le même processus pour tous - Université de Bourgogne

1. Introduction
Chapitre 2 – Catégorisation perceptive vs. conceptuelle : effet du type d’expertise
Dans le chapitre précédent, nous avons mis en évidence que des participants entraînés et des novices
catégorisaient les bières de la même façon, quelle que soit la condition de dégustation (normale ou en
aveugle). Nous avons proposé qu’une des raisons pour lesquelles nos résultats différaient de ceux de
Solomon (1997) et de Ballester et al. (2008) pouvait être la nature de l’expertise testée. Alors que nos
participants sont entraînés de façon formelle à évaluer les caractéristiques sensorielles de la bière, les
participants de Solomon et Ballester et al. sont des professionnels du vin (œnologues, viticulteurs,
etc.). Dans un tout autre domaine, Lynch et al. (2000) ont trouvé que l’organisation interne de la
catégorie arbre était différente pour des taxonomistes, des paysagers et des personnes s’occupant de la
maintenance de parcs. Selon les auteurs, le type d’expérience que l’on entretient avec les membres
d’une catégorie peut affecter la structure interne de cette catégorie. Ainsi, les personnes s’occupant de
la maintenance de parcs s’appuient sur la fragilité des arbres pour structurer la catégorie arbre, alors
que les taxonomistes et les paysagers s’appuient sur les dimensions idéales des arbres et sur leur
fragilité. Pour les auteurs, cette différence s’explique en termes de but recherché par chacun des types
d’experts. Le but des personnes responsables de la maintenance de parcs est d’entretenir les parcs afin
qu’ils soient les plus beaux et les plus propres possible. Dans ce cadre, la fragilité des arbres apparaît
comme un problème car les arbres fragiles nécessitent davantage d’entretien. Le but des paysagers est
de planter des arbres de façon à ce qu’ils s’intègrent parfaitement dans le paysage, en termes de
beauté, de sécurité, etc. Le choix de telle ou telle espèce pour planter dans un endroit donné va en
grande partie être guidé par la hauteur et la fragilité des arbres.
Il est possible que dans le domaine sensoriel, la nature de l’expertise modifie également les
représentations mentales, expliquant en partie les différences de résultats entre notre étude et celles de
Solomon (1997) et Ballester et al. (2008). Pour vérifier cela, nous avons comparé directement les
participants entraînés et des brasseurs, et plus particulièrement leurs catégorisations perceptives et
conceptuelles des bières. Deux épreuves principales ont été réalisées. La première épreuve consistait
en une tâche de tri de photos de bières belges, dont l’objectif était de comparer la catégorisation de
l’espace des bières belges par les participants entraînés et les brasseurs (catégorisation conceptuelle).
La deuxième épreuve était une tâche de tri hiérarchique de bières ayant pour objectif de comparer la
catégorisation perceptive des participants entraînés et des brasseurs, et en particulier d’estimer la
finesse des catégorisations des deux groupes de participants. Dans une dernière épreuve, les
participants ont réalisé une série de tests triangulaires afin d’évaluer si les éventuelles différences de
catégorisation entre les deux groupes de participants pourraient en partie être dues à des différences
discriminatives. Après avoir expliqué l’organisation générale de cette étude, nous présenterons
successivement les matériels et méthodes et résultats des trois épreuves dans l’ordre suivant : tri de
photos de bières, tri hiérarchique de bières et tests triangulaires.
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