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Prix de vente grossiste - HAL - Francophonie, Afrique et ...
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3.3.2.3. Les réserves hors paysannats et la forte spéculation foncière<br />
En dehors de ces périmètres rizicoles, l’Imbo-Centre regorge de terres non aménagées qui<br />
sont régies par un autre statut. Il s’agit des terres situées sur des terrains difficiles à aménager<br />
(bas-fonds marécageux ou de mauvaise topographie), des concessions territoriales faites aux<br />
projets/compagnies ou des périmètres d’élevage. Ces terres appartiennent soit au domaine<br />
public de la commune si elles sont inoccupées, soit aux paysans de la place qui les exploitent<br />
selon le principe du ‘premier occupant’, soit aux personnes résidant dans la ville de<br />
Bujumbura ou dans la région du Mumirwa surplombant la plaine de l’Imbo.<br />
L’opportunité de concession de terres domaniales libres que l’administration communale ou<br />
provinciale peut accorder aux particuliers (privés) a influé sur la spéculation foncière actuelle.<br />
En effet, dans les années 1980, bon nombre de fonctionnaires influents de la ville de<br />
Bujumbura ont reçu des concessions de centaines de ha en vue d’implanter des projets dans le<br />
cadre d’une dynamique nationale de diversification de l’économie et des cultures<br />
d’exportation. En plus du ‘projet Ruzizi’ datant de 1946 qui a acquis 400 ha pour implanter<br />
du café robusta à Kivoga (commune de Mutimbuzi), le ‘projet Gifurwe’ (commune de<br />
Mpanda) comptait plus de 700 ha pour l’élevage de races laitières exotiques, le ‘projet haricot<br />
vert’ près de 200 ha à Buterere (commune de Mutimbuzi) pour ne citer que ceux-ci.<br />
Maintenant que la plupart de ces projets ont suspendu leurs activités pour diverses raisons<br />
(guerre civile, faillite, etc…), les concessionnaires ont gardé ces vastes étendues de terres<br />
qu’ils font sous-louer aux petits exploitants agricoles à des montants relativement exorbitants.<br />
De même, les exploitants des périmètres rizicoles qui n’arrivent pas à rembourser les crédits<br />
en nature (semences, engrais et produits phytosanitaires) et surtout le crédit bancaire pour une<br />
raison quelconque (mauvaise production, exploitants malades, etc…) contractent des dettes<br />
auprès des tierces personnes qui en retour s’approprient une partie ou la totalité de la parcelle<br />
rizicole. D’autres exploitants qui sont dans le même cas voient leurs parcelles retirées au<br />
profit des fonctionnaires ou entrepreneurs influents de Bujumbura qui considèrent le riz<br />
comme une culture commerciale qui rapporte du profit. Les exploitants agricoles sont<br />
d’autant vulnérables que le statut d’usufruit ne leur garantit pas de jouissance illimitée sur ces<br />
terres, ce qui accentue la pression spéculative.<br />
La spéculation foncière est encore amplifiée par le retour progressif des réfugiés de longue<br />
date (1972) et récents (1993) depuis l’arrêt de la guerre civile en 2004. Tous réclament des<br />
terres qu’ils exploitaient avant de quitter le pays, lesquelles terres ont été soit affectées par<br />
l’administration à d’autres fins (infrastructures publiques), soit appropriées par les parentés<br />
des réfugiés ou attribuées à d’autres exploitants en dehors de la famille. Comme les terres du<br />
monde rural burundais ne sont pas cadastrées, les réfugiés qui se rapatrient n’arrivent pas<br />
toujours à retrouver avec exactitude la localisation et les limites de leurs anciennes<br />
exploitations. Ainsi, la plupart d’entre eux ont tendance à réclamer les meilleures terres qu’ils<br />
trouvent dans le voisinage de leurs anciennes demeures. Cette situation complique davantage<br />
la problématique foncière surtout dans cette région fertile et stratégique de l’Imbo. La<br />
commission ‘terres et autres biens’ est à pied d’œuvre pour tenter de résoudre cette question.<br />
Sa tâche se révèle cependant difficile et complexe car ladite commission travaille dans un<br />
contexte de rareté de la ressource ‘terre’ avec une pression et une spéculation des parties<br />
prenantes (rapatriés, occupants actuels, fonctionnaires et entrepreneurs de Bujumbura,<br />
administration, etc…).<br />
La spéculation et la problématique foncière se font beaucoup sentir à l’Imbo-Centre plus<br />
qu’ailleurs en raison de sa position stratégique (proche de Bujumbura) et la culture du riz<br />
dont les prix ont connu une flambée dès l’année 2008. Elle se fait aussi sentir, mais dans une<br />
56 Chapitre 3. Contexte national de la riziculture et marché mondial du riz