaccination accrues et <strong>de</strong> la distribution accélérée <strong>de</strong>s moustiquaires<br />
imprégnées d’insectici<strong>de</strong> pour lutter contre le paludisme a entraîné,<br />
ces <strong>de</strong>rnières années, un début <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> la mortalité infantile.<br />
En ce qui concerne le volet plus particulier <strong>de</strong> la réalisation en<br />
milieu urbain <strong>de</strong>s OMD, les avancées concrètes ont été plus<br />
limitées dans le mon<strong>de</strong> entier; en effet, ... l’assainissement <strong>de</strong>s taudis<br />
peine à suivre le rythme <strong>de</strong> croissance rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong>s pays en<br />
développement. 58 Satterthwaite a publié, en 2007, une étu<strong>de</strong> utile sur<br />
les connaissances et les défis en matière <strong>de</strong> santé environnementale<br />
en milieu urbain. 59 Ces problèmes soulignent le défi actuel relatif<br />
à la durabilité en milieu urbain, qui doit faire face à la dynamique<br />
<strong>de</strong> la croissance urbaine à laquelle la plupart <strong>de</strong>s régions sont<br />
confrontées à l’heure actuelle mais, présentement, dans un contexte<br />
<strong>de</strong> récession mondiale et <strong>de</strong> changement climatique. Pour les régions<br />
plus pauvres, y compris une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’Afrique, cette crise va<br />
accentuer la perception <strong>de</strong>s rapports entre les priorités apparemment<br />
concurrentes <strong>de</strong> la création d’emplois et la satisfaction <strong>de</strong>s besoins<br />
<strong>de</strong> base, et <strong>de</strong> l’exploitation rationnelle <strong>de</strong> l’environnement dans<br />
une perspective à long terme. En réalité, selon le Rapport Stern 60<br />
sur l’économie du changement climatique publié en 2006, les coûts<br />
<strong>de</strong> la non-conformité aux changements climatiques sous la forme <strong>de</strong><br />
l’introduction <strong>de</strong>s technologies vertes et d’utilisation <strong>de</strong>s ressources<br />
dans une perspective durable seront supérieurs à ceux <strong>de</strong> l’adaptation.<br />
Les pays africains ne seront en mesure <strong>de</strong> répondre à ces dilemmes<br />
qu’en adoptant certaines orientations politiques, en procédant au<br />
transfert <strong>de</strong> technologies appropriées et en négociant <strong>de</strong>s accords<br />
d’ai<strong>de</strong> au développement dans le cadre du processus <strong>de</strong> la Convention<br />
Cadre <strong>de</strong>s Nations Unies sur les Changements Climatiques énoncée<br />
en décembre 2009 dans l’Accord <strong>de</strong> Copenhague conclu lors <strong>de</strong> la<br />
15 ème Conférence <strong>de</strong>s Parties à la Convention (COP-15) et <strong>de</strong> l’accord<br />
<strong>de</strong> suivi juridiquement contraignant proposé dont la négociation<br />
<strong>de</strong>vrait avoir lieu en 2010, ainsi que <strong>de</strong>s accords bilatéraux associés.<br />
L’importance <strong>de</strong> ce processus est soulignée par le décalage entre la<br />
contribution insignifiante <strong>de</strong> l’Afrique au réchauffement climatique<br />
et les effets désastreux annoncés qui en découlent dont le continent<br />
<strong>de</strong>vra faire l’expérience. Bien que les émissions mondiales <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> carbone aient augmenté <strong>de</strong> 21,9 à 28,7 milliards <strong>de</strong> tonnes<br />
métriques <strong>de</strong> 1990 à 2006, les chiffres respectifs pour l’Afrique ont été<br />
que <strong>de</strong> 0,7 et 1,0 milliard <strong>de</strong> tonnes (pour l’Afrique sub-saharienne<br />
ces chiffres sont 0,5 et 0,6 milliard <strong>de</strong> tonnes, et pour l’Afrique du<br />
Nord, 0,2 et 0,4 milliard <strong>de</strong> tonnes), soit près <strong>de</strong> 4,5 pour cent <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> la planète. 61 En Afrique, ces émissions<br />
sont, aussi bien d’origine urbaine que rurale. Même si la croissance<br />
urbaine et l’augmentation <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong> certains citadins, au milieu<br />
<strong>de</strong> la pauvreté généralisée, ont abouti à la combustion accrue <strong>de</strong> la<br />
biomasse ligneuse utilisée comme combustible pour la cuisine et<br />
le chauffage, et les émissions émanant <strong>de</strong>s véhicules automobiles<br />
et <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> transformation industrielle, les émissions rurales<br />
ont augmenté considérablement en raison du déboisement et <strong>de</strong> la<br />
combustion <strong>de</strong> la biomasse ligneuse généralisés.<br />
La première cible du Chapitre 7 <strong>de</strong>s Objectifs du Millénaire<br />
en matière <strong>de</strong> Développement (OMD-7) (relative à l’exploitation<br />
<strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong> l’environnement dans une perspective durable)<br />
prône l’intégration <strong>de</strong>s principes du développement durable dans<br />
les politiques et programmes nationaux et l’inversion <strong>de</strong> la perte<br />
<strong>de</strong>s ressources environnementales. En effet, ces engagements<br />
sont <strong>de</strong> plus en plus incorporés dans les plans et les documents<br />
d’orientation nationaux développement en Afrique, mais ne sont<br />
pas encore largement appliqués dans la pratique. Le renforcement <strong>de</strong><br />
l’intégration est également nécessaire pour s’assurer que les échanges<br />
et l’intégration entre le mon<strong>de</strong> rural et le milieu urbain sont bien<br />
reconnus. A titre d’exemple, assurer un approvisionnement suffisant<br />
en eau en milieu urbain nécessite non seulement l’augmentation<br />
<strong>de</strong> l’offre locale et les mesures <strong>de</strong> conservation urbaine (telles que<br />
la réduction <strong>de</strong>s fuites <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> canalisation souvent vieux et<br />
mal entretenu, là où ils existent, la réduction <strong>de</strong> la consommation<br />
par habitant parmi les élites urbaines, et l’augmentation <strong>de</strong> la<br />
récupération <strong>de</strong>s eaux pluviales), mais également la conservation <strong>de</strong><br />
l’environnement en milieu rural afin <strong>de</strong> maximiser la rétention d’eau<br />
dans les sols et <strong>de</strong> réduire au strict minimum l’érosion <strong>de</strong>s sols (et par<br />
conséquent l’envasement <strong>de</strong>s réservoirs) et le recours à <strong>de</strong>s procédés<br />
plus rationnels et plus efficaces d’irrigation agricole. La réalisation<br />
parallèle <strong>de</strong> plusieurs Objectifs du Millénaire en matière <strong>de</strong><br />
Développement et <strong>de</strong> certaines cibles est également possible à travers<br />
le recours à <strong>de</strong>s interventions appropriées. Par exemple, la réduction<br />
du déboisement ai<strong>de</strong>ra non seulement à améliorer la disponibilité<br />
en eau en milieu urbain et dans les zones rurales, mais également à<br />
réduire les émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre en milieu rural.<br />
La réalisation <strong>de</strong> l’objectif visant à réduire <strong>de</strong> moitié la<br />
proportion <strong>de</strong> la population sans accès durable à l’eau potable et<br />
à l’assainissement élémentaire est peu probable dans <strong>de</strong> nombreux<br />
pays africains, en dépit <strong>de</strong>s progrès considérables, en particulier dans<br />
les zones urbaines. En 2006, quelque 242 millions <strong>de</strong> personnes, en<br />
Afrique sub-saharienne, avaient accès à <strong>de</strong>s structures appropriées<br />
d’alimentation en eau potable et d’assainissement; toutefois, pour<br />
atteindre cet objectif, il faudrait augmenter <strong>de</strong> 370 millions, d’ci<br />
2015, le nombre <strong>de</strong> personnes jouissant <strong>de</strong> ces facilités. Le défi est<br />
gigantesque: en 2008, près <strong>de</strong> 22 millions <strong>de</strong> citadins et 199 millions<br />
<strong>de</strong> ruraux pratiquaient encore la défécation en plein air – soit environ<br />
10 pour cent du total mondial – ce qui, bien souvent, constitue un<br />
risque considérables pour la santé publique. 62<br />
La cible qui constitue encore le plus grand défi pour l’Afrique<br />
subsaharienne concerne l’amélioration, d’ici 2020, <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong><br />
vie pour au moins 100 millions <strong>de</strong> citadins vivant dans <strong>de</strong>s taudis.<br />
Cette initiative nécessite <strong>de</strong> multiples interventions en rapport avec<br />
la construction <strong>de</strong>s systèmes d’assainissement et l’alimentation en<br />
eau potable, ainsi que la mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> la structure matérielle <strong>de</strong>s<br />
bâtiments et d’autres infrastructures et services. Malgré la réalisation<br />
d’un déclin significatif <strong>de</strong> 71 à 62 pour cent <strong>de</strong> la proportion <strong>de</strong> citadins<br />
<strong>de</strong> l’Afrique subsaharienne vivant dans <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> privation <strong>de</strong><br />
logement entre 1990 et 2005, beaucoup plus <strong>de</strong> personnes, en raison<br />
<strong>de</strong> l’urbanisation rapi<strong>de</strong> du continent, se retrouvent aujourd’hui dans<br />
cette situation. 63 Des problèmes particuliers se posent dans les pays<br />
où <strong>de</strong>s conflits armés récents ou en cours ont détourné <strong>de</strong>s dépenses<br />
publiques <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> développement et <strong>de</strong>s secteurs sociaux, et/<br />
ou où le tissu urbain a été endommagé ou détruit et les personnes<br />
déplacées sur une gran<strong>de</strong> échelle, comme en Somalie, en Angola, en<br />
Sierra Leone et dans certaines régions du Soudan. Ces conflits ont<br />
exacerbé les problèmes à long terme <strong>de</strong> sous-investissement en milieu<br />
urbain, <strong>de</strong> manque <strong>de</strong> volonté politique et <strong>de</strong> pauvreté généralisée.<br />
Les conflits en milieu rural peuvent déplacer les populations vers<br />
les zones urbaines relativement sûres, comme à Luanda, Lobito et<br />
Benguela (en Angola) et Freetown, en Sierra Leone, alors que les<br />
combats et la <strong>de</strong>struction en milieu urbain peuvent pousser les gens<br />
hors <strong>de</strong>s villes, comme à Mogadiscio, en Somalie. Dans les villes et<br />
les zones urbaines dévastées par les conflits, jusqu’à 80 pour cent<br />
<strong>de</strong>s citadins vivent dans <strong>de</strong>s conditions insalubres. La proportion<br />
d’Addis-Abéba, en Ethiopie, est pratiquement similaire, mais pour<br />
<strong>de</strong>s raisons historiques totalement différentes. Partout en Afrique,