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George Grigore L'arabe parlé à Mardin – monographie d'un parler ...

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Pour un mot comme h~āfəl « inattentif » on ne saurait pas établir si : la<br />

transformation de /ġ/ en /h~/ a eu lieu en mardini ; le mardini l’a transformé d’après<br />

le modèle kurde ; ce mot n’avait pas été préservé en mardini et il a été emprunté<br />

tel quel au kurde.<br />

3.1.5.10. Phonèmes palataux et vélaires<br />

Les phonèmes palataux et vélaires correspondant <strong>à</strong> /q/, /k/ et /ğ/ classiques<br />

ont, dans la plupart des dialectes arabes contemporaines, des réalisations et<br />

distributions très diverses. Par contre, dans le cas du mardini, la réalisation de ces<br />

trois phonèmes est très surprenante, s’inscrivant presque totalement dans la<br />

prononciation classique.<br />

3.1.5.11. Correspondant du /q/ classique<br />

Le /q/ en mardini, par rapport aux autres sons, est prononcé d’une manière<br />

accentuée, qui le met en relief et le rend frappant même pour l’auditeur arabe nonmardinien.<br />

Ceux des Arabes qui veulent imiter ce <strong>parler</strong> composent des mots<br />

imaginaires abondant en /q/.<br />

L’occlusive /q/ est réalisée, en général, comme une occlusive uvulaire /q/ :<br />

qabər « tombeau », qərmīd « tuile », qār}i « élève » etc. Peut-être que cette<br />

articulation de /q/ a été préservée en mardini sous l’influence des dialectes turcs<br />

anatoliens où /k/ est réalisée, elle aussi, en contexte vocalique postérieur, comme<br />

une occlusive uvulaire, phénomène prouvé par les emprunts au turc qui gardent<br />

cette prononciation : qappat} <strong>–</strong> yqappət} (cf. le turc kapatmak « clore », « couvrir »,<br />

« finir ») ; qayraš <strong>–</strong> yqayrəš (cf. le turc karışmak « mélanger », « se mélanger »,<br />

« emmêler », « enchevêtrer ») ; zaqqōm 8 « laurier-rose », « oléandre » (cf. le turc<br />

zakkum, voir aussi le kurde zaqqum).<br />

Parfois, l’occlusive /q/ a tendance <strong>à</strong> être réalisée comme une spirante,<br />

vélaire, sonore /h`/ : wah`t < waqt. La variation du /q/ et du /h`/ est aléatoire chez les<br />

8 L’évolution sémantique de ce mot est spectaculaire : dans le Coran (XXXVII, 62-66), zaqqūm est<br />

un arbre qui sort du fond de l’enfer et dont les fruits, comme des têtes de diables, sont la nourriture<br />

des prévaricateurs.<br />

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