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Annales de Philosophie Chrétienne 26.pdf - Bibliotheca Pretiosa

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384 LA SOCIléTÉ<br />

passé, et tu t'efforces d'échapper à l'avenir qui l'invite Ct t'ap-<br />

pelle, (p. 44,48.)<br />

» Dès mon enfance j'ai ouvert vos livres, ô philosophes , je<br />

m'en suis nourri vingt ans. Jamais Babel ne vit une plus gran<strong>de</strong><br />

confusion et tant <strong>de</strong> discor le. Au milieu <strong>de</strong> tous nos systèmes, rien<br />

n'est certain pour personne que l'inceriiiu<strong>de</strong> <strong>de</strong> toutes choses.<br />

» Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux philosophes : Qui gouverne le mon<strong>de</strong> ? Ils<br />

me répon<strong>de</strong>nt : Le hasard. — Quel est le mobile <strong>de</strong>s actions humaines?<br />

L'égoisme. — Qu'est-ce donc que l'humanité? Nous<br />

n'en savons rien. — D'où vient-elle ? où va-telle? Nous n'en sa-<br />

vons rien. — Quoi ! n'y a-t il donc pas une vérité à laquelle<br />

je puisse m'atlacher ? Pas une ! la terre est pleine <strong>de</strong> confusion et<br />

en proie à mille fléaux ; l'on rencontre à chaque pas l'iniquité<br />

triomphante, et la vertu sacrifiée et méconnue. N'y a-t-il pas, oh !<br />

n'y a-t-il pas quelque part un lieu <strong>de</strong> réparation ? Non, s'écrient<br />

les philosophes<br />

»<br />

Ainsi donc, nulle consolation dans la science ; nul remè<strong>de</strong> dans<br />

la philosophie? « Voyant qu'il n'y a plus <strong>de</strong> société véritable, je<br />

m'étais réfugié dans la famille. J'avais rétréci mon cœur, et con-<br />

centré toutes mes affections sur quelques êtres chéris. Hors <strong>de</strong> ce<br />

cercle, tout était pour moi indifférent ou hostile. Je rapportais tout<br />

à eux : tout leur était sacrifié. N'aimant rien hors d'eux, ne ron-<br />

nai?sant ni Dieu , ni l'humanité, mon amour était <strong>de</strong>venu monstrueux,<br />

et cependant comme Ugolin, à qui ses enfans <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

à manger, et qui, dévoré lui-même par la faim, n'a que <strong>de</strong>s<br />

larmes, je n'avais que <strong>de</strong>s doutes à donner à ce que j'aimais ;<br />

par eux, ces doutes faisaient encore mon supplice. Et comme ces<br />

objets <strong>de</strong> mon amour étaient tout pour moi, que pour moi l'hu-<br />

manité se bornait à eu\, le tems à leur durée, toutes leurs mi-<br />

sères, toutes leurs imperfections déchiraient mon cœur, sans que<br />

la consolation pût me venir du <strong>de</strong>hors. Ah I mallieureux, J£ ne<br />

me suis attaché à rien d'éternel. Ce que j'ai aimé, je l'ai tiré du<br />

mon<strong>de</strong>, et j'ai dit : » Là tut tout mon amour, toute mon espérance"^<br />

toute ma vie'^<br />

>« et voilà que la douleur et la mort me flétrissent<br />

ce que j'avais voulu sauver du naufrage universel <strong>de</strong> mes idées et<br />

<strong>de</strong> mes sentimens; et le mon<strong>de</strong> tout entier n'est plus pour moi<br />

et

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