Mickey Bolitar, Tome 2 _ A quelques seco - Harlan Coben

éussi à rassembler en était déjà au dernier quart-temps. J’ai jeté un
rapide coup d’œil sur les gradins. Oui, M. Waters était là. Je lui ai
fait un petit signe, auquel il a répondu. Pendant l’arrêt de jeu suivant,
je suis entré sur le terrain. En voyant Tyrell se marrer avec ses
coéquipiers, j’ai senti un pincement de jalousie. Ils ont tous posé
leurs mains les unes sur les autres avant de pousser leur cri de
guerre : « Défense ! » Puis le match a repris. Tyrell aimait bien jouer
avec moi lors de nos rencontres amicales, mais là, c’était différent.
C’était son équipe. C’était important.
Comment avais-je pu gâcher mes chances comme je l’avais fait
Il me restait encore mes années de première et de terminale, mais
elles me paraissaient tellement loin que j’avais du mal à les
imaginer. Peut-être que ma mère guérirait, qu’on déménagerait et que
je pourrais retenter ma chance ailleurs… Sauf qu’elle ne quitterait
pas le centre de désintoxication avant au moins six semaines. Peutêtre
que papa…
Papa quoi
J’avais du mal à me concentrer sur le jeu. Je n’arrêtais pas de
penser à mon père, soi-disant dans cette tombe à Los Angeles, et de
me demander si je le saurais un jour avec certitude. D’habitude,
j’oublie tout quand je joue. Mais pas ce jour-là.
Je n’ai pas été à la hauteur. Notre équipe s’est fait écraser, et
pour la première fois dans ma vie de compétiteur, je m’en foutais.
Tout ce qui m’importait, c’était d’approcher M. Waters pour
l’interroger sur Henry Caldwell. Le coup de sifflet final m’a fait
l’effet d’une délivrance. J’ai pris ma place dans la file et serré la
main de mes adversaires. Quand je me suis retrouvé face à Tyrell, il
m’a demandé :
— Qu’est-ce qui ne va pas
— Rien.
— Pourquoi tu n’étais pas aux sélections aujourd’hui
— Je me suis fait virer de l’équipe.
— C’est pas vrai ! Pourquoi
— Trop long à raconter.