Dictionnaire universel des poids et mesures anciens et modernes ...

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établir cette question dans tout son jour , que de donner un extrait de Touvrage de M. Saigey , qui contient
des détails très-intéressants sur les travaux des savants qui ont concouru à rétablissement du système décimal
des poids et mesures.
« A l'occasion des disputes sur la théorie de l'aplatissement du globe imaginée par Newton, Colbert
donna l'ordre de mesurer le méridien de Paris à travers toute la France. Cette vaste opération, commencée
en 1683, ne fut terminée qu'en 1718 sous la direction du fils de Cassini.
» Les mesures des degrés du Pérou par Bouguer et LaCondamine, et de la Laponie par Manpertuis,
commencées en 1736, prouvèrent irrévocablement que la terre est aplatie aux pôles. Durant les années
1739 et 1740 , Lacaille et le petit-fils de Cassini firent une nouvelle mesure de la méridienne entre Dunkerque
et Perpignan , et trouvèrent 57027 toises pour la valeur moyenne du degré. Lacaille alla ensuite mesurer
un degré au cap de Bonne-Espérance. A la même époque , Boscovich déterminait la distance de Rome à
Rimini. En 1762, Beccaria observait le degré du Piémont; Liesganig commençait la mesure de 5 degrés
en Autriche et d'un quatrième en Hongrie j et , six ans plus tard , Mason et Dixon avaient terminé deux
degrés dans les plaines de la Pensylvanie, en Amérique.
» La distribution des toises faites sur le modèle de la toise employée à la mesure de l'arc du Pérou , sous
la direction de Tillet en 1 766 , avait été un premier pas vers l'uniformité des poids et mesures réclamée depuis
si long-temps. Les projets de réforme que l'on avait déjà mis en avant attirèrent plusieurs fois l'attention du
gouvernement; mais l'étonnante et scandaleuse diversité des mesures n'en continuait pas moins d'exister.
Le vœu d'une réforme complète fut exprimé dans plusieurs cahiers des bailliages remis aux membres des
Etats-généraux. Les savants appuyèrent cette demande de tout leur crédit; et, sur la proposition de
M. de Tailleyrand, l'Assemblée constituante rendit son décret du 8 mai 1790 , d'après lequel le roi de France
devait engager le roi d'Angleterre à réunir aux académiciens français un pareil nombre de membres de la
société royale de Londres, pour déterminer en commun la longueur du pendule simple qui bat la seconde
sexagésimale à la latitude de 45 degrés et au niveau de la mer. Cette longueur devait être prise pour l'unité
des mesures nouvelles, que ces deux nations éclairées et puissantes s'engageraient à propager dans tous
les états civilisés.
» Impatient d'opérer cette réforme , le gouvernement chargea les citoyens Brisson , Borda , Lagrange
Laplace , Prony .et Berthollet , de créer un mètre provisoire , basé sur les mesures de Lacaille ; on eu
déduisait immédiatement 443.44 lignes pour la valeur du mètre, et telle est, en effet, la valeur indiquée
par la loi du 18 germinal an III, 7 avril 1795.
» Les travaux scientifiques demeurèrent suspendus jusqu'en 1799 , époque à laquelle on les reprit avec une
extrême activité. L'état de guerre, ou plutôt la susceptibilité nationale, n'ayant pas permis à l'Angleterre
de répondre à l'invitation de la France , celle-ci fit un appel à toutes les nations amies , pour qu'elles eussent
à envoyer des députés à la commission française des poids et mesures. Cette commission était alors com-
posée des citoyens Borda, Brisson, Coulomb, Darcet, Delambre, Haiiy , Lagrange, Laplace, Lefèvre-
Gineau, Jléchain et Prony. Les commissaires étrangers furent Aeneœ et Van Swinden, députés bataves;
Baibo, de la Savoie, remplacé plus tard par Vassali-Eandi; Bugge, du Danemarck; Ciscar et Pedrayès
d'Espagne ; Fabbroni , de Toscane ; Franchini , de la république romaine ; Mascheroni , de la république
cisalpine ; Multedo , de la république ligurienne ; et Trallès , de la république helvétique.
» Les calculs de la méridienne furent faits doubles par une commission spéciale, composée de Van Swinden,
Trallès , Laplace , Legendre et Ciscar. En combinant leur résultat avec celui que Bouguer avait trouvé au
Pérou, ils obtinrent un 334'' pour l'aplatissement de la terre, 5130740 toises pour le quart du méridien,
et par suite 443.295936 lignes pour la valeur du mètre.
n Une autre commission spéciale compara la toise du Pérou avec les règles de platine qui avaient servi
à la mesure des bases de la méridienne en France. Elle dirigea la construction d'un mètre de platine , qui
devait servir d'étalon. Sa longueur, à la température zéro, est de 443.296 lignes de la toise du Pérou,
prise à 13 degrés de Réaumur.
» Enfin , une troisième commission prépara le kilogramme de platine qui devait également servir d'étalon.
Il pèse , dans le vide , comme un décimètre d'eau pUre au maximum de densité , qui , d'après Lefèvre-
Gineau, s'observerait à la température de 4.44 degrés centigrades.
» Il est rare qu'une entreprise scientifique marche à bonne fin , quand , aux hommes qui font le travail
on joint trop d'aides et de conseillers. C'est assez faire pressentir le sort du système métrique. D'abord, la
commission fit deux erreurs, l'une sur la réduction des bases, l'autre sur la comparaison des règles de
platine avec la toise : heureusement qu'elles se sont à peu près compensées. Ensuite , et malgré l'avis de
Delambre, elle omit de refaire les calculs de l'arc du Pérou, auquel Delambre fit plus tard une correction
de 16 toises par degré. Au reste, quand bien même les opérations eussent été faites avec une précision
mathématique, il restait toujours l'incertitude de la déviation des verticales due à l'attraction des continents
sur le fil-à-plomb; et dès lors, les commissaires se faisaient grandement illusion lorsqu'ils donnaient la
valeur du mètre jusqu'à la 6'" décimale de la ligne. Delambre «omprenait peut-être seul ce*genre de ridi-
cule, quand il s'efforçait de faire admettre la valeur plus simple de 443.3 lignes.
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