Mickey Bolitar, Tome 2 _ A quelques seco - Harlan Coben

— Comment
— Elle a recommencé à faire des crises, à accuser mon père
d’être un monstre, de l’avoir empoisonnée et d’avoir menti en
racontant à tout le monde qu’elle était folle uniquement pour se
protéger. Elle était complètement paranoïaque. Elle me demandait si
papa était au courant qu’on se voyait. J’essayais de la rassurer, mais
elle répétait qu’il la tuerait s’il savait.
Silence.
— Qu’est-ce que tu as fait
Rachel a haussé les épaules.
— J’ai essayé de la calmer. Je l’ai interrogée sur son traitement.
D’un côté, je n’étais pas surprise. Je l’avais déjà vue comme ça. Et
je culpabilisais.
— Pourquoi
— Eh bien, si j’avais été une meilleure fille, peut-être que…
— Tu sais bien que ce n’est pas le cas.
— Je sais, oui. Mon père me l’a expliqué cent fois. Elle était
malade. Ce n’était pas ma faute, ce n’était pas la faute de mon père ;
et ce n’était pas sa faute à elle. La mère de Cynthia Cooper a un
cancer, la mienne avait une maladie qui lui attaquait le cerveau. Elle
n’y pouvait rien.
J’ai pensé à ma propre mère, enfermée dans une clinique de
désintoxication. On m’avait seriné la même chose : que son addiction
à la drogue était une maladie. Ça n’avait rien à voir avec un manque
de volonté, et ça n’avait rien à voir avec moi, m’avaient dit les
experts. N’empêche, j’avais beau me répéter tout ça, j’avais beau
l’aimer très fort et compatir à tout ce qui lui était arrivé, j’avais
toujours la vague sensation qu’entre la drogue et son fils, ma mère
avait choisi la drogue.
— Donc, en regardant cette femme qui m’avait élevée, la
dernière personne à m’avoir témoigné une affection sincère, je me
suis soudain mise à envisager une chose étrange – une chose que je
n’avais jamais considérée avant.
— Quoi