L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
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cHAPITre <strong>de</strong>Ux<br />
54<br />
Les Liens Entre Pauvreté, Inégalité et <strong>Habitat</strong><br />
Insalubre<br />
En Afrique du Nord entre 1990 et 2010, la population <strong>de</strong>s<br />
taudis est tombée <strong>de</strong> 20 794 000 à 11 836 000, soit un déclin<br />
<strong>de</strong> 43 pour cent. La baisse a été marquée au Maroc, en Egypte et<br />
en Tunisie entre 1990 et 2005, mais n’a pas dépassé 12 pour cent<br />
environ en Algérie. A Tunis, 1,6 pour cent seulement <strong>de</strong> l’habitat<br />
urbain a été déclaré insalubre lors du recensement <strong>de</strong> 2004,<br />
lorsque 99 pour cent du parc était raccordé au réseau municipal <strong>de</strong><br />
distribution <strong>de</strong>s eaux. Au Maroc, la majorité <strong>de</strong>s taudis urbains se<br />
trouvent dans le triangle Casablanca-Fès-Tanger, où se concentre<br />
l’activité économique. Dans les établissements irréguliers du<br />
Maroc, quelque 30 pour cent <strong>de</strong>s ménages ont accès à une eau<br />
potable <strong>de</strong> bonne qualité. 23 Au Soudan, en revanche, la proportion<br />
<strong>de</strong> la population urbaine vivant dans <strong>de</strong>s conditions insalubres est<br />
passée <strong>de</strong> 86 pour cent en 1990 à 94,2 pour cent en 2005, 24 en<br />
raison tant <strong>de</strong> l’exo<strong>de</strong> rural que <strong>de</strong>s tensions dans le pays.<br />
Dans l’ensemble, la situation sanitaire <strong>de</strong>s taudis en Afrique du<br />
Nord est notablement pire que dans les autres zones urbaines,<br />
comme le montrent l’Egypte et le Maroc où la mortalité postnéonatale<br />
dans les établissements irréguliers est le double <strong>de</strong> celle<br />
<strong>de</strong>s autres zones.<br />
Bien qu’on les désigne souvent sous le seul et même terme <strong>de</strong><br />
“taudis”, il convient <strong>de</strong> distinguer entre les quartiers vétustes plus<br />
anciens et les établissements irréguliers. Ces <strong>de</strong>rniers recouvrent<br />
plusieurs formes d’urbanisation spontanée qui appellent <strong>de</strong>s<br />
métho<strong>de</strong>s différenciées en matière <strong>de</strong> régularisation ou <strong>de</strong><br />
réhabilitation, dans la mesure où ils relèvent <strong>de</strong> lotissements<br />
illicites, d’occupation illégale du domaine public, ou <strong>de</strong><br />
constructions non autorisées dans <strong>de</strong>s zones dangereuses du point<br />
<strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’environnement. Les quartiers délabrés plus anciens<br />
incrustés dans le tissu urbain, et ce qui furent le centre <strong>de</strong> villages<br />
<strong>de</strong>puis submergés par l’urbanisation, sont aussi considérés comme<br />
<strong>de</strong>s taudis et appellent <strong>de</strong>s traitements spéciaux.<br />
Apparus d’abord en périphérie <strong>de</strong>s villes, les établissements<br />
irréguliers sont pour la plupart construits <strong>de</strong> matériaux durables<br />
et ont accès aux réseaux <strong>de</strong> services collectifs comme l’électricité,<br />
l’eau potable et une forme ou une autre d’assainissement. Alors<br />
qu’ils se caractérisent par <strong>de</strong> fortes <strong>de</strong>nsités mais sont installés<br />
sur <strong>de</strong>s terres en principe agricoles, ils sont souvent privés d’une<br />
infrastructure sociale suffisante, y compris les écoles et les services<br />
publics, en raison le plus souvent du manque <strong>de</strong> terrains libres où<br />
construire ces équipements. 25 La conjonction d’une urbanisation<br />
et d’une <strong>de</strong>nsification rapi<strong>de</strong>s débouche sur <strong>de</strong>s infrastructures<br />
surchargées et <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> transport inadaptés.<br />
En Egypte, le premier recensement <strong>de</strong>s établissements irréguliers<br />
a eu lieu en 1993 et a bien démontré l’ampleur du problème.<br />
Un état <strong>de</strong>s lieux plus précis à partir <strong>de</strong> photographies aériennes<br />
a montré que ces établissements représentaient, en 2008, 60<br />
pour cent <strong>de</strong>s zones urbanisées. 26 Bien que la proportion <strong>de</strong> la<br />
population urbaine vivant dans <strong>de</strong>s taudis ait été ramenée <strong>de</strong> 58<br />
pour cent en 1990 à 17.1 pour cent en 2005, en nombres absolus<br />
elle <strong>de</strong>meure importante, les estimations oscillant entre 16 et 21<br />
millions in 2008. Les établissements irréguliers se sont toujours<br />
développés autour <strong>de</strong>s villages en périphérie urbaine, et présentent<br />
par conséquent <strong>de</strong>s caractéristiques socio-économiques à la fois<br />
rurales et urbaines. A Alexandrie, 30 <strong>de</strong> ces établissements abritent<br />
environ 1,4 million d’habitants, soit près <strong>de</strong> 40 pour cent <strong>de</strong> la<br />
population <strong>de</strong> la ville. L’un d’entre eux, Naga El Arab, résume bien<br />
le mélange <strong>de</strong> caractéristiques rurales et urbaines: la moitié <strong>de</strong> la<br />
voirie n’est pas pavée, la <strong>de</strong>nsité est élevée, le chômage est <strong>de</strong> 17<br />
pour le taux d’analphabétisme est important (35 pour cent <strong>de</strong>s<br />
hommes, et 62 pour cent <strong>de</strong>s femmes <strong>de</strong> 30 à 65 ans n’ont jamais<br />
été à l’école), et l’accès aux services d’assainissement, <strong>de</strong> soins,<br />
d’instruction et sociaux est insuffisant. En dépit <strong>de</strong> ces carences<br />
la plupart <strong>de</strong>s établissements irréguliers en Egypte échappent<br />
toujours à une au moins <strong>de</strong>s quatre privations élémentaires qui,<br />
selon ONU-HABITAT, définissent un habitat inadapté et qui<br />
concernent l’accès à (i) l’eau salubre et (ii) à l’assainissement, ainsi<br />
qu’un un habitat (iii) durable et (iv) d’une surface convenable.<br />
Ces établissements doivent généralement leur statut <strong>de</strong> “taudis”<br />
aux carences <strong>de</strong> l’assainissement, le raccor<strong>de</strong>ment aux réseaux<br />
municipaux étant souvent fonction <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong><br />
nouveaux réseaux primaires et <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> traitement.<br />
s<br />
Naga El Arab, Alexandrie, Egypte. ©arndt Husar