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George Grigore L'arabe parlé à Mardin – monographie d'un parler ...

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2. La situation linguistique de <strong>Mardin</strong><br />

2.1. Une vue d’ensemble sur la situation linguistique de <strong>Mardin</strong><br />

La ville de <strong>Mardin</strong> est devenue, <strong>à</strong> partir du XI ème siècle, l’un des rares<br />

endroits de la région où se côtoyaient des codes linguistiques, bien différents, tant<br />

du point de vue génétique le mardini : la famille afro-asiatique, branche<br />

sémitique ; le kurde kourmangi : la famille indo-européenne, branche iranienne ;<br />

le turc : famille altaïque, branche turque ; l’araméen t}uroyo 3 : la famille afroasiatique,<br />

branche sémitique ; que du point de vue typologique, le mardini :<br />

flexionnel synthétique ; le kurde : flexionnel analytique ; le turc : agglutinant ; le<br />

t}uroyo : flexionnel synthétique). Cette situation linguistique est toujours<br />

d’actualité : en se promenant dans les ruelles de <strong>Mardin</strong>, on peut entendre <strong>à</strong><br />

chaque instant de l’arabe, du kurde, du turc, de l’araméen.<br />

L’arabe <strong>parlé</strong> <strong>à</strong> <strong>Mardin</strong> appartient au groupe dialectal mésopotamien<br />

(Jastrow 1980 : 140-155) avec lequel il partage toute une série de caractéristiques.<br />

Du point de vue géographique, le mardini fait partie des soi-disant dialectes<br />

insulaires (Versteegh 2001 : 213) ou périphériques, vu qu’il se situe dans un<br />

microcontexte kurde, situé <strong>à</strong> son tour dans un macrocontexte turc, étant isolé de la<br />

sorte de la grande masse des dialectes arabes contemporains.<br />

3 Le t}uroyo (ou t}ōrāni, en mardini), étudié aussi par Otto Jastrow, représente une branche<br />

de l’araméen oriental, autrefois langue de la Mésopotamie. Ce dialecte (son nom est un dérivé du<br />

nom t}ūr « montagne » <strong>–</strong> t}ūrōyo, « montagnard »), <strong>parlé</strong> aussi dans la zone de <strong>Mardin</strong>, s’est<br />

perpétué dans la région, presque exclusivement chrétienne, de T}ūr ‘Abdīn <strong>–</strong> « Montagne des<br />

serviteurs » (son nom est dû <strong>à</strong> la multitude de couvents et monastères chrétiens dont elle fut jadis<br />

parsemée), qui est située au nord de <strong>Mardin</strong>, ayant la ville Midyat comme « capitale ». Ce dialecte<br />

est le résultat de la continuation et la transformation de la langue <strong>parlé</strong>e dont 1’usage subsista <strong>à</strong><br />

côté de la langue littéraire qu’on appelle le syriaque ; tandis que celle-ci nous apparaît presque<br />

immuable du IV ème au VI ème siècle, l’autre s’est insensiblement modifiée selon les lois de<br />

l’évolution communes <strong>à</strong> toutes les langues <strong>parlé</strong>es, pour en arriver <strong>à</strong> l’état d’aujourd’hui.<br />

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