Mickey Bolitar, Tome 2 _ A quelques seco - Harlan Coben

précédentes, elle avait enchaîné les séjours en hôpital psychiatrique.
— Quand tu dis dangereuse…
— Je ne sais pas ce qu’il entendait par là, a-t-elle répondu trop
vite. Papa m’a dit qu’elle était incontrôlable. Qu’il avait dû la mettre
sous tutelle pour la faire soigner. Moi, j’étais paumée. J’étais en
colère, j’avais peur et j’étais triste. D’un certain côté, c’était
possible… (Elle a secoué la tête.) Peu importe. Je me disais, bon,
ma mère est folle. Mon père fait ce qu’il peut, mais il est distant. Ce
n’était pas grave. J’avais mes amis et le collège.
Rachel s’est enfin arrachée à la contemplation de la tache de
sang.
— Il y a deux semaines, ma mère est ressortie. À ce moment-là,
il y avait tout un tas d’injonctions du tribunal pour l’éloigner de nous.
Elle n’avait pas le droit de me rendre visite sans la présence d’une
assistante sociale, et ce genre de choses. Mais j’avais envie de la
voir. Donc, quand elle m’a appelée, nous nous sommes retrouvées en
cachette. Je n’en ai pas parlé à mon père. Je n’en ai parlé à personne.
(Elle a levé les yeux, et le petit sourire est réapparu sur ses lèvres.)
Quand on s’est revues pour la première fois, maman m’a serrée dans
ses bras et, ça va te sembler bizarre, mais d’un seul coup, je suis
redevenue la petite fille heureuse que j’étais autrefois. Tu comprends
ce que je veux dire
J’ai pensé à la façon dont ma mère me prenait dans ses bras.
— Oui.
— Je me suis rendu compte d’un truc : je n’ai plus personne pour
me faire des câlins. C’est bête, hein Mon père, non, je suis trop
grande pour ça, et les garçons… Enfin, ce n’est pas ça qu’ils
recherchent, si tu vois ce que je veux dire.
J’aurais préféré ne pas voir. J’ai hoché la tête, sentant une boule
se former dans ma gorge. J’ai pensé à Troy Taylor et, trouvant ma
réaction égoïste, je me suis obligé à le chasser de mon esprit.
— Donc, c’était sympa de revoir ta mère.
— Pendant quelques jours, ça a été merveilleux. Et puis, ça s’est
dégradé.