Mickey Bolitar, Tome 2 _ A quelques seco - Harlan Coben

— Vous avez bidouillé le dossier pour protéger Rachel.
Taylor gardait la tête baissée.
— Je n’aime pas ta façon de présenter les choses.
— Mickey, a dit M. Caldwell en se plaçant devant le
commissaire, est-ce que tu as déjà remarqué les traces de brûlure sur
le bras de Rachel
— Oui.
— Tu sais d’où ça vient
J’ai secoué la tête.
— C’est sa mère qui l’a blessée avec un fer à repasser.
J’en suis resté sans voix.
— Ça a été l’incident de trop. La mère de Rachel était
profondément déséquilibrée. J’ai essayé de l’aider aussi longtemps
que j’ai pu. Lors de notre rencontre, je suis tombé fou amoureux de
Nora… (Sa voix s’est brisée.) Mais la démence lui a tout pris.
Quand on a une maladie cardiaque, les gens comprennent. Pour les
maladies mentales, c’est autre chose. Pendant longtemps, j’ai vécu
dans le déni. Des amis m’ont averti. Ed, ici présent, m’a averti. Ils se
rendaient compte que Nora perdait pied, qu’elle ne résonnait plus
clairement. J’ai essayé de la faire aider, mais son état n’a fait
qu’empirer. Et puis un jour, elle a cru voir des insectes minuscules
attaquer sa petite fille. Et elle les a combattus avec la vapeur de son
fer à pleine puissance.
J’ai eu du mal à déglutir.
— Est-ce que Rachel s’en souvient
— Peut-être. Je ne sais pas. Elle a peut-être refoulé l’épisode.
Quoi qu’il en soit, je ne pouvais pas risquer que ça se reproduise.
J’ai donc fini par éloigner Nora. Elle ne voulait pas partir, et il a
fallu l’intervention d’un juge pour l’y contraindre. Ça a été la
décision la plus difficile de ma vie. J’ai consulté de nombreux
médecins. Ils étaient tous d’accord. Elle représentait un danger pour
elle-même et pour notre enfant.
J’ai senti mon cœur me remonter dans la gorge. Pauvre Rachel.
M. Caldwell m’a souri, mais d’un sourire sans joie.