L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
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ENCAdRé 4.5: coMMent le reGiMe du Mailo<br />
entrave l’aMenaGeMent urbain a KaMPala<br />
A Kampala, le marché foncier official est perturbé par divers facteurs<br />
structurels comme la complexité <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> tenure, l’absence<br />
<strong>de</strong> politique cohérente, <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> construction et d’urbanisme<br />
irréalistes, <strong>de</strong>s systèmes d’enregistrement incomplets et le manque<br />
d’information, ainsi que <strong>de</strong>s facteurs socio-économiques comme la<br />
spéculation et la corruption.<br />
Pour le moment, 52 pour cent <strong>de</strong>s terrains à Kampala sont placés sous<br />
le régime <strong>de</strong> tenure du mailo, 30 pour cent sont aux mains <strong>de</strong> locataires<br />
privés mais appartiennent à l’Etat et sont administrés par la municipalité,<br />
7 pour cent appartiennent à l’Etat et 11 pour cent à <strong>de</strong>s institutions.<br />
La plupart <strong>de</strong>s terrains dans les banlieues <strong>de</strong> la capitale ougandaise<br />
sont aussi placés sous le régime du mailo. La dualité <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong><br />
propriété et les types d’établissement non-viabilisés et désorganisés<br />
placés sous le régime du mailo ont eu <strong>de</strong>s effets très tangibles sur le<br />
développement d’un marché foncier efficace dans la région <strong>de</strong> Kampala.<br />
Avant qu’un propriétaire puisse vendre ou aménager un terrain mailo,<br />
il doit in<strong>de</strong>mniser et reloger le(s) locataire(s) (sous condition d’une<br />
occupation non contestée pendant plus <strong>de</strong> 12 ans). Les locataires<br />
sont reconnus comme « propriétaires coutumiers » et ont le droit <strong>de</strong><br />
vendre ou d’hypothéquer le terrain, mais seulement après consultation<br />
avec le détenteur du titre sur le terrain mailo. <strong>de</strong> la même façon, le<br />
détenteur du titre ne peut vendre le terrain avant que les propriétaires<br />
coutumiers soient correctement in<strong>de</strong>mnisés. Toutefois, les locataires<br />
(propriétaires coutumiers) ne peuvent vendre le terrain s’ils n’ont pas<br />
<strong>de</strong> titre certain. Comme il reste très peu <strong>de</strong> terrains publics vacants à<br />
Kampala et que la majeure partie <strong>de</strong>s terrains mailo sont occupés par<br />
<strong>de</strong>s locataires, il n’y existe, en pratique, plus aucune parcelle dont les<br />
dimensions permettraient d’accueillir <strong>de</strong>s aménagements rési<strong>de</strong>ntiels<br />
supplémentaires.<br />
Prendre à bail <strong>de</strong>s terrains administrés par la municipalité est tout<br />
aussi compliqué et le processus peut durer jusqu’à cinq ans, pour une<br />
bonne partie en raison <strong>de</strong>s jeux d’influence politiques, <strong>de</strong>s procédures<br />
bureaucratiques et <strong>de</strong>s inévitables pots-<strong>de</strong>-vin qui permettent à une<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire son chemin à travers le système.<br />
En outre, vu la pénurie <strong>de</strong> terrains en ville, le prix moyen d’un millier <strong>de</strong><br />
mètres carrés dans un quartier <strong>de</strong> très bonne qualité est équivalent à<br />
US $120 000, soit le double <strong>de</strong>s quartiers les moins bien cotés. Plus à<br />
l’écart (15-20km) <strong>de</strong> la capitale, <strong>de</strong>s terrains mailo plus étendus mais<br />
non-viabilisés se ven<strong>de</strong>nt US $1 000 les 1 000 m2 . Ces conditions ont<br />
rendu quasiment impossible la construction <strong>de</strong> nouveaux domaines<br />
rési<strong>de</strong>ntiels abordables pour les catégories à faibles et moyens revenus.<br />
Sources :Kituuka (2005); Giddings(2009)<br />
failles non-négligeables du système <strong>de</strong> gouvernance. Leur nature informelle<br />
leur permet <strong>de</strong> satisfaire l’énorme <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour <strong>de</strong>s lots<br />
d’un prix abordable, quel que le régime <strong>de</strong> tenure foncière dominant<br />
du pays. Dans la sous-région, les marchés fonciers urbains informels<br />
opèrent, à un extrême, dans les endroits où c’est la tenure privée universelle<br />
qui l’emporte, comme au Kenya, ainsi que, à l’autre extrême,<br />
dans les villes où les pouvoirs publics ont du mal à gar<strong>de</strong>r la mainmise<br />
sur les lotissements, la délivrance <strong>de</strong> titres et les constructions<br />
non-autorisées face à la montée <strong>de</strong>s lotissements illégaux <strong>de</strong> terrains<br />
privés ou détenus en commun, comme en Ouganda ou au Rwanda.<br />
Dans les autres cas, les fonctionnaires ont <strong>de</strong> fait “privatisé” l’offre<br />
foncière officielle, comme cela s’est déjà produit en Tanzanie avec les<br />
ten-cells les mitaa.<br />
Dans tous les cas, pourtant, et même si le système dominant<br />
peut paraître informel d’un point <strong>de</strong> vue juridique, les processus<br />
<strong>de</strong> cessions foncières sont bien structurés et régis par <strong>de</strong>s normes et<br />
procédures généralement bien comprises, et à ce titre ils sont très<br />
bien placés pour surmonter les défaillances <strong>de</strong>s marchés officiels. Des<br />
institutions d’origine populaire respectées et généralement acceptées<br />
permettent un accès au foncier urbain très décentralisé, avec une<br />
tenure assez sûre, et <strong>de</strong>s procédures rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> recours et d’arbitrage<br />
en cas <strong>de</strong> litige.<br />
Le vaste potentiel qui est celui <strong>de</strong>s transactions foncières et <strong>de</strong><br />
l’aménagement urbains socialement régulés est très sous-estimé et<br />
mal compris par le secteur public. Plutôt que <strong>de</strong> rejeter les procédures<br />
informelles comme illégitimes, les pays d’Afrique <strong>de</strong> l’Est feraient bien<br />
d’envisager l’institutionnalisation <strong>de</strong>s marchés informels du foncier<br />
et <strong>de</strong> l’habitat urbains. A la différence <strong>de</strong>s marchés officiels, ils offrent<br />
<strong>de</strong>s procédures pragmatiques et d’un coût abordable qui pourraient<br />
transformer <strong>de</strong> façon très appréciable la situation <strong>de</strong>s taudis et<br />
établissements informels dans bien <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> la sous-région. En<br />
reconnaissant et en institutionnalisant les mécanismes populaires <strong>de</strong><br />
gestion foncière et <strong>de</strong> l’habitat, on réduirait les charges qui pèsent<br />
dans ce domaine, comme dans celui <strong>de</strong> l’administration foncière, sur<br />
les municipalités, et avec <strong>de</strong>s coûts réduits. Cela permettrait aussi <strong>de</strong><br />
faire <strong>de</strong> l’enregistrement décentralisé <strong>de</strong> la tenure et <strong>de</strong>s titres la pierre<br />
angulaire, dans une secon<strong>de</strong> étape, d’interventions pragmatiques du<br />
secteur public dans les établissements informels pour ce qui concerne<br />
l’agencement spatial, la taille minimum <strong>de</strong>s lots et les accès publics,<br />
ainsi que la fourniture <strong>de</strong> services en coopération et en partenariat<br />
avec les organismes populaires qui se chargent <strong>de</strong> la micro-gestion<br />
<strong>de</strong>s opérations foncières socialement régulées.<br />
Ethiopie<br />
Le système informel d’offre foncière permet, en Ethiopie,<br />
d’accé<strong>de</strong>r à un terrain qui échappe aux mesures d’urbanisme et<br />
auquel ne s’attache aucun document écrit. Les cessions <strong>de</strong> terrains<br />
urbains non enregistrés sont fonction <strong>de</strong>s relations personnelles.<br />
Elles sont confirmées par simple accord qui peut être confirmé<br />
par l’administration locale (kebele) ou par procuration légale. Les<br />
allocations foncières informelles ont beau être très répandues et<br />
l’une <strong>de</strong>s causes principales <strong>de</strong>s occupations illégales (squats), <strong>de</strong>s<br />
établissements irréguliers et <strong>de</strong>s taudis, leur quasi-totalité (environ<br />
90 pour cent) sont constituées <strong>de</strong> lotissements illicites <strong>de</strong> terrains<br />
détenus en bonne et due forme. Institutionnaliser ces procédures<br />
informelles ferait davantage qu’inciter à l’enregistrement <strong>de</strong>s<br />
terrains et faciliter les interventions spatiales et autres <strong>de</strong>s autorités<br />
municipales; cela pourrait aussi améliorer les recettes fiscales <strong>de</strong>s<br />
municipalités que <strong>de</strong>s marchés formalisés et peu efficaces, qu’ils<br />
soient officiels ou non, ne sont plus capables <strong>de</strong> susciter.<br />
Tanzanie<br />
L’accès irrégulier au foncier urbain peut, en Tanzanie, se faire par<br />
trois canaux distincts : (a) l’invasion (très limitée à tous égards); (b)<br />
l’attribution par les chefs locaux, les anciens ou les propriétaires<br />
reconnus, pour un montant symbolique ; et, fréquemment, (c) un<br />
terrain est acheté dans une zone viabilisée auprès d’un propriétaire<br />
reconnu et enregistré auprès d’un chef local ou la permanence locale<br />
d’un parti politique.<br />
Les cessions foncières informelles se font en présence <strong>de</strong> témoins<br />
– parents, amis et chefs locaux; elles tirent leur légitimité <strong>de</strong> la<br />
reconnaissance sociale qui peut assurer <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> recours et<br />
d’arbitrage auprès <strong>de</strong>s chefs locaux en cas <strong>de</strong> litige. Si informelles<br />
que soient ces procédures, elles permettent, ici encore, <strong>de</strong> surmonter<br />
L’éTAT <strong>de</strong>s <strong>VILLes</strong> d’AFrIQUe <strong>de</strong> L’esT<br />
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