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L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat

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ENCAdRé 5.5: au caMeroun, les intervenants<br />

coutuMiers n’ont Pas les Moyens<br />

d’aMénaGer les terrains<br />

On n’est pas surpris <strong>de</strong> constater que les intervenants coutumiers ne maîtrisent<br />

pas les techniques <strong>de</strong> lotissement. En l’absence du titre foncier, ils ne<br />

sont d’ailleurs autorisés ni à lotir <strong>de</strong>s terrains, ni à en vendre.<br />

Ils procè<strong>de</strong>nt donc à un découpage parcellaire sans tenir compte <strong>de</strong>s normes<br />

d’urbanisme, qui ne s’appliquent d’ailleurs pas à eux. Ils font très rarement<br />

appel aux géomètres <strong>de</strong>s services du cadastre pour assurer la subdivision et<br />

le bornage du terrain, par crainte <strong>de</strong> se voir dépossé<strong>de</strong>r d’une partie <strong>de</strong> celui-ci<br />

et <strong>de</strong> ne s’en rendre compte qu’à l’aboutissement <strong>de</strong> la procédure.<br />

Voudraient-ils établir <strong>de</strong>s lotissements dans le respect <strong>de</strong>s normes<br />

d’aménagement, ils n’en auraient ni les moyens financiers ni les appuis politiques<br />

requis, même s’ils possédaient un titre foncier en bonne et due forme.<br />

Les acteurs coutumiers agissent donc au coup par coup. Ils découpent leurs<br />

terrains et les ven<strong>de</strong>nt en fonction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> leurs besoins d’argent.<br />

Il ne fait aucun doute que la reconnaissance par les pouvoirs publics <strong>de</strong>s filières<br />

coutumières <strong>de</strong> production <strong>de</strong> terrains enlèverait à celles-ci les avantages<br />

qu’elles offrent aux populations à faible revenu, car cette reconnaissance se<br />

traduirait par une augmentation <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s lots. Opérer dans l’illégalité<br />

sans ingérence <strong>de</strong>s pouvoirs publics est donc à l’avantage <strong>de</strong>s pauvres.<br />

Source: Bopda, 2005<br />

s<br />

Goma, RdC. ©lau<strong>de</strong>s Martial Mbon/irin<br />

mise en place <strong>de</strong>s procédures, <strong>de</strong>s institutions et <strong>de</strong>s organismes<br />

indépendants censés superviser l’exécution <strong>de</strong> ces opérations.<br />

Brazzaville, Kinshasa, Libreville, Luanda et Malabo, pour ne<br />

citer que quelques-unes <strong>de</strong>s capitales d’Afrique Centrale, manque<br />

<strong>de</strong> procédures <strong>de</strong> contrôle juridique et administratif susceptibles<br />

d’arrêter les ventes illégales <strong>de</strong> terrains publics. La corruption est<br />

difficile à éradiquer là où l’administration foncière et l’enregistrement<br />

<strong>de</strong>s titres <strong>de</strong> propriété ne fonctionnent pas convenablement, les<br />

registres fonciers sont incomplets, l’accès aux informations sur la<br />

propriété foncière fait défaut et où toutes les informations disponibles<br />

sont détenues par une variété d’organismes gouvernementaux. La<br />

méfiance viscérale profon<strong>de</strong> envers les décisions <strong>de</strong> justice sur les<br />

litiges fonciers n’est pas faite non plus pour arranger les choses.<br />

<strong>Habitat</strong>s Spontanés: L’une <strong>de</strong>s Conséquences<br />

<strong>de</strong>s Imperfections <strong>de</strong>s Marchés Fonciers<br />

Dans l’ensemble <strong>de</strong>s pays d’Afrique centrale, et sans aucune<br />

exception, les marchés fonciers officiels en milieu urbain élimine<br />

les pauvres citadins en renforçant <strong>de</strong> nouveaux systèmes alternatifs<br />

d’acquisition <strong>de</strong> terrains dans les zones périurbaines, en raison du<br />

fait que ces terrains sont à leur portée, peu coûteux, et facilitent<br />

l’’accès rapi<strong>de</strong>’ à <strong>de</strong>s terrains lotis. Toutefois, l’acquisition informelle<br />

<strong>de</strong> propriétés foncières n’est pas en mesure <strong>de</strong> procurer la sécurité<br />

d’occupation foncière, même si les rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>s quartiers informels<br />

et coutumiers jouissent d’une sécurité <strong>de</strong> fait. Le nombre <strong>de</strong> conflits<br />

fonciers et domaniaux progresse à rythme vertigineux et représente<br />

80 pour cent <strong>de</strong> toutes les affaires judiciaires à Kinshasa, par exemple,<br />

(Flouriot, 2005) et la majorité <strong>de</strong>s procès à Brazzaville, Douala,<br />

Luanda et Yaoundé.<br />

Alors que dans les villes d’Afrique occi<strong>de</strong>ntale, les dynamiques<br />

entre les gouvernements et les institutions foncières, d’une part,<br />

et les promoteurs fonciers coutumiers et informels, <strong>de</strong> l’autre,<br />

convergent lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> l’acquisition domaniale, la situation<br />

en Afrique centrale est plutôt problématique. S’agissant <strong>de</strong>s<br />

organismes gouvernementaux d’Afrique centrale (les Directions<br />

<strong>de</strong>s Domaines et du Cadastre), l’intégration <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> mise<br />

en valeur <strong>de</strong>s terres au niveau coutumier est compliquée par <strong>de</strong>s<br />

modèles inappropriés <strong>de</strong> gestion et <strong>de</strong> planification foncières, la mise<br />

en œuvre <strong>de</strong>s modèles inefficaces et les traditions administratives<br />

centralisées ; en même temps, la corruption généralisée entrave<br />

l’harmonisation et l’intégration <strong>de</strong>s modèles informels d’acquisition<br />

foncière. L’organisation au niveau communautaire est généralement<br />

faible ; elle peut également être en proie aux problèmes politiques<br />

résultant <strong>de</strong>s conflits <strong>de</strong> légitimité entre les autorités traditionnelles<br />

et les représentants démocratiquement élus, comme c’est le cas au<br />

Cameroun, au Congo et en République Démocratique du Congo.<br />

Parallèlement, les systèmes coutumiers subissent l’érosion consécutive<br />

aux pressions <strong>de</strong>s marchés fonciers, au fur et à mesure que les<br />

réserves foncières coutumières tarissent le long <strong>de</strong>s franges urbaines.<br />

A l’heure actuelle, l’accès aux terrains coutumiers n’est possible<br />

que dans les zones éloignées <strong>de</strong>s centres urbains. L’acquisition <strong>de</strong>s<br />

terrains coutumiers est encore plus marginalisée par la prolifération<br />

<strong>de</strong>s intermédiaires et <strong>de</strong>s courtiers, y compris les agents <strong>de</strong>s services<br />

<strong>de</strong> cadastres qui, <strong>de</strong> plus en plus, jouent le rôle d’intermédiaires<br />

incontournables entre les acheteurs, les gardiens du patrimoine<br />

foncier coutumier et les services gouvernementaux. Le manque<br />

<strong>de</strong> ressources, <strong>de</strong> culture technique, <strong>de</strong> compétences techniques<br />

et <strong>de</strong> savoir-faire <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s promoteurs fonciers traditionnels<br />

contribue davantage à créer <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> planification urbaine<br />

et <strong>de</strong> préservation <strong>de</strong> l’environnement.<br />

L’éTAT <strong>de</strong>s <strong>VILLes</strong> d’AFrIQUe ceNTrALe<br />

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