le même processus pour tous - Université de Bourgogne

Discussion générale
et les professionnels du vin, en plus d’être exposés très fréquemment à différentes bières ou différents
vins, possèdent d’importantes connaissances générales et techniques sur les produits. On peut donc
supposer que c’est l’association d’informations perceptives (les connaissances sensorielles typiques
des catégories) et d’informations plus abstraites (les connaissances de ce qu’est un style de bière,
des techniques entre différentes styles existants, etc.) qui permettrait la construction de représentations
mentales.
Enfin, une autre interrogation de cette thèse était de savoir si les modèles de catégorisation issus de la
psychologie cognitive peuvent s’appliquer aux catégories sensorielles (olfactives et gustatives en
particulier). Loin de donner une réponse claire à cette question, ces études apportent quelques pistes de
réflexion sur le sujet. Dans le chapitre 3, nous avons vu que les participants avisés n’ont pas catégorisé
les bières trappistes ensemble. Dans le cas d’un modèle de type prototypique, nous pouvons supposer
que les participants avisés, au fur et à mesure de leur exposition aux bières trappistes, auraient formé
un prototype de ces bières, rassemblant les caractéristiques sensorielles communes aux bières
trappistes. En se basant sur ces caractéristiques communes, ils auraient pu regrouper les bières
trappistes ensemble lors de la tâche de tri libre. A l’inverse, les résultats de cette tâche semblent
indiquer que les avisés ont davantage perçu les différences sensorielles entre ces bières que leurs
similitudes. L’interprétation des résultats, en lien avec les connaissances des participants avisés sur les
bières trappistes, peut plutôt nous orienter vers un modèle de type exemplariste. Dans la tâche de tri
en deux groupes notamment, on peut imaginer que les participants ont essayé de se rappeler des bières
trappistes qu’ils connaissent et tenter de les reconnaître parmi les bières proposées. Cela expliquerait
que lors de la tâche de tri en deux groupes, ils aient fréquemment regroupé la Chimay et l’Orval, deux
bières trappistes qu’ils connaissent bien, mais pas l’Achel, la bière trappiste la moins connue. Les tests
menés ici ne permettent pas de valider l’un ou l’autre de ces modèles. Pour cela, d’autres expériences
peuvent être imaginées. En utilisant davantage de bières trappistes et non trappistes, il serait
intéressant de reproduire le même type de tâches de tri (libre et en deux groupes) et d’interroger les
participants à la fin de l’épreuve, afin de comprendre les stratégies utilisées pour réaliser la
catégorisation, sur le même modèle que l’étude de Patris, Gufoni, Chollet et Valentin (2007). La
verbalisation de ces stratégies par les participants permettrait d’apporter des informations
complémentaires aux données de tri, et peut-être de mettre en évidence l’utilisation de l’un ou l’autre
(ou des deux) des modèles prototypique et exemplariste. Par ailleurs, en se basant sur les travaux de
Posner et Keele (1969), nous pourrions essayer de créer un prototype des bières trappistes en
mélangeant toutes ou partie des bières trappistes et demander aux participants avisés de réaliser une
tâche de catégorisation avec ce prototype, les bières trappistes seules et des bières non trappistes. Les
résultats du chapitre 4 sur l’apprentissage des catégories ont également mis en évidence quelques
éléments qui peuvent faire penser à l’utilisation d’un modèle de type exemplariste. En particulier, le
fait que seules certaines bières parmi les bières apprises ont été catégorisées correctement après la
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