Mickey Bolitar, Tome 2 _ A quelques seco - Harlan Coben

Le même homme qui avait tué son père. Le même homme qui –
quoi – n’avait jamais vieilli et avait attendu soixante-dix ans avant
d’emporter le mien sur un brancard
Quelque chose m’échappait.
— Et qu’est devenu le Boucher
— C’est un des mystères de la Seconde Guerre mondiale, a-telle
répondu. Personne ne le sait.
Au loin, j’ai entendu des élèves rire et le bruit se répercuter dans
les couloirs. Alors même que nous parlions d’un criminel, coupable
d’avoir éliminé des milliers de gens, nous étions entourés de rires.
— Certains disent que le Boucher est mort durant la guerre.
D’autres, qu’il a échappé aux forces alliées et s’est enfui au bout du
monde. Simon Wiesenthal et les chasseurs de nazis ont essayé de le
retrouver après guerre – des rumeurs prétendaient qu’il s’était
réfugié en Argentine –, mais ils n’ont jamais réussi à l’attraper.
La sonnerie m’a fait sursauter. Pendant un instant, nous sommes
restés là tous les deux, mais le moment était venu de mettre un terme
à cette discussion, de laisser de côté ce passé abominable pour
retourner à la vie lycéenne.
— Ça va, monsieur Bolitar
Encore un peu étourdi, j’ai répondu :
— Ça va, je vous remercie.
Je suis sorti de la salle de cours en chancelant légèrement et j’ai
descendu le couloir. Quand je suis arrivé au réfectoire, Ema s’est
tout de suite aperçue que quelque chose ne tournait pas rond.
Spoon… non, bien sûr. Je leur ai rapporté ma conversation avec la
prof d’histoire.
— Qu’est-ce que ça veut dire, à votre avis a demandé Ema.
Aucun de nous n’avait de réponse. Spoon mangeait un sandwich
à la confiture et au beurre de cacahouète, dont la croûte avait été
retirée avec le plus grand soin, en formant des angles droits parfaits,
comme tracés à l’équerre. Il m’a donné un coup de coude et a changé
de sujet :
— Tu vas aux sélections de l’équipe de basket, aujourd’hui