L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
cHAPITre cINQ<br />
178<br />
s<br />
Construction d’un toit, République Centrafricaine. ©anthony Morland/irin<br />
du terrain. Des tentatives visant à rationaliser l’affectation <strong>de</strong>s terres<br />
publiques et les procédures <strong>de</strong> régularisation <strong>de</strong> l’occupation foncière<br />
ont été faites dans la plupart <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> la sous-région, mais avec <strong>de</strong>s<br />
résultats limités, car les principaux obstacles à la réforme se trouvent<br />
au sein <strong>de</strong>s institutions chargées <strong>de</strong> la gouvernance foncière.<br />
Dans tous les pays <strong>de</strong> l’Afrique centrale et occi<strong>de</strong>ntale, l’accès<br />
aux terres allouées par l’Etat nécessite une longue série d’étapes:<br />
A titre d’exemple, l’aboutissement d’un dossier foncier au Gabon<br />
doit transiter par 137 bureaux et sept (7) divisions administratives.<br />
Les procédures ne sont pas transparentes non plus, puisque les<br />
documents <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s Domaines, <strong>de</strong> la Direction du<br />
Cadastre et du Bureau du Registre foncier (Livre foncier) ne sont<br />
pas librement accessibles au public, un facteur majeur qui justifie<br />
la réticence générale à enregistrer les propriétés foncières. En 1995,<br />
Libreville comptait environ 150.000 propriétés foncières bâties,<br />
dont une maigre poignée <strong>de</strong> 6.000 propriétés officiellement titrées,<br />
et 6.000 autres, détentrices <strong>de</strong> titres non définitifs (titres provisoires)<br />
(Comby, 1995) 22 . Des observations récentes confirment que, <strong>de</strong>puis<br />
lors, la situation ne s’est pas sensiblement améliorée. En raison <strong>de</strong><br />
ce manque déconcertant <strong>de</strong> célérité administration foncière dans<br />
l’exécution <strong>de</strong> sa tâche, 90 pour cent <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> Libreville<br />
n’ont pas d’autre choix que <strong>de</strong> compter sur le système informel<br />
d’acquisition et d’occupation foncières. Dans tous les pays <strong>de</strong> la<br />
sous-région, la prédominance du système <strong>de</strong> propriété foncière<br />
non enregistrée rend presqu’impossible le suivi <strong>de</strong> la procédure<br />
d’établissement du titre foncier au fil du temps, et facilite la frau<strong>de</strong>.<br />
Cette inci<strong>de</strong>nce écrasante du secteur informel a <strong>de</strong>s effets tangibles<br />
sur les marchés <strong>de</strong> terrains et <strong>de</strong> logements: le potentiel <strong>de</strong> prêts<br />
garantis (avalisé par une propriété foncière immatriculée et titrée)<br />
est considérablement réduit, ce qui, en retour, rend la réalisation<br />
<strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong> construction associées au Permis <strong>de</strong> bâtir une<br />
condition qui va à l’encontre du but recherché, puisque le respect<br />
<strong>de</strong> ces exigences constitue un préalable pour les droits <strong>de</strong> propriété<br />
permanente.<br />
En Angola, une loi <strong>de</strong> 1992 a placé la responsabilité <strong>de</strong> l’accès à la<br />
propriété foncière sous la responsabilité <strong>de</strong> l’Etat. Le problème qui se<br />
pose est que les institutions publiques chargées <strong>de</strong> la réglementation<br />
<strong>de</strong> l’accès à la propriété foncière ne sont pas dotées <strong>de</strong> capacités <strong>de</strong><br />
mise en œuvre transparente et efficace. La gestion domaniale par l’Etat<br />
était désorganisée, en raison <strong>de</strong> la fragmentation <strong>de</strong>s responsabilités<br />
<strong>de</strong>s institutions administratives et du manque <strong>de</strong> registres clairs et<br />
bien tenus qui ont ouvert les services d’administration domaniale<br />
et foncière à <strong>de</strong>s abus grossiers. Le système a avantage ceux qui ont<br />
maîtrisé ses modalités <strong>de</strong> fonctionnement et sont familiers à ceux<br />
qui en ont la charge. En 2004, sous la pression <strong>de</strong>s organisations<br />
<strong>de</strong> la société civile, <strong>de</strong>s modifications permettant aux occupants qui<br />
sont passés par <strong>de</strong>s procédures informelles <strong>de</strong> légaliser leur statut<br />
d’occupation dans un délai <strong>de</strong> trois ans ont été introduites, mais<br />
compte tenu du fait que l’administration publique continue à manquer<br />
<strong>de</strong> capacités en mesure <strong>de</strong> traiter les dossiers fonciers en attente, il<br />
en résulte <strong>de</strong>s arriérés énormes <strong>de</strong> dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s.<br />
Partout en ‘Afrique centrale, la répartition <strong>de</strong>s terrains relevant<br />
du domaine <strong>de</strong> l’Etat par les autorités locales et municipales est<br />
minée par la corruption, en particulier lorsque les institutions<br />
manquent sérieusement <strong>de</strong> ressources humaines et financières,<br />
comme au Tchad, en République Centrafricaine et en République<br />
Démocratique du Congo. Cette situation n’a rien à voir avec les<br />
insuffisances <strong>de</strong>s marchés fonciers ; il s’agit plutôt d’un modèle <strong>de</strong><br />
comportement profondément enraciné. Dans ces pays les traditions<br />
<strong>de</strong> gestion administrative s’inspirent <strong>de</strong>s procédures héritées <strong>de</strong><br />
l’époque coloniale, les prérogatives d’attribution <strong>de</strong>s terres ont été<br />
dévolues aux Etats nouvellement indépendants, sans procé<strong>de</strong>r à la