Mickey Bolitar, Tome 2 _ A quelques seco - Harlan Coben

n’était pas le moment de se laisser distraire. La seule chose que nous
puissions faire pour lui était de poursuivre l’enquête.
Et c’est précisément ce que nous allions faire.
J’ai repensé au vingt-cinquième anniversaire de la disparition de
Dylan Shaykes. Avec tout ça, je n’avais pas eu le temps d’en parler à
Ema. Il n’empêche que le refuge Abeona me semblait de plus en plus
trouble. D’abord, il y avait eu la photo retouchée du Boucher de
Łódź. Et maintenant, ce portrait du petit garçon aux yeux tristes…
Un bruit en provenance de la porte m’a ramené à l’instant
présent : le verrou venait de s’ouvrir.
— Prêt m’a demandé Ema.
J’ai hoché la tête. Nous étions convenus qu’une fois à l’intérieur,
nous ne prononcerions pas un mot, même chuchoté, sauf en cas
d’urgence. Ema ferait le guet à la porte du bureau et me préviendrait
si Troy approchait ou si quelqu’un d’autre entrait dans la maison.
C’est moi qui explorerais le bureau de Taylor.
Quand ma main s’est posée sur la poignée, une pensée m’a
frappé : mes empreintes digitales. J’aurais dû enfiler des gants. Il
était maintenant trop tard pour s’en préoccuper. En plus, qui allait
relever les empreintes Nous n’avions pas l’intention de voler quoi
que ce soit, et si on était pris sur le fait, le commissaire n’aurait pas
besoin de preuves supplémentaires.
J’ai tourné la poignée. La porte s’est ouverte avec un grincement
sonore. Presque aussitôt, j’ai entendu Rachel pousser un gloussement
ridicule.
— Oh, Troy ! s’est-elle exclamée très fort, d’une voix si sucrée
qu’elle en était écœurante. C’est trop drôle !
J’ai fait une grimace, comme si je venais de renifler une puanteur
immonde.
Rachel s’est remise à glousser – rien à voir avec un rire, plutôt
un hennissement suraigu. J’avoue que sur le coup, elle a perdu un peu
de son charme. Puis je me suis souvenu qu’elle faisait semblant,
qu’elle avait réagi au quart de tour pour étouffer le bruit de mon
entrée maladroite, et sa cote a remonté d’un coup.