le même processus pour tous - Université de Bourgogne

Conclusion & Perspectives
locales, témoignages de brasseurs, etc.). Nous pourrions également envisager de donner ces mêmes
informations conceptuelles à une partie du panel entraîné et de comparer les catégorisations de bières
effectuées par les panélistes ayant reçu des informations conceptuelles et par les panélistes n’en ayant
pas reçu.
La seconde voie de recherche est liée plus directement à la mesure de l’activité de catégorisation elle-
même. Il pourrait être intéressant d’évaluer l’importance du contexte dans lequel se fait la tâche de
catégorisation. Labov (1973) a mis depuis longtemps en évidence que les frontières des concepts
dépendent beaucoup du contexte, en montrant que des individus identifient plus volontairement un
récipient comme étant un bol qu’une tasse quand on leur demande d’imaginer qu’il contient de la
purée de pomme de terre. Très récemment, Dacremont, Sutan, Galia, Desmarchelier et Valentin (2009)
ont étudié les effets du contexte et ont observé que le type d’ambiance dans un bar influençait le choix
des boissons par des consommateurs. On peut donc se demander si la catégorisation n’est pas
également influencée par le contexte. Une bière bue pendant une soirée dans un gobelet en plastique
sera peut-être perçue comme une bière de soif, alors que la même bière bue en compagnie d’un
professionnel pour finir la visite de sa brasserie sera identifiée comme une bière de qualité. Les
critères utilisés pour catégoriser des bières sont-ils les mêmes quel que soit le contexte ? Par exemple,
ne catégorise-t-on pas davantage sur la base de critères hédoniques lors d’une dégustation de bière en
soirée et sur la base de critères sensoriels précis en condition scientifique ? Dans ce cadre, on peut se
demander si le contexte dans lequel se sont déroulées les expériences de cette thèse n’a pas influencé,
dans une certaine mesure, nos résultats de catégorisation. Alors que les panélistes entraînés ont
effectué les tests dans une salle d’évaluation sensorielle, installés dans des cabines individuelles
blanches, les participants avisés, les novices et les brasseurs ont réalisé les tests dans des salles
aménagées pour l’occasion avec des tables. Ces dernières expériences se sont déroulées au cours de
soirées culturelles scientifiques, auxquelles les participants s’inscrivaient s’ils le souhaitaient. Pour
tester cet effet du contexte sur la catégorisation, nous pourrions par exemple imaginer de comparer les
catégorisations de participants réalisant leur tâche dans des cabines d’évaluation sensorielle et de
participants réalisant la même tâche dans une salle aménagée en bar pour l’occasion.
Autant de pistes de réflexion qui promettent encore de nombreuses occasions de réunir scientifiques,
amateurs, passionnés ou simples curieux autour d’une boisson conviviale et riche. Et de ne jamais
oublier « ce bonheur amer ».
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