L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
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GRAPHIQUE 5.3: PoPulations totales (urbaines et rurales) <strong>de</strong><br />
l’aFriQue centrale, 2000-2050<br />
Population (’000s)<br />
300,000<br />
250,000<br />
200,000<br />
150,000<br />
100,000<br />
50,000<br />
0<br />
* Projections<br />
Source: PUM 2009<br />
2000<br />
2010*<br />
Urbaine<br />
2020*<br />
2030*<br />
Rurale<br />
2040*<br />
Totale<br />
2050*<br />
dans les zones non <strong>de</strong>sservies ou par-<strong>de</strong>là les franges urbaines, tout<br />
simplement parce que ces populations ne peuvent supporter le prix<br />
du loyer dans les zones urbaines officiellement aménagées.<br />
Dans les capitales et dans la plupart <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> la sousrégion,<br />
les citadins pauvres étaient confinés, en général, dans les<br />
quartiers ‘indigènes’ qui leur avaient été concédés comme zones<br />
rési<strong>de</strong>ntielles durant la colonisation. Ils se retrouvent <strong>de</strong> plus en<br />
plus, <strong>de</strong> nos jours, dans les banlieues non aménagées ou par-<strong>de</strong>là<br />
la périphérie urbaine. Dans le cas d’espèce <strong>de</strong> Kinshasa que nous<br />
pouvons citer en exemple, les citadins pauvres se concentrent<br />
dans les faubourgs périphériques tels que Kimbanseke, Masina,<br />
Kingasani, Kin<strong>de</strong>le, Malueka, Mpasa et Mikonga. A Brazzaville<br />
également, la majorité <strong>de</strong>s citadins pauvres vivent dans les<br />
bidonvilles <strong>de</strong> Mikalu, Mfilou et Talangayi. A Luanda, les citadins<br />
pauvres, pour la plupart, habitent à Petrangol, Palanca et Mabore.<br />
L’on a constaté, au courant <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années, que les zones<br />
bâties <strong>de</strong> ces villes se sont étendues à <strong>de</strong>s proportions colossales<br />
ENCAdRé 5.1: relance <strong>de</strong> la Gouvernance urbaine dans les econoMies doMinees Par le secteur<br />
Petrolier – cas <strong>de</strong> l’anGola<br />
Les recettes <strong>de</strong>s gouvernements africains générées<br />
par le pétrole et le gaz naturel passeront, selon les<br />
prévisions, <strong>de</strong> 80 milliards <strong>de</strong> dollars américains en<br />
2006 à 250 milliards <strong>de</strong> dollars américains en 2030,<br />
ce qui dotera les pays exportateurs d’hydrocarbures<br />
d’importantes ressources financières qui leur permettront<br />
d’accélérer leur développement économique et<br />
social et <strong>de</strong> réduire leur niveau <strong>de</strong> pauvreté. L’histoire<br />
nous enseigne, toutefois, que les pays dotés <strong>de</strong> richesses<br />
pétrolières ou, d’une manière plus générale,<br />
gorgés <strong>de</strong> matières premières ne réalisent leur développement<br />
économique et social que si les gouvernements<br />
gèrent <strong>de</strong> manière rationnelle et honnête les<br />
recettes tirées <strong>de</strong> ces produits.<br />
C’est en 1973 que le pétrole est <strong>de</strong>venu la principale<br />
source <strong>de</strong> revenu <strong>de</strong> l’Angola et la Sonangol, la compagnie<br />
nationale chargée <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s réserves<br />
d’hydrocarbures contrôle toutes les recettes pétrolières<br />
<strong>de</strong>puis 1976. L’Angola connaît à l’heure actuelle un gigantesque<br />
essor <strong>de</strong> construction immobilière et une<br />
croissance, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 16%, <strong>de</strong> son produit intérieur<br />
brut (PIB) en 2006 et 2008. En dépit <strong>de</strong> ce qui précè<strong>de</strong>,<br />
il existe un énorme écart entre le revenu national et les<br />
conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s angolais. Le produit<br />
intérieur brut est <strong>de</strong> 4.400 dollars américains par habitant,<br />
alors que 70% <strong>de</strong> citoyens survivent avec moins<br />
d’1 dollar par jour. Il n’y a pas lieu d’en être surpris car<br />
la fuite <strong>de</strong>s capitaux du pays entre 1985 et 2004 a été<br />
chiffrée, selon les estimations, à 216% du PIB officiel.<br />
dans les vastes bidonvilles et établissements informels<br />
<strong>de</strong> Luanda, la capitale, sévit une pauvreté endémique.<br />
Même si le gouvernement s’est lancé dans la construction<br />
d’un million <strong>de</strong> logements dans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 4<br />
ans, il est évi<strong>de</strong>nt que dans la seule conurbation <strong>de</strong><br />
Luanda, se trouvent plus <strong>de</strong> 3 millions <strong>de</strong> personnes qui<br />
manquent <strong>de</strong> logements décents. <strong>de</strong>s projets immobiliers<br />
du genre Copacabana Resi<strong>de</strong>ncial, un complexe<br />
<strong>de</strong> 720 appartements d’une valeur <strong>de</strong> 100 millions <strong>de</strong><br />
dollars américains contrastent nettement avec les<br />
taudis urbains, ce qui a entraîné l’expulsion forcée <strong>de</strong>s<br />
familles installées dans les lieux, créant ainsi 15.000<br />
personnes déplacées, rien qu’en juin 2009.<br />
A l’heure actuelle, moins <strong>de</strong> 30 pour cent <strong>de</strong> la population<br />
angolaise a accès à l’électricité ou aux carburants<br />
propres pour la cuisine à l’instar du gaz <strong>de</strong> pétrole liquéfié<br />
(GPL), le kérosène ou le biogaz. Près <strong>de</strong> 150.000 personnes,<br />
les femmes et les enfants le plus souvent, décè<strong>de</strong>nt<br />
chaque année <strong>de</strong> mort prématurée <strong>de</strong>s suites <strong>de</strong> la pollution<br />
<strong>de</strong> l’air intérieur consécutive à la combustion du<br />
bois <strong>de</strong> chauffage et du charbon <strong>de</strong> bois. Il est fort probable<br />
que 70% <strong>de</strong>s activités commerciales <strong>de</strong> l’Angola<br />
reposent sur les générateurs diesel <strong>de</strong> secours pour<br />
pallier aux pannes <strong>de</strong> courant chroniques. Une source<br />
d’énergie abondante, propre et abordable est essentielle<br />
pour la santé publique, le bien être social et la productivité<br />
économique. L’amélioration <strong>de</strong> l’accès à l’énergie<br />
entraînera <strong>de</strong>s réformes politiques et législatives fondamentales,<br />
ainsi que le renforcement <strong>de</strong>s capacités institutionnelles<br />
et financières indispensables pour la mise en<br />
œuvre <strong>de</strong> ces programmes. Les coûts d’accès universel<br />
à la cuisson électrique ou au gaz <strong>de</strong> pétrole liquéfié (GPL)<br />
partout en Afrique occi<strong>de</strong>ntale et centrale s’élèveraient,<br />
selon les estimations, à 18 milliards <strong>de</strong> dollars – ce qui<br />
correspondrait seulement à 0,4 pour cent <strong>de</strong>s prévisions<br />
<strong>de</strong>s recettes pétrolières cumulées <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux régions<br />
au titre <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> 2007-2030. La facture relative à<br />
l’accès universel à l’électricité en Angola se chiffrerait<br />
tout simplement à un montant équivalant à 0,1 pour cent<br />
<strong>de</strong>s recettes que le pays prévoit encaisser. La société<br />
civile se bat pour amener le gouvernement angolais à<br />
tenir une comptabilité transparente <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> ses<br />
revenus pétroliers, car les informations publiques sur les<br />
flux <strong>de</strong> revenus réels restent très rares.<br />
La transition vers un Etat angolais démocratique et la<br />
consolidation <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier est toujours en cours, au<br />
même moment où le pays met tous les efforts à contribution<br />
pour se remettre d’une guerre civile dévastatrice<br />
qui a duré près <strong>de</strong> 30 ans. De même, la société civile est<br />
encore en train <strong>de</strong> développer le plein <strong>de</strong> ses capacités<br />
en vue d’engager le gouvernement dans le dialogue censé<br />
ouvrir la voie pour le développement démocratique,<br />
équitable et durable. Toutefois, lorsque les relations<br />
civiques s’articulent sur <strong>de</strong>s individus plutôt que sur <strong>de</strong>s<br />
institutions, la société civile éprouve souvent <strong>de</strong>s difficultés<br />
à engager le dialogue avec le gouvernement.<br />
La société civile angolaise pourrait néanmoins créer<br />
un espace politique si les lignes non formulées <strong>de</strong><br />
manière expresses, mais toutefois implicites qui<br />
ne peuvent pas être franchies sont exploitées pour<br />
paver la voie au dialogue et à la négociation dans les<br />
domaines où le débat est autorisé. L’objectif à court<br />
terme est, par conséquent, <strong>de</strong> promouvoir une culture<br />
d’engagement et <strong>de</strong> collaboration qui peut générer<br />
<strong>de</strong>s résultats dans une perspective à plus long terme.<br />
Le problème qui se pose est qu’il ne peut-être pas à<br />
l’Angola beaucoup <strong>de</strong> temps pour négocier un nouveau<br />
contrat social avec la société civile, en raison du<br />
fait que ses réserves confirmées <strong>de</strong> pétrole et <strong>de</strong> gaz<br />
naturel sont mo<strong>de</strong>stes, et très importantes par rapport<br />
à celles, par exemple, <strong>de</strong> la Guinée Equatoriale<br />
ou du Nigeria. La production <strong>de</strong> pétrolière <strong>de</strong> l’Angola,<br />
selon les prévisions, <strong>de</strong>vrait atteindre son niveau<br />
record en 2010 et son budget national essentiellement<br />
financé par les pétrodollars pourrait enregistrer<br />
un déficit entre 2015 et 2018, si le gouvernement ne<br />
trouve aucune autre source <strong>de</strong> recettes.<br />
Si l’Angola persiste dans son modèle social actuel<br />
<strong>de</strong> consommation qui privilégie la satisfaction <strong>de</strong>s<br />
besoins <strong>de</strong>s élites et repose sur la dépendance<br />
quasi-exclusive <strong>de</strong>s revenus du pétrole et du gaz, il<br />
faudra probablement faire face à un ralentissement<br />
<strong>de</strong> l’économie aux alentours <strong>de</strong> 2020. Le choc <strong>de</strong>s<br />
recettes <strong>de</strong> 2008 déclenché par la baisse <strong>de</strong>s prix<br />
du pétrole et du diamant a eu l’effet d’un avant-goût<br />
<strong>de</strong> ce que pourrait être l’avenir. A moins d’investir<br />
rationnellement les richesses pétrolières actuelles<br />
dans la diversification <strong>de</strong> l’économie, la productivité<br />
urbaine, l’accès universel à l’énergie propre et<br />
bon marché et aux infrastructures sociales <strong>de</strong><br />
base indispensables en milieu urbain, la prochaine<br />
décennie pourrait voir une fin abrupte <strong>de</strong>s espérances<br />
croissantes que nourrissent <strong>de</strong> millions <strong>de</strong> citadins<br />
angolais qui aspirent légitimement au mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie<br />
stable <strong>de</strong> la petite bourgeoisie.<br />
Sources: World Energy Outlook 2008; Angola: Failed yet Successful, AfricaFocus Bulletin, 10 August 2009; Oil and Governance Report, March 2008, www.ethicsworld.org/<br />
publicsectorgovernance/; Electricity Distribution Mo<strong>de</strong>rnization in Luanda, Angola, United States Tra<strong>de</strong> and Development Agency, www.<strong>de</strong>vex.co<br />
L’éTAT <strong>de</strong>s <strong>VILLes</strong> d’AFrIQUe ceNTrALe<br />
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