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L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat

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cHAPITre TrOIs<br />

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supplémentaire. Ainsi le Sénégal, en 1964, a-t-il introduit le<br />

“Domaine national” 1 qui inclut tous les terrains ne faisant pas partie<br />

du domaine public ou privé <strong>de</strong> l’Etat ou <strong>de</strong>s collectivités locales, ou<br />

qui n’ont pas été acquis à titre privatif ni enregistrés avant le vote <strong>de</strong><br />

la loi. Ces terrains ne sont pas propriété <strong>de</strong> l’Etat mais <strong>de</strong>viennent<br />

partie <strong>de</strong> son patrimoine. De même, au Mali 2 , le Domaine foncier<br />

national comprend toutes les catégories foncières, ce qui donne à<br />

l’Etat un pouvoir discrétionnaire pour en ajouter à son domaine privé<br />

et à les mettre sur le marché. En Afrique <strong>de</strong> l’Ouest anglophone, les<br />

catégories foncières sont plus ou moins les mêmes, mais la notion <strong>de</strong><br />

“terrain public” aliénable et inaliénable est moins ambiguë.<br />

Les Formes Conventionnelles et Coutumières<br />

<strong>de</strong> la Tenure<br />

Comme les autres sous-régions au Sud du Sahara, l’Afrique <strong>de</strong><br />

l’Ouest se caractérise par un double système <strong>de</strong> tenure législative ou<br />

formelle/conventionnelle (telle que codifiée en droit) et la tenure<br />

coutumière (traditionnelle). En dépit <strong>de</strong>s pressions internationales<br />

en faveur <strong>de</strong> la libéralisation <strong>de</strong>s marchés fonciers urbains en Afrique,<br />

les institutions publiques conservent l’entière maîtrise <strong>de</strong> l’attribution<br />

<strong>de</strong>s terrains et restreignent la fourniture <strong>de</strong> titres <strong>de</strong> propriété. Les<br />

intérêts acquis et <strong>de</strong>s pratiques contestables d’administration foncière<br />

se sont combinés pour réduire le nombre <strong>de</strong>s délivrances <strong>de</strong> titres en<br />

bonne et due forme. En dépit d’énormes réserves foncières – les sols<br />

appartenant surtout à l’Etat – la plupart <strong>de</strong>s gouvernements sont<br />

réticents à fournir <strong>de</strong>s terrains à gran<strong>de</strong> échelle, la rareté bénéficiant<br />

aux intérêts acquis tout en augmentant les possibilités <strong>de</strong> pratiques<br />

prédatrices. Le Burkina Faso fait figure d’exception, puisque <strong>de</strong><br />

vastes étendues <strong>de</strong> terrains publics ont été fournies pour l’habitat, ce<br />

qui a eu pour double effet d’alléger la pression <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong><br />

peser sur les valeurs foncières.<br />

La tenure en bonne et due forme<br />

En raison <strong>de</strong> l’urbanisation accélérée, <strong>de</strong>s évolutions dans la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> terrains urbains sûrs et <strong>de</strong> titres <strong>de</strong> propriété <strong>de</strong> la part<br />

<strong>de</strong>s investisseurs et <strong>de</strong>s classes moyennes montantes dans les villes<br />

d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest ont contribué au développement <strong>de</strong> marchés<br />

fonciers en bonne et due forme. L’appropriation foncière à titre privé<br />

et l’accès au statut <strong>de</strong> pleine propriété débouchent sur la privatisation<br />

<strong>de</strong>s terres, <strong>de</strong> nouveaux investissements, <strong>de</strong>s pressions du marché<br />

sur le foncier, et, dans une moindre mesure, les politiques <strong>de</strong><br />

régularisation <strong>de</strong> la tenure. Ces processus ont, ces 20 <strong>de</strong>rnières années,<br />

été soutenus par <strong>de</strong> nouvelles législations et <strong>de</strong> nouveaux co<strong>de</strong>s en<br />

matière foncière, soit pour faciliter l’appropriation privée du sol, ou<br />

pour restreindre sa prolifération. Au Nigeria, par exemple, la loi <strong>de</strong><br />

1978 sur l’utilisation <strong>de</strong>s terres a transféré à l’Etat la propriété <strong>de</strong><br />

toutes les terres, et tout détenteur d’un titre <strong>de</strong> propriété est <strong>de</strong>venu<br />

locataire emphytéotique d’un maximum <strong>de</strong> 99 ans en vertu d’un<br />

Certificat légal d’occupation. La tenure foncière est gouvernée par la<br />

législation, et la sécurité <strong>de</strong> la tenure est garantie par un certificat <strong>de</strong><br />

propriété (Asiama, 2005).<br />

Au Sénégal, une loi autorisant les détenteurs <strong>de</strong> “Permis urbain<br />

d’habiter” (PUH) à convertir ceux-ci en titres <strong>de</strong> propriété a été votée<br />

en 2010. Dans la majeure partie d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest, les permis<br />

d’habiter (voir Encadré 3.2) ou leur équivalent ne peuvent être<br />

convertis en titres <strong>de</strong> pleine propriété qu’après que le terrain a été<br />

aménagé. Entretemps, les pouvoirs publics conservent la possibilité<br />

d’annuler les droits <strong>de</strong> propriété au cas où les détenteurs <strong>de</strong> permis<br />

ne se conforment pas à leurs obligations en ce qui concerne la mise<br />

en valeur du terrain. En Afrique <strong>de</strong> l’Ouest, la détention d’un PUH<br />

ENCAdRé 3.2: l’aMelioration <strong>de</strong> la tenure au<br />

Mali: <strong>de</strong> l’attribution adMinistrative a la<br />

ProPriete<br />

Il existe au Mali trois grands types <strong>de</strong> droits rési<strong>de</strong>ntiels:<br />

1. Les “Décisions d’attribution” sont la forme <strong>de</strong> titre la plus élémentaire,<br />

traduction du droit <strong>de</strong> tout citoyen à possé<strong>de</strong>r une parcelle <strong>de</strong> terrain.<br />

Ces droits d’utilisation temporaires sont attribués par les autorités<br />

municipales en fonction <strong>de</strong> certains critères d’éligibilité et <strong>de</strong> critères<br />

<strong>de</strong> priorité en cas d’attribution directe aux bénéficiaires individuels.<br />

Moyennant paiement d’une taxe d’utilisation, les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

reçoivent <strong>de</strong>s certificats d’attribution qui peuvent leur être retirés si,<br />

dans les cinq ans, ils ne construisent pas <strong>de</strong>s unités d’habitation qui<br />

soient conformes à certaines normes minimum.<br />

2. Le Permis Urbain d’Habiter (PUH) est un droit d’utilisation permanent,<br />

quoique le terrain lui-même reste propriété <strong>de</strong> l’Etat. Il est délivré par<br />

l’administration foncière une fois que la parcelle a été mise en valeur<br />

et bâtie en conformité avec les normes et les règles <strong>de</strong> construction<br />

(coefficients <strong>de</strong> surface au sol et matériaux <strong>de</strong> construction, en<br />

particulier). Ces titres donnent la sécurité <strong>de</strong> la tenure, et peuvent<br />

être cédés et hypothéqués s’ils sont passés par l’enregistrement,<br />

seule procédure à même <strong>de</strong> rendre le titre entièrement sûr. Comme<br />

l’enregistrement est facultatif, sujet à <strong>de</strong>s procédures complexes et à<br />

<strong>de</strong>s coûts élevés, il reste rare.<br />

3. Le régime <strong>de</strong> la propriété a été aboli lors <strong>de</strong> la révolution <strong>de</strong> 1983<br />

avant d’être rétabli il y a quelques années. Les droits <strong>de</strong> propriété<br />

prennent la forme matérielle <strong>de</strong> Titres Fonciers qui ne passent pas<br />

obligatoirement par l’enregistrement. Pour obtenir ce type <strong>de</strong> titre, le<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur doit: (a) être déjà détenteur d’un PUH; (b) avoir dépensé<br />

au moins 30 fois le montant <strong>de</strong> la taxe d’utilisation sur la mise en valeur<br />

rési<strong>de</strong>ntielle; et (c) s’acquitter auprès <strong>de</strong> l’autorité publique d’un<br />

“prix” équivalent au double <strong>de</strong> la taxe d’utilisation initialement payée.<br />

et/ou permis <strong>de</strong> logement (la terminologie varie selon les pays) reste<br />

le type le plus courant <strong>de</strong> tenure en bonne et due forme en milieu<br />

urbain. Sous la forme dans laquelle ils sont attribués aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

par l’administration centrale ou locale, ces permis sont (a) valables<br />

pour une durée limitée; (b) soumis à condition (la conversion en<br />

permis permanent ou en titre <strong>de</strong> propriété passe par l’aménagement<br />

préalable en conformité avec <strong>de</strong>s normes minimum <strong>de</strong> construction/<br />

urbanisme ou <strong>de</strong> dépenses, les délais habituels étant <strong>de</strong> trois à six ans);<br />

et (c) révocables (faute <strong>de</strong> mise en valeur dans les délais prescrits).<br />

Ces permis laissent <strong>de</strong>s traces écrites dans le Livre foncier mais sans<br />

passer par l’enregistrement en bonne et due forme. Si le détenteur<br />

du permis est en mesure <strong>de</strong> satisfaire à ses obligations, le permis<br />

temporaire peut, en principe, être converti en permis permanent<br />

et, dans une étape ultérieure, en titre <strong>de</strong> propriété pleine et entière<br />

dûment enregistré.<br />

Le PUH ne peut être cédé tant que le terrain n’a pas été mis en<br />

valeur. Bien que la sécurité <strong>de</strong> la tenure qui s’y attache soit plutôt<br />

élevé, il est rare que les détenteurs soient en mesure <strong>de</strong> se conformer<br />

aux normes <strong>de</strong> construction ou d’investissement et aux délais qui<br />

s’y attachent. Par conséquent, la sécurité est en fait suspendue à la<br />

décision <strong>de</strong>s pouvoirs publics. La plupart <strong>de</strong>s détenteurs <strong>de</strong> permis<br />

sur <strong>de</strong>s lotissements lancés à l’initiative <strong>de</strong>s pouvoirs publics ont été<br />

incapables d’aller au bout du processus.

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