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L'éTAT de VILLes AFrIcAINes - UN-Habitat

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cHAPITre cINQ<br />

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terrains et <strong>de</strong> la migration <strong>de</strong>s populations rurales très pauvres qui<br />

ne peuvent tout simplement pas se permettre l’une <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes<br />

options d’accès à la propriété foncière. Pour cette catégorie <strong>de</strong><br />

citadins, la sécurité <strong>de</strong> jouissance est essentiellement inexistante.<br />

Les faiblesses structurelles en matière d’allocation officielle <strong>de</strong><br />

terrain et l’incapacité inhérente <strong>de</strong> satisfaire les besoins <strong>de</strong>s citadins<br />

à faible revenu ont favorisé l’émergence <strong>de</strong> marchés fonciers<br />

urbains alternatifs. Compte tenu <strong>de</strong> l’ampleur <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />

il ne serait peut-être pas surprenant que les marchés fonciers<br />

informels et les nouveaux marchés contrôlés par les communautés<br />

coutumières couvrent, à l’heure actuelle, jusqu’à 90 pour cent <strong>de</strong><br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> terrains urbains rési<strong>de</strong>ntiels d’Afrique centrale –<br />

le taux le plus élevé <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> l’Afrique sub-saharienne.<br />

La plupart <strong>de</strong>s transactions sur ces marchés ne sont pas officiellement<br />

reconnues et comportent par conséquent <strong>de</strong>s risques évi<strong>de</strong>nts. Mais<br />

à partir du moment où ces marchés alternatifs offrent la possibilité<br />

unique pour les ménages urbains pauvres, les risques vaudraient tout<br />

simplement la peine d’être pris, même si - et c’est un point crucial<br />

- ils découragent les dépenses correspondant au logement décent.<br />

L’expérience universelle a montré que, s’ils bénéficient <strong>de</strong> la sécurité<br />

<strong>de</strong> jouissance foncière, les habitants <strong>de</strong>s bidonvilles sont prêts et<br />

en mesure, en dépit <strong>de</strong> leur pauvreté, <strong>de</strong> construire <strong>de</strong> logements<br />

convenables à travers l’auto-assistance. Le risque d’expulsion,<br />

plutôt que la pauvreté en soi, représente les conditions <strong>de</strong> logement<br />

déplorables qui règnent actuellement dans les bidonvilles urbains.<br />

Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies, la plupart <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> la sousrégion<br />

ont fait preuve d’une étonnante capacité d’adaptation aux<br />

changements économiques et l’expansion urbaine rapi<strong>de</strong>. Dans<br />

toutes les villes d’Afrique centrale, les systèmes coutumiers et<br />

informels d’acquisition <strong>de</strong> terrains sont en train <strong>de</strong> s’adapter et <strong>de</strong><br />

traiter, à l’heure actuelle, les droits à la propriété foncière comme <strong>de</strong>s<br />

marchandises librement échangeables. A Kinshasa et Brazzaville,<br />

par exemple, les opérateurs <strong>de</strong>s transactions foncières informelles et<br />

coutumières sont maintenant les principaux fournisseurs <strong>de</strong> terrains<br />

urbains. Toutefois, l’administration publique ne reconnait pas<br />

officiellement les transactions foncières coutumières ou informelles,<br />

s<br />

Yaoundé, Cameroun. ©Pozzo di borgo thomas/shutterstock<br />

comme au Cameroun ; les pouvoirs publics essaient par conséquent<br />

<strong>de</strong> faire appliquer <strong>de</strong>s lois répressives, indépendamment du fait que les<br />

fonctionnaires <strong>de</strong> l’administration foncière (Directions du Cadastre<br />

et <strong>de</strong>s Domaines), <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> l’administration publique<br />

au niveau du quartier (chefs <strong>de</strong> quartier) et les maires sont tous<br />

activement impliqués dans les transactions foncières coutumières et<br />

informelles (Flouriot, 2010, communication personnelle) (voir aussi<br />

encadré 5.2).<br />

Marchés Fonciers, Forme et Configurations<br />

Au fil du temps, les marchés fonciers urbains officiels remplaceront<br />

la ségrégation basée sur le revenu ou sur la classe sociale héritée du<br />

modèle <strong>de</strong> ségrégation coloniale fondée sur la ségrégation ethnique<br />

urbaine, souvent avec <strong>de</strong>s résultats très similaires, à savoir, une<br />

discrimination claire, systématique entre les quartiers urbains pour<br />

les riches, d’un côté, et les pauvres, <strong>de</strong> l’autre. Le problème réel a<br />

surgi quand les villes ont connu en rythme <strong>de</strong> développement<br />

exponentiel ; le phénomène est apparu, plus précisément, lorsque<br />

la croissance démographique s’est avérée nettement supérieure à la<br />

capacité <strong>de</strong>s économies urbaines <strong>de</strong> subvenir à leurs divers besoins et<br />

exigences sur le plan économique.<br />

Avec l’augmentation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s populations urbaines, la valeur <strong>de</strong>s<br />

terrains dans les anciens quartiers indigènes a tendance à augmenter<br />

fortement, en particulier près <strong>de</strong>s centres-villes, ce qui ajoute aux<br />

pressions <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et aux risques associés du déplacement –<br />

dicté par les lois du marché - vers les zones urbaines où la sécurité<br />

<strong>de</strong> jouissance foncière n’est pas garantie. Dans les régions où la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> est forte, les ménages économiquement faibles sont<br />

exposés aux pressions du marché et sont forcés <strong>de</strong> quitter la zone,<br />

parce que le statut d’occupation comme le prévoient aussi bien les<br />

règles formelles que les règles coutumières informelles peuvent être<br />

‘réinterprétées’. Ces expulsions axées sur les contraintes du marché<br />

peuvent également se produire lorsque <strong>de</strong> formes multiples <strong>de</strong><br />

régimes d’occupation foncière qui se chevauchent se côtoient. Les<br />

marchés formels qui bénéficient <strong>de</strong> la protection rigi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la loi et <strong>de</strong>s

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