Mickey Bolitar, Tome 2 _ A quelques seco - Harlan Coben

— Moi aussi.
Alors que nous roulions devant le centre de désintoxication
Coddington, j’ai senti Myron se crisper. Il a appuyé un peu plus fort
sur l’accélérateur, s’efforçant de faire preuve de tact. Ma mère était
internée là. Après sa dernière rechute – une violente rechute –, on
m’avait signifié que je ne pourrais pas lui rendre visite pendant au
moins deux semaines. Ça ne me plaisait pas. Je craignais que le
traitement soit trop dur. Mais j’obéissais. En regardant par la vitre,
je n’ai pu m’empêcher d’imaginer ce qui se passait sur cette petite
colline. Ma mère était en sevrage. Je me la suis représentée, toute
seule dans une pièce obscure, pliée en deux de douleur à cause du
manque, tandis que le poison quittait ses veines.
— Elle s’en sortira, a dit Myron.
Comme si j’étais d’humeur à supporter ses platitudes.
— On va où ai-je demandé pour changer de sujet.
— Attends encore une minute et tu verras.
Il a tourné pour s’engager sur une petite route. Tout au bout, j’ai
aperçu un grand portail noir ouvragé, comme on en voit dans les
vieux films d’horreur. Deux lions de pierre gardaient l’entrée. Myron
s’est arrêté et a fait signe au gardien. Le portail s’est ouvert
lentement en grinçant.
— On est toujours à Kasselton ai-je demandé.
— À la limite, oui.
Je m’attendais à découvrir une maison, mais l’allée serpentait le
long d’une colline. On a roulé presque un kilomètre avant
qu’apparaisse… non pas une « maison », ni même un « manoir »,
mais plutôt un château, un château sombre et lugubre – avec ses tours
et ses flèches, on aurait dit le jumeau maléfique de celui de
Disneyland.
— Un célèbre gangster a vécu ici pendant presque cinquante ans,
a expliqué Myron. Quand nous étions petits, ton père et moi, on
entendait plein de rumeurs à propos de cet endroit.
— Quoi par exemple
Myron a haussé les épaules.