Mickey Bolitar, Tome 2 _ A quelques seco - Harlan Coben

— Je ne suis pas sûr de bien comprendre pourquoi tu y vas. OK,
c’est une histoire très triste, mais ce garçon a disparu il y a vingtcinq
ans. Tu ne le connaissais pas.
Je n’ai pas pris la peine de le corriger.
— Mickey
— Ouais
— Tu m’as l’air très guilleret pour quelqu’un qui se rend à une
cérémonie du souvenir.
— Le coach vient d’appeler. Je réintègre l’équipe.
Sans crier gare, Myron m’a serré contre lui. Mon corps s’est
raidi, puis je me suis détendu. C’était quelque chose que nous
partagions : cette passion pour le basket. Même Ema ne le
comprenait pas aussi bien que Myron. Je n’irais pas jusqu’à dire que
je lui ai rendu son étreinte, mais je suis resté là sans protester, puis
en pensant à Spoon qui aimait tant les câlins, je l’ai repoussé
doucement.
J’ai couru pendant presque tout le trajet jusqu’à l’église, couru
pour me débarrasser de cette stupide excitation, de sorte que quand
j’ai fini par ralentir l’allure, je me suis rappelé pourquoi j’étais là.
J’ai pensé au photomontage du Boucher de Łódź. J’ai pensé à la
femme chauve-souris en me demandant où elle pouvait être. J’ai
pensé à Ema qui voulait savoir qui était son père, et à la vérité que je
cherchais à propos de la mort du mien. J’ai pensé à Spoon et là, j’ai
ressenti une telle douleur que j’en ai eu la respiration coupée. Pardessus
tout, j’ai pensé à Rachel, au désir de son père de la protéger,
et je me suis demandé ce que je devais faire.
La cloche de l’église a sonné. Le soleil étincelait sur le clocher,
comme s’il se moquait de la tristesse de la cérémonie. Une grande
photo de Dylan Shaykes était posée sur un chevalet à l’entrée.
Toujours ce même cliché de l’enfant aux cheveux bouclés et aux yeux
tristes, que j’avais vu dans le couloir chez la femme chauve-souris.
L’église était aux trois quarts pleine. L’organiste jouait un air de
circonstance. Les personnes présentes chuchotaient entre elles
comme toujours dans les lieux de culte, sauf que les murmures étaient