L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat
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3.5<br />
Les Nouveaux Problèmes<br />
Les Migrations en Afrique <strong>de</strong> L’ouest<br />
Suite à l’indépendance, le Ghana était <strong>de</strong>venu un pôle majeur<br />
pour l’immigration régionale, les secteurs du cacao, du café et <strong>de</strong> l’or<br />
offrant <strong>de</strong> nombreux emplois. L’énorme vague d’immigration a pris<br />
fin avec un décret <strong>de</strong> 1969 et l’expulsion, qui a suivi, <strong>de</strong> centaines<br />
<strong>de</strong> milliers d’immigrés. A plus long terme, toutefois, ce type<br />
d’intervention ne semble pas avoir modifié la tendance structurelle à<br />
la mobilité régionale. L’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest est un espace d’intégration<br />
naturel où les villes jouent <strong>de</strong> plus en plus le rôle <strong>de</strong> locomotives du<br />
développement et <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnisation.<br />
A partir <strong>de</strong>s années 1970, trois grands systèmes <strong>de</strong> migration<br />
régionale gouvernés par l’intérêt économique sont apparus en<br />
Afrique <strong>de</strong> l’Ouest:<br />
(a) l’axe Ghana-Côte d’Ivoire, pour la le secteur du cacao et du café;<br />
(b) le Nigeria (pétrole et gaz); et<br />
(c) le Sénégal (production et commerce <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong>).<br />
Ces trois réseaux <strong>de</strong> migration sont toujours à l’œuvre mais ils ont<br />
changé <strong>de</strong> fonction. La Côte d’Ivoire et le Nigeria sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s<br />
pays <strong>de</strong> transit, simple étape où l’on accumule les ressources voulues<br />
pour continuer vers d’autres <strong>de</strong>stinations dans le voisinage ou à<br />
l’étranger. Ce sont les contraintes économiques et <strong>de</strong> main d’œuvre<br />
qui déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s migrations vers ou hors du Sénégal.<br />
En Afrique <strong>de</strong> l’Ouest, la migration répond avant tout à <strong>de</strong>s<br />
préoccupations d’ordre économique et se trouve souvent facilitée<br />
par <strong>de</strong>s réseaux reposant sur l’i<strong>de</strong>ntité (ethnie, famille, etc.).<br />
Certains <strong>de</strong>s flux trouvent leur origine dans <strong>de</strong>s tensions politiques<br />
ou économiques, comme l’expulsion massive d’étrangers <strong>de</strong> Côte<br />
d’Ivoire (1964), du Ghana (1969), du Nigeria (1983 et 1985), <strong>de</strong><br />
Mauritanie et du Sénégal (1989), du Bénin (1998), ou dans les<br />
conflits internes comme celui qui a secoué la Côte d’Ivoire <strong>de</strong>puis<br />
la fin <strong>de</strong> 1999.<br />
La mobilité en Afrique <strong>de</strong> l’Ouest tient largement aussi au fait<br />
que les frontières coloniales ont été tracées au milieu <strong>de</strong> zones socioculturelles<br />
où la mobilité est si naturelle qu’il est difficile d’imaginer<br />
comment on pourrait interdire le franchissement <strong>de</strong>s frontières. Par<br />
exemple, la zone culturelle Hausa rassemble 30 millions d’individus<br />
au Sud du Niger et au Nord du Nigeria tout en étant traversée par la<br />
frontière, alors qu’une communauté culturelle Man<strong>de</strong> <strong>de</strong> 15 millions<br />
<strong>de</strong> membres s’étend sur <strong>de</strong>s parties du Sénégal, du Mali, <strong>de</strong> la Guinée<br />
et <strong>de</strong> la Côte d’Ivoire. On retrouve le même phénomène entre le<br />
Sénégal et la Gambie. Au vu <strong>de</strong> ces réalités, il faut bien reconnaître<br />
que la migration inter-régionale peut avoir <strong>de</strong>s aspects positifs. Ainsi,<br />
au Burkina Faso, le plateau central aurait eu du mal à accueillir une<br />
expansion démographique rapi<strong>de</strong> sur <strong>de</strong>s sols qui se détérioraient<br />
toujours plus, et l’émigration a réduit à six millions la population<br />
rurale du pays qui sans cela aurait probablement atteint le chiffre<br />
insupportable <strong>de</strong> 15 millions. La forte mobilité a considérablement<br />
modifié la géographie démographique <strong>de</strong> la sous-région ces quelques<br />
<strong>de</strong>rnières dizaines d’années. Migration et urbanisation ont donné<br />
naissance à <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> villes dans <strong>de</strong>s zones précé<strong>de</strong>mment vi<strong>de</strong>s<br />
qui sont désormais en mesure d’absorber les surcroîts <strong>de</strong> population<br />
d’autres parties <strong>de</strong> la sous-région.<br />
Toutefois, les accords régionaux doivent tenir compte <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong><br />
migration si l on veut éviter les tensions politiques et économiques.<br />
En 1979, la Communauté économique <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> l Afrique <strong>de</strong><br />
l Ouest (CEDEAO) s est mise d accord sur un protocole novateur<br />
sur la libre circulation <strong>de</strong>s personnes et les droits <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce<br />
et d établissement. En conséquence, et en passant sur quelques<br />
désaccords minimes, la zone CEDEAO est en train <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une<br />
sphère <strong>de</strong> libre mouvement <strong>de</strong>s personnes, <strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s capitaux,<br />
ce qui <strong>de</strong>vrait fortement stimuler le développement régional. Cela<br />
<strong>de</strong>vrait aussi favoriser la réalisation <strong>de</strong>s Objectifs du Millénaire<br />
pour le Développement à travers une dynamique régionale<br />
d aménagement du territoire, y compris <strong>de</strong> nouveaux centres urbains<br />
et le financement <strong>de</strong>s infrastructures. Si elle était véritablement<br />
intégrée, l Afrique <strong>de</strong> l’Ouest surmonterait la plupart <strong>de</strong>s difficultés<br />
à court terme que susciterait ce processus dynamique, puisque les<br />
réalités sur le terrain, qu’elles soient <strong>de</strong> nature politique, économique<br />
ou culturelle, confortent déjà les tendances naturelles <strong>de</strong> la sousrégion<br />
à l’intégration, comme l’explique la section qui suit.<br />
Les Couloirs <strong>de</strong> Développement: La nouvelle<br />
réalité <strong>de</strong>s territoires urbains<br />
En Afrique sub-saharienne comme dans toutes les régions où<br />
les échanges entre villes et leurs arrière-pays se sont accélérés, les<br />
couloirs <strong>de</strong> développement urbain sont en cours <strong>de</strong> formation sous<br />
l’impulsion <strong>de</strong> l’expansion démographique urbaine. Un couloir<br />
<strong>de</strong> développement urbain peut apparaître lorsqu’au moins <strong>de</strong>ux<br />
grands centres urbains se trouvent sur une seule gran<strong>de</strong> artère <strong>de</strong><br />
communication (route, rail, mer ou voie navigable), et il est organisé<br />
<strong>de</strong> façon telle qu’il attire <strong>de</strong>s flux d’individus, <strong>de</strong> biens et <strong>de</strong> services,<br />
avec <strong>de</strong>s flux commerciaux importants et réguliers passant à travers<br />
<strong>de</strong>s relais urbains ou ruraux entre les grands centres. Le rôle joué<br />
par chacun <strong>de</strong>s nœuds le long du couloir, et toutes choses égales par<br />
ailleurs, est déterminé par leur population, leur accessibilité physique<br />
et électronique, leur spécialisation et les avantages géographiques qui<br />
sont les leurs, notamment en matière économique. On considère<br />
aussi parfois que la continuité du tissu urbain ou <strong>de</strong> l’occupation <strong>de</strong><br />
L’éTAT <strong>de</strong>s <strong>VILLes</strong> d’AFrIQUe <strong>de</strong> L’OUesT<br />
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