Mickey Bolitar, Tome 2 _ A quelques seco - Harlan Coben

qu’elle m’aimait, mais qu’elle était obligée de « se reposer ».
(Rachel a imprimé des guillemets dans l’air avec ses doigts.) Je ne
comprenais pas ce que ça voulait dire. D’une certaine façon, je ne
comprends toujours pas. Tout ce que je savais, c’est qu’elle m’avait
abandonnée. Mes parents ont divorcé, et je n’ai pas vu ma mère
pendant trois ans.
— Trois ans C’est fou !
— Je ne savais même pas où elle était.
— L’autre jour, tu m’as dit qu’elle vivait en Floride.
— Ce n’était pas complètement vrai. Enfin, elle y était bien, au
moins une partie du temps… (Rachel a secoué la tête.) Je raconte
tout de travers.
— Ce n’est pas grave. Prends ton temps.
— J’en étais où Le divorce. Quand j’ai revu ma mère, j’avais
13 ans. Elle a débarqué un jour à la sortie de l’école. J’ai halluciné.
Elle était là, à attendre au milieu des autres mères, elle souriait
comme… comme quelqu’un qui n’a pas toute sa tête. Elle avait les
cheveux en pétard et un rouge à lèvres trop rouge, qui débordait. On
aurait dit une folle. Elle a voulu me ramener chez moi en voiture,
mais elle me faisait peur. J’ai appelé mon père. Quand il est arrivé,
il y a eu une scène monstrueuse. Ma mère a pété les plombs. Elle
s’est mise à lui hurler dessus, l’a accusé de l’avoir fait enfermer,
disant qu’elle connaissait la vérité sur lui.
La température dans la pièce semblait avoir chuté de dix degrés.
— Et après
— Mon père s’est calmé d’un coup. Il l’a laissée déblatérer sans
rien dire jusqu’à l’arrivée de la police. C’était horrible. Ma mère
avait les yeux exorbités… J’avais l’impression qu’elle ne me voyait
même plus. Plus tard, après son départ, mon père m’a expliqué
qu’elle ne s’était pas seulement enfuie ; elle avait fait une grave
dépression. Il m’a dit qu’elle avait toujours eu des problèmes
psychologiques, mais que, quand j’avais 10 ans, elle avait été
atteinte de crises de démence et qu’elle était même devenue
dangereuse. C’est là qu’il m’a avoué que, pendant les trois années