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George Grigore L'arabe parlé à Mardin – monographie d'un parler ...

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) ği, après une voyelle. Il s’agit de la voyelle a/e du féminin. En ce cas-ci,<br />

le t n’est pas restitué, et la voyelle courte a/e s’allonge par l’effet de l’accent <strong>–</strong> une<br />

situation semblable a été saisie par W. Marçais (1902 : 95) pour le <strong>parlé</strong><br />

tlemcenien. Cette règle est strictement appliquée en mardini, même pour les<br />

situations où le correspondant turc a préservé le /t/, saatči « horloger », en turc,<br />

sā‘āği ayant le même sens , en mardini, ce qui prouve que le mardini a emprunté<br />

et assimilé ce suffixe en l’utilisant d’après ses propres règles :<br />

sable « seau » → sablēği « porteur d’eau », « marchand d’eau » ;<br />

sā‘a « horloge », « montre » → sā‘āği « horloger », cf. le turc : saatçi ;<br />

bōya « teinture » → bōyāğī « teinturier » ; « cireur » ;<br />

qah}wa « café » → qah}wāği « cafetier » ;<br />

lōqānt}a « restaurant » → lōqānt}āği « restaurateur », « aubergiste » ;<br />

qazat}a « journal » → qazat}āği « journaliste ».<br />

Il faut signaler ici une forme bizarre, complètement lexicalisée, résultat de<br />

la suffixation de -či <strong>à</strong> certains participes actifs qui renferment en eux-mêmes la<br />

signification de ce morphème, celle de « faire quelque chose », de « pratiquer un<br />

métier ». On peut dire que le participe nu garde encore des traits verbaux, tandis<br />

que le participe suffixé avec -či est totalement substantivisé. Ces formes,<br />

étymologiquement de véritables pléonasmes, sont bien nombreuses :<br />

mt}ahhərči « circoncisseur » ← mt}ahhər « qui fait des circoncisions » ;<br />

ms}awwərči « photographe » ← ms}awwər « qui fait des photographies » ;<br />

mt}ayyərči « oiseleur » ← mt}ayyər « qui élève des oiseaux » ;<br />

mdalləkči « masseur » ← mdallək « qui fait des massages ».<br />

Comme dans le turc, ce morphème ne sert pas <strong>à</strong> former exclusivement des<br />

noms de gens de métiers, mais aussi de gens qui accomplissent habituellement une<br />

action, qui fait partie de leur façon de vivre, « action qu’on a voulu assimiler,<br />

souvent par ironie, <strong>à</strong> des gens de métier » (voir aussi Deny 1920 : 345) :<br />

sakrēği « ivrogne » ← sakre « ivresse » ;<br />

ğōbēği « coureur des jupons » ← ğōbe « maison close », « bordel » ; cf. le<br />

classique, ğawba, « petite auberge », « petit caravansérail », voir<br />

Kazimirski) ;<br />

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