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Rafael Benítez, Universidad de Valencia - framespa

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la tutelle <strong>de</strong> la capitale, sous l’influence <strong>de</strong>s noblesse locales hostiles. Les années qui suivirent<br />

furent marquées par une progressive reconquête <strong>de</strong> ces territoires et une situation plus<br />

favorable pour Venise. Néanmoins, l’année 1513 marqua une nouvelle étape dans la<br />

progression <strong>de</strong>s coalisés, qui se réemparèrent d’une gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> la Terre ferme. Cette<br />

année-là, Mestre fut prise et brûlée. Enfin, le printemps 1516 vit les <strong>de</strong>rniers efforts <strong>de</strong> Venise<br />

pour reconquérir ses territoires couronnés <strong>de</strong> succès, avec la signature, le 18 août 1516, du<br />

concordat <strong>de</strong> Bologne.<br />

Les guerres n’avaient cessé dans l’empire maritime <strong>de</strong>puis le XIII e siècle. La poussée<br />

ottomane, au XV e siècle, avait considérablement menacé les possessions vénitiennes en<br />

Méditerranée, en culminant avec la prise <strong>de</strong> Constantinople. Toutefois, jamais la capitale<br />

n’avait directement subit les effets <strong>de</strong> la guerre, et jamais les habitants <strong>de</strong> Venise n’avaient<br />

fait une telle expérience <strong>de</strong> la guerre. Les événements <strong>de</strong> 1508-1516 marquèrent donc une<br />

rupture, en particulier dans la perception du phénomène à l’échelle collective.<br />

La conquête par les ennemis d’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong> Terre ferme plaça la lagune<br />

dans une situation <strong>de</strong> danger immédiat. La frontière du territoire vénitien était désormais aux<br />

portes <strong>de</strong> la lagune. En 1513 en particulier, lorsque les troupes ennemies se réemparèrent <strong>de</strong>s<br />

territoires et qu’ils dévastèrent Mestre, les habitants <strong>de</strong> la lagune purent faire l’expérience<br />

directe et « sensorielle » <strong>de</strong> la guerre. Les documents révèlent combien ce rapprochement<br />

géographique était perceptible dans la ville.<br />

D’une part, les nouvelles circulaient rapi<strong>de</strong>ment à Venise. Si l’abondance d’information était<br />

bien une constante dans le dispositif politique vénitien, les années <strong>de</strong> guerre virent un<br />

renforcement dans ce dispositif. Plus les troupes étrangères se rapprochaient, et plus les<br />

nouvelles <strong>de</strong> leur avancée parvenaient rapi<strong>de</strong>ment à Venise 151 . De nombreux réseaux étaient<br />

activés pour informer les institutions et les gouvernants <strong>de</strong> la menace imminente 152 . En<br />

septembre 1513, par exemple, les ennemis avaient atteint les rives <strong>de</strong> la Brenta, et la nouvelle<br />

parvint par le biais <strong>de</strong> bateliers, barcaruoli, en provenance <strong>de</strong> Padoue 153 . Lorsque les ennemis<br />

furent à Mestre, il suffit <strong>de</strong> traverser la lagune pour informer la ville toute entière <strong>de</strong> la réalité<br />

<strong>de</strong> la menace.<br />

Dès lors, les batailles et manifestations violentes <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong>venaient directement<br />

perceptibles à Venise. Le rapprochement géographique <strong>de</strong> la frontière était manifeste. Pour<br />

s’en tenir au témoignage du chroniqueur Marino Sanudo, il est fascinant <strong>de</strong> voir son<br />

appréhension s’incarner dans son expérience sensorielle <strong>de</strong> la guerre. Il avait très précisément<br />

la perception <strong>de</strong> la menace que représentait la guerre. A la fin du mois <strong>de</strong> septembre 1513, il<br />

lui suffit <strong>de</strong> monter en haut du campanile pour apercevoir la Terre ferme en feu 154 . Les<br />

maisons brûlées par l’ennemi l’étaient à seulement quelques kilomètres <strong>de</strong> Venise : Mestre et<br />

Marghera, déjà à cette époque considérées comme <strong>de</strong>ux villes aux avant-poste <strong>de</strong> Venise<br />

étaient directement attaquées 155 . En octobre, le chroniqueur raconta comment, <strong>de</strong>puis Venise<br />

151 Voir plusieurs mentions en août 1519 : M. Sanudo, I Diarii, op. cit., vol. 9, col. 1, 1 er août 1509 ; col. 11 ; col. 32; col. 49.<br />

152 M. Sanudo, I Diarii, op. cit., vol. 9, col. 331, novembre 1509.<br />

153 M. Sanudo, I Diarii, op. cit., vol. 17, col. 99, 29 septembre 1513, « Se intese, per via di barcaruoli, vien di Padoa, come in<br />

questa note è stà preso da i nimici 4 barche di Padoa andava a Padoa, e fate arivar: sichè zà ditti inimici sono venuti sopra le<br />

rive di la Brenta. »<br />

154 M. Sanudo, I Diarii, op. cit., vol. 17, col. 102, 29 septembre 1513, « E u<strong>de</strong>ndo queste voce <strong>de</strong> fuogi, per ve<strong>de</strong>r la verità<br />

andai fino in zima dil campanil di San Marco, che si fa nuovo la zima, a hore 22, et vici le grandissime cru<strong>de</strong>ltà fanno i<br />

nimici, che si fusseno turchi non fariano pezo. Prima vidi fuogi grandissimi verso le Gambarare, poi in l’osteria di Liza<br />

Fusina e altre case, e al Moranzan, e per tutto si ve<strong>de</strong>ano fuogi grandissimi con gran fumi, a<strong>de</strong>o vidi il sol a hore 23 tutto<br />

rosso che pareva sangue per il fumo di tanti incendi; vi andono assà brigate a ve<strong>de</strong>r ditti fuogi. Et se intese per la terra il<br />

campo inimico pasava la Brenta, vanno brusando per tutto, et questa note bruserano Mestre e tutte le ville e case e altro che<br />

troverano; et non si fa una provision ! »<br />

155 M. Sanudo, I Diarii, op. cit., vol. 17, col. 108, 30 spetembre 1513, « Hor ozi i nemici venuti in Miran, hanno passà <strong>de</strong> li<br />

via, e sono venuti di longo per alozar questa note a Mestre ; e zà ve<strong>de</strong> fuogi graudissimi a Margera che brusano per tutto,<br />

quelle osterie vien brusa<strong>de</strong>, etc. »<br />

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