le même processus pour tous - Université de Bourgogne

Revue bibliographique
carré représente la catégorie contenant toutes les cartes sur lesquelles la figure est à la fois blanche et
carrée. Ce modèle s'est vite confronté à de nombreuses insuffisances. La principale limite est de ne pas
refléter ce qui se passe dans la réalité. Bruner, Goodnow et Austin (1956) reconnaissent eux-mêmes
que la plupart des catégories du monde réel ne peuvent pas être identifiées à l’aide de simples règles
logiques s’appliquant à tous les éléments de la catégorie. Dans les expériences réalisées pour illustrer
la théorie classique, il est systématiquement possible de dire si oui ou non un élément appartient à une
catégorie donnée (un élément est rouge ou ne l’est pas, il est carré ou ne l’est pas, etc.) car les concepts
utilisés sont parfaitement définis. Dans la vie courante, les catégories sont définies de façon bien
moins précise et il est difficile d’identifier clairement des propriétés nécessaires et suffisantes. La
théorie classique suppose que l'on puisse établir de façon consensuelle si un élément appartient ou non
à une catégorie donnée; or dans de nombreux cas ambigus, il n'est pas clair qu'un élément appartienne
à une catégorie en particulier. Par exemple, est-ce qu'une pièce d'opéra appartient à la catégorie
théâtre ou à la catégorie concert ? Ou encore, quelles circonstances atténuantes vont prendre en
compte les jurés pour décider qu’un individu est coupable ou non ? Les frontières des concepts
coupable et non coupable étant mal définies, certains jurés vont condamner l’individu et d’autres non.
L’expérience du linguiste Labov (1973) illustre bien que les catégories que nous formons ne sont pas
toujours délimitées de façon très précise. Les stimuli présentés par Labov aux participants
représentaient des récipients ressemblant à des tasses ou des bols dont les dimensions variaient en
hauteur et en largeur (Figure 3).
Figure 3. Récipients ressemblant à une tasse ou à
un bol utilisés dans l’expérience de Labov (1973).
L’auteur a montré que les frontières entre les catégories tasse et bol sont floues. Plus la largeur du
récipient augmente, plus les participants identifient le récipient comme étant un bol, mais il n’y a pas
une largeur donnée à partir de laquelle, tout à coup, les participants cessent d’identifier le récipient
comme étant une tasse et l’identifie comme étant un bol. De plus, les participants identifient plus
volontairement les récipients comme étant des bols s’il leur est demandé d’imaginer qu’ils contiennent
de la purée de pomme de terre. Avec cette expérience, Labov met en évidence que les concepts ne sont
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