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le même processus pour tous - Université de Bourgogne

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Introduction généra<strong>le</strong><br />

« La première gorgée <strong>de</strong> bière. […] Gorgée ? Ça commence bien avant la gorge. Sur<br />

<strong>le</strong>s lèvres déjà cet or mousseux, fraîcheur amplifiée par l’écume, puis <strong>le</strong>ntement sur <strong>le</strong><br />

palais bonheur tamisé d’amertume. Comme el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> longue la première gorgée !<br />

On la boit tout <strong>de</strong> suite, avec une avidité faussement instinctive. […] <strong>le</strong> bien-être<br />

immédiat ponctué par un soupir, un claquement <strong>de</strong> langue, ou un si<strong>le</strong>nce qui <strong>le</strong>s vaut<br />

bien […] On repose son verre, et on l’éloigne <strong>même</strong> un peu sur <strong>le</strong> petit carré<br />

buvar<strong>de</strong>ux. On savoure la cou<strong>le</strong>ur, faux miel, so<strong>le</strong>il froid. […] On lit avec satisfaction<br />

sur la paroi du verre <strong>le</strong> nom précis <strong>de</strong> la bière que l’on avait commandée. […] On<br />

aimerait gar<strong>de</strong>r <strong>le</strong> secret <strong>de</strong> l’or pur, et l’enfermer dans <strong>de</strong>s formu<strong>le</strong>s. Mais <strong>de</strong>vant sa<br />

petite tab<strong>le</strong> blanche éclaboussée <strong>de</strong> so<strong>le</strong>il, l’alchimiste déçu ne sauve que <strong>le</strong>s<br />

apparences, et boit <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> bière avec <strong>de</strong> moins en moins <strong>de</strong> joie. C’est un<br />

bonheur amer : on boit <strong>pour</strong> oublier la première gorgée. » (Extrait <strong>de</strong> La première<br />

gorgée <strong>de</strong> bière et autres plaisirs minuscu<strong>le</strong>s, De<strong>le</strong>rm, 1997).<br />

Quel amateur <strong>de</strong> bière n’a jamais salivé à l’idée d’une bière bien fraîche à déguster à la terrasse d’un<br />

café par une fin d’après-midi enso<strong>le</strong>illée ? En pensant à ce plaisir minuscu<strong>le</strong>, nous n’imaginons pas<br />

une bière en particulier mais plutôt <strong>le</strong>s caractéristiques généra<strong>le</strong>s d’une bière : c’est une boisson<br />

pétillante, alcoolisée, rafraichissante, convivia<strong>le</strong>, qui peut être blon<strong>de</strong>, brune, blanche ou ambrée, que<br />

l’on peut boire dans un verre ou directement à la bouteil<strong>le</strong>… En bref, nous activons la représentation<br />

menta<strong>le</strong> que nous avons d’une bière. Cette représentation menta<strong>le</strong>, ou concept, nous l’avons formée à<br />

partir <strong>de</strong>s informations sensoriel<strong>le</strong>s extraites <strong>de</strong>s différentes bières que nous avons goûtées au cours <strong>de</strong><br />

notre vie et à partir <strong>de</strong> ce que nous avons appris sur la bière en général. C’est ce concept <strong>de</strong> bière qui<br />

nous permet <strong>de</strong> catégoriser faci<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> liqui<strong>de</strong> que nous buvons comme étant bien une bière.<br />

Les objets qui composent notre environnement appartiennent <strong>tous</strong> à <strong>de</strong>s catégories. Par exemp<strong>le</strong>, un<br />

pantalon et un bonnet, bien que très différents en apparence, appartiennent <strong>tous</strong> <strong>de</strong>ux à la catégorie<br />

« vêtement ». Cette activité d’organisation du mon<strong>de</strong> correspond à un <strong>processus</strong> cognitif étudié <strong>de</strong>puis<br />

longtemps en psychologie cognitive : la catégorisation. La catégorisation répond à une nécessité <strong>pour</strong><br />

l’Homme <strong>de</strong> se représenter <strong>de</strong> façon simp<strong>le</strong> et synthétique <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> comp<strong>le</strong>xe avec <strong>le</strong>quel il interagit.<br />

Imaginons qu’à chaque fois que l’on croise un chien dans la rue, nous <strong>de</strong>vions apprendre qu’il s’agit<br />

d’un chien, comme nous <strong>de</strong>vons apprendre <strong>le</strong> nom d’une personne que nous rencontrons <strong>pour</strong> la<br />

première fois. Nous perdrions notre temps à réapprendre sans cesse <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> qui nous entoure. Au<br />

lieu <strong>de</strong> cela, nous regroupons <strong>le</strong>s objets selon <strong>le</strong>urs similarités et c’est ainsi qu’un caniche et un berger<br />

al<strong>le</strong>mand appartiennent <strong>tous</strong> <strong>de</strong>ux à la catégorie « chien » alors qu’un rouge-gorge et une cigogne<br />

appartiennent à la catégorie « oiseau ». La catégorisation nous permet <strong>de</strong> simplifier notre vision du<br />

mon<strong>de</strong>.<br />

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